Adoptez les bonnes bases avec Jessica Michel-Botton

La cavalière française Jessica Michel-Botton est réputée pour être l’une des meilleures cavalières jeunes chevaux au monde. Cavalière olympique à Londres en 2012, Jessica a été médaillée et finaliste à plusieurs reprises aux championnats du monde Jeunes Chevaux. Pour Cheval-in, la dresseuse revient sur les bonnes bases de travail à adopter avec un jeune cheval.

Jessica Michel-Botton
© Cyrielle Temmerman

Détentrice de 31 titres de championne de France, Jessica Michel-Botton est la référence française des jeunes chevaux. La cavalière a su mettre en place un système de travail précis, élaboré dans le respect du cheval, lui permettant notamment de développer la locomotion, l’équilibre et la souplesse du cheval dès la fin de son débourrage. Retrouvez ses conseils de base sur le travail quotidien du jeune cheval.

Contact et rectitude

La première chose à sentir et vérifier est que votre cheval bouge sous votre selle en tendant ses rênes. Ce contact est possible grâce à la bonne activité des postérieurs à travers la tension de la ligne du dessus. Le travail de la rectitude s’effectue en parallèle de celui autour du bon contact. En effet, en demandant une certaine activité au jeune cheval il risque de s’échapper vers le côté, de perdre l’activité recherchée et ainsi le bon contact.

Les premières étapes sont donc de rechercher les notions de qualité de contact et de rectitude. Pour cela, l’exercice phare est de travailler sur la ligne du quart. S’il peut être difficile lors des deux ou trois premières séances, la progression se fait très rapidement ressentir, que cela soit chez un cheval de 3 ans ou 5 ans.

Au galop, avec la notion de vitesse, vous aurez l’impression d’avoir un cheval flottant et que vous n’arriverez pas à rester sur un rail, mais en réalité, tout cela s’améliore très rapidement. Attention à bien conserver vos aides extérieures puisque le jeune cheval aura tendance à s’échapper vers la piste, notamment au galop.

Activité

L’activité est une source du bon contact et de la rectitude. Il s’agit pour le cavalier de rester concentré sur le sentiment du cheval qui continue toujours de conserver une activité positive et une certaine tension de sa ligne du dessus. Vous ne devez pas pousser en permanence votre cheval puisque l’objectif est qu’il se porte de lui-même. Il faut donc être rigoureux dans vos aides, utilisant en même temps vos jambes et votre assiette.

Le cavalier doit être précis dans ses demandes et utiliser des aides compréhensibles pour le cheval. Avec de très jeunes chevaux, il va donc falloir être un peu plus incisif pour qu’au fur et à mesure il réagisse à la pression du mollet. Restez rapide dans vos actions plutôt que de garder la jambe au contact en permanence, le cheval aura tendance à s’y coller et ne comprendra pas votre demande.

Jessica Michel-Botton
© Cyrielle Temmerman

Incurvation

Dans la suite du travail effectué autour du contact, de l’activité et de la rectitude, la notion d’incurvation arrive de façon naturelle, sans vraiment y penser selon Jessica Michel-Botton. En s’attardant sur la rectitude, le cavalier a déjà introduit la notion de rêne extérieure qui est la base de l’incurvation. En ajoutant ainsi les cercles, cette incurvation se fait naturellement.

L’incurvation se gère avec la jambe intérieure pour tourner et éviter que le cheval ne se couche, la rêne intérieure qui reste souple pour indiquer le pli de la nuque ainsi que les aides extérieures pour empêcher le cheval de s’échapper vers l’extérieur. Cette notion reste pour autant très légère avec les très jeunes chevaux puisque l’incurvation est définie en fonction de la taille du cercle sur lequel vous évoluez. Avec de très jeunes chevaux, les cercles sont donc très grands.

Equilibre

En fonction de l’âge du cheval et de son éducation, vous pourrez utiliser les cercles pour demander l’activité. Cependant, chez le cheval de 3 ans, il ne faut pas oublier que le cercle va forcément empiéter sur l’activité. Cet exercice permet de contrôler plus facilement le cheval qui aura envie de fuir lorsque le cavalier utilise sa jambe pour produire l’activité désirée et ainsi la transformer en équilibre. En ligne droite, lorsque vous recherchez vraiment l’activité, et que vous souhaitez développer l’équilibre plus portant du cheval, il aura alors tendance à courir. Le cercle et l’incurvation vous aideront à conserver l’équilibre tout en gardant vos aides extérieures.

Jessica Michel-Botton
© Cyrielle Temmerman

Transitions

Comme le cercle, les transitions ne doivent pas être intégrées trop tôt dans l’éducation de votre cheval, mais bien en fonction de son échelle de progression pour ne pas risquer de le freiner. Les transitions vont permettre d’améliorer encore la notion du bon contact et du bon équilibre. Elles permettent au cavalier d’être encore plus rigoureux avec l’utilisation de la jambe et de garder son attention sur l’équilibre du cheval. Il y a deux types de transitions, celles entre les allures et celles dans l’allure. Au galop, par exemple, on ne parle pas de demander un grand galop allongé sur la longueur pour freiner d’un coup avant le coin. Au contraire, il s’agit d’une transition quasiment invisible à l’œil nu, d’une notion de prise d’équilibre que le cavalier ressent sous la selle, d’avoir le sentiment d’un cheval plus portant.

Attention au pas

Pour Jessica Michel-Botton, avec le jeune cheval, il faut rester attentif au pas qui est une allure avec peu d’activité. L’erreur à ne pas commettre est de vouloir trop rapidement raccourcir les rênes. Il est évident que si le cheval est chaud, par sécurité vous pouvez garder des rênes plus ajustées. Dans le cas d’un cheval calme, lorsque vous effectuez une transition trot-pas, pensez à rapidement rallonger les rênes. Voire même de le faire dans la transition ou juste avant, lorsque vous êtes encore au trot. Pour que le cheval comprenne qu’il doit toujours continuer son activité à travers son corps, même au pas.

Avec des rênes trop courtes, vous risquez de freiner votre cheval et de dégrader la qualité de l’allure. Progressivement, à mesure que le cheval va développer le côté portant dans le trot et le galop, il aura alors obtenu une certaine souplesse vous permettant de raccourcir plus facilement les rênes au pas. Ainsi, avec un cheval de 3 ou 4 ans, le pas se travaille surtout sur des rênes un peu plus longues.

Jessica Michel-Botton
© Cyrielle Temmerman

Extension d’encolure

Lorsque la phase de débourrage est terminée, que le cheval a acquis la notion de contact possible par la tension de sa ligne du dessus et l’activité de ses postérieurs, vous pouvez commencer à rallonger les rênes en fin de séance pour que votre cheval s’étire. Certains chevaux auront tendance à lâcher le contact, la nuque et le dos, gardez alors du contact sur vos rênes pour que votre monture comprenne qu’elle doit s’étirer vers l’avant. Installez-vous sur un grand cercle pour garder une certaine stabilité et utiliser l’incurvation pour aider votre cheval à baisser légèrement sa nuque. Une fois qu’il a bien acquis ce stretching en fin de séance, l’idée est de pouvoir débuter vos séances en extension d’encolure.

Attention à ne pas confondre extension d’encolure avec le cheval qui plonge le nez vers le sable en étant sur l’épaule. Il s’agit d’un étirement, l’encolure est un peu plus longue et le nez est en avant, pas dans le poitrail ou les boulets. Conservez une bonne cadence pour ne pas laisser le cheval accélérer et courir, il doit garder son équilibre et son rebond. Lorsque vous introduisez l’extension d’encolure dans votre détente, vous pouvez alors la faire aussi au galop.

Diversification

Comme un tout jeune enfant, le jeune cheval peut vite se lasser d’un travail répétitif. Pour Jessica Michel-Botton, il est important qu’il puisse profiter de temps de loisir, passer une heure au paddock, brouter, aller en forêt, changer de piste, tout cela en fonction des possibilités qu’offrent les installations dans lesquelles il se trouve. Il est important d’inclure de la diversification dans son travail, dès que cela est possible, afin de garder un bon mental. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un animal et surtout d’un jeune cheval.

Sortie en extérieure pour le jeune cheval
© Cyrielle Temmerman

Elodie Muller

Journaliste équestre depuis une dizaine d’années, spécialiste dressage, Elodie n’en reste pas moins une admiratrice de toutes les disciplines équestres. Après avoir évolué en compétition de saut d’obstacles et concours complet, c’est vers le dressage qu’elle s’est finalement tournée, restant malgré tout une grande adepte des sorties en extérieur.