Comment adapter son travail à la personnalité de son cheval ?

Comme les humains, chaque cheval possède sa personnalité, et cette composante n’est pas à négliger ! Bien cerner la personnalité d’un équidé permet en effet de mieux connaître son fonctionnement et d’interagir plus harmonieusement avec lui. Dans cet article, le spécialiste en équitation naturelle Pierre Dechamps revient sur les principaux traits de personnalité qu’on retrouve chez les chevaux, et nous explique comment en tenir compte au quotidien et durant le travail :

Pour parvenir à une bonne collaboration avec son cheval, rien de tel que de comprendre le fonctionnement des équidés, mais aussi celui de son cheval en particulier. Chaque individu a en effet sa personnalité et, même si celle-ci peut évoluer au fil du temps, elle est indispensable à prendre en compte pour trouver une harmonie avec son cheval. « Connaitre la personnalité de son cheval permet en quelque sorte de comprendre son mode d’emploi et de savoir quelle rythmique, quels exercices adopter pour en tirer le meilleur », souligne Pierre Dechamps, spécialiste en équitation naturelle. « C’est aussi utile pour déterminer si un cheval peut correspondre à nos objectifs et à notre caractère, notamment dans le cadre d’un achat. Si l’on a tendance à être brut, on risque par exemple d’avoir du mal à gérer un cheval sensible. Ou si l’on a seulement 3 ou 4 heures par semaine à accorder à son cheval, cela sera difficilement conciliable avec une personnalité qui réclame beaucoup d’attention et d’activités. »  

Bien que chaque cheval possède une personnalité unique, on peut dégager quelques profils types parmi les équidés. En se basant sur de nombreuses observations, le célèbre chuchoteur Pat Parelli en a établi quatre dans son ouvrage « Horsenality ». Il distingue notamment les chevaux en fonction de deux grandes catégories : ceux introvertis et extravertis, et ceux « cerveau gauche » et « cerveau droit ».

« Les chevaux extravertis sont assez faciles à lire, car leurs émotions sont très vite perceptibles : ils bougent beaucoup, détalent quand ils ont peur, etc », explique Pierre Dechamps. « A l’inverse, les chevaux introvertis gardent tout en eux et cela peut mener à des situations dangereuses. Souvent ils ont l’air d’accepter une situation car ils ne réagissent pas extérieurement ou se figent, puis tout à coup ils peuvent exploser si l’on insiste. Cela se produit notamment lors des débourrages. »

Cet aspect introverti ou extraverti est donc plutôt inné, ce qui n’est pas vraiment le cas des traits de personnalité cerveau gauche ou droit : « En soi, cela n’a rien à voir avec le cerveau, mais plutôt avec le fait que le cheval soit mentalement présent, à l’écoute. Cette connexion n’est pas vraiment innée mais se construit et s’entretient avec le travail », précise Pierre Dechamps.

En fonction de ces données, voici un aperçu des 4 grands types de personnalité qu’on retrouve chez les chevaux :

Le Joueur

Il s’agit d’un cheval souvent très positif et volontaire au travail. Il est capable d’apprendre vite et a besoin de peu de répétitions. C’est généralement un cheval agréable à côtoyer et à travailler, mais Pierre Dechamps souligne « qu’il faut être très attentif à se faire respecter au début, sinon il peut vite dépasser les limites. Il est donc important d’instaurer un bon cadre, surtout si on est face à un étalon. »

Dans le travail, il faut aussi veiller à éviter les séances trop répétitives car si le Joueur s’ennuie, il peut s’éteindre et devenir petit à petit Nonchalant.

L’Agité

Ce cheval nécessite un cavalier endurant et patient, car il a tendance à chauffer et à agir instinctivement, sans réfléchir. Il est nécessaire d’instaurer avec lui des bases très solides en utilisant beaucoup de répétitions et un cadre strict. « La première chose à obtenir est que l’Agité se pose et soit stable », conseille Pierre Dechamps. « Il est très difficile d’obtenir une connexion avec ce type de cheval donc il faut être très patient et plutôt privilégier des séances courtes et multiples, surtout au début. » L’Agité est souvent un cheval très énergivore et plutôt adapté aux professionnels, surtout au moment de la construction des bases.

Le Nonchalant

Un peu comme un adolescent, le Nonchalant a tendance à rechigner au travail et à faire le strict minimum. Pour obtenir davantage de lui, il faut parvenir à trouver quelque chose qui le motive, comme par exemple des pauses ou de la nourriture. Ce genre de cheval a tendance à ne pas trop réagir mais si on le secoue alors qu’il n’est pas d’accord, il peut se défendre violemment et ses coups de pieds ou attaques sont toujours ciblés. Le Nonchalant présente néanmoins des avantages, comme le fait qu’il n’a pas besoin de beaucoup travailler. Il convient bien aux centres équestres ou encore aux particuliers qui n’ont pas beaucoup de temps ou pas d’objectifs trop élevés.

Le Timide

Le Timide a tendance à se figer et à être rigide, donc avec lui il est recommandé de travailler beaucoup les actions latérales et d’utiliser la technique de l’approche-retrait. « Ce genre de cheval nécessite un rythme un peu plus lent au début car il ne faut pas le mettre sous pression », souligne Pierre Dechamps. « Il faut faire par exemple très attention lors du débourrage car comme le Timide ne montre pas son malaise, on a tendance à enchainer vite les étapes puis tout à coup le cheval n’en peut plus et explose. » C’est donc un cheval avec qui il faut se montrer très patient et progressif, surtout au début.

Comment cerner la personnalité de son cheval ?

Ces quatre grandes personnalités servent d’indications aux cavaliers mais leur objectif n’est pas de coller une étiquette sur chaque cheval. Un équidé peut en effet présenter plusieurs traits de caractère différents, et ceux-ci peuvent varier selon les situations. « Un cheval peut par exemple se montrer introverti en promenade, et extraverti par rapport à certaines pressions », illustre Pierre Dechamps. «Il faut donc adapter son fonctionnement à chaque situation et à la façon dont le cheval y réagit. » Il est également important de souligner que la personnalité d’un cheval n’est pas figée dans le temps : elle peut évoluer positivement ou négativement, notamment en fonction de son vécu ou du travail réalisé.

La personnalité du cheval est donc une composante qui s’observe sur le long terme et dans diverses situations. On peut toutefois cerner assez rapidement un nouveau cheval en l’analysant en liberté et à pied. « Dans un premier temps, on peut laisser le cheval seul en piste ou dans le rond de longe car cela permet déjà de récolter des informations », explique Pierre Dechamps. « Un joueur aura par exemple tendance à vite se rouler, un agité ne tiendra pas en place alors qu’un timide fera difficilement quelques pas. »

Ensuite, on peut observer les réactions du cheval lorsqu’on lui demande d’effectuer un cercle et des flexions, ou encore lorsqu’on le touche avec un stick ou qu’on lance un tapis de selle sur son dos. Ces manipulations assez simples peuvent déjà révéler beaucoup de choses sur la personnalité du cheval, à condition bien sûr d’être suffisamment observateur !