Hiver : 5 choses à savoir sur le cheval et le froid
En comparaison de l’homme, le cheval supporte plutôt bien le froid. L’hiver n’en reste pas moins une période un peu complexe à gérer pour les cavaliers entre les importants changements de températures, les poils mouillés après le travail, les éventuelles pertes d’état physique, les effusions parfois incontrolables en début de sortie, etc. Pour que votre cheval traverse au mieux cette saison et évite les problèmes de santé, nous avons réuni quelques informations et conseils utiles avec Eline Remacle, vétérinaire chez Equivet’s.
Le cheval, un animal plutôt bien adapté au froid
Dès que les températures baissent et que le froid se fait ressentir, beaucoup de cavaliers ont le réflexe de s’habiller davantage, et de couvrir leur cheval autant qu’eux. Or, les équidés et les humains ne sont pas égaux face au froid. La zone de confort thermique, c’est-à-dire la plage de température au sein de laquelle le corps ne doit pas dépenser davantage d’énergie pour maintenir sa température interne, est en effet très restreinte chez l’homme et se situe autour des 25°C alors que chez le cheval, elle s’étend entre 5 et 25°C en moyenne. « Le cheval est construit physiologiquement pour vivre dehors », rappelle le docteur Eline Remacle, vétérinaire chez Equivet’s. « Il va se protéger du froid en faisant plus ou moins de poils selon la température extérieure et la baisse de la luminosité. Certaines espèces développent davantage de poils que d’autres et sont donc mieux adaptées pour rester en extérieur l’hiver, mais le cheval vit globalement bien le froid. Par contre il est plus fragile aux courants d’air, à l’humidité/la pluie et au vent. »
La présence d’un abri est donc indispensable pour les chevaux qui vivent en extérieur, aussi bien pour qu’ils puissent se protéger des insectes l’été que des courants d’air l’hiver. Il faut aussi penser à éviter les courants d’air dans les écuries, sans pour autant négliger l’aération des bâtiments : « En hiver, on a tendance à fermer toutes les portes et fenêtres pour se protéger du vent et du froid, mais c’est à double tranchant », souligne Eline Remacle. « Si le bâtiment est trop étanche, la poussière s’accumule (surtout si on stocke du fourrage au-dessus des boxes), l’air devient vicié et beaucoup plus irritant pour les voies respiratoires. Mieux vaut donc aérer les écuries au moins le temps qu’on repaille puis qu’on balaye ou souffle le couloir afin de permettre à la poussière de s’évacuer. »
Couvertures : du pour et du contre
Puisque le cheval supporte bien le froid et peut s’en protéger grâce à son poil, on pourrait penser que les couvertures sont inutiles. En réalité, il est plus intéressant de fonctionner au cas par cas en tenant compte notamment de l’activité et du lieu de vie de l’équidé. Un cheval vivant en extérieur aura par exemple la possibilité de se réchauffer de lui-même en bougeant, ce qui est plus difficile pour un cheval hébergé en boxe. Par contre, une activité régulière et intense n’est pas toujours confortable pour un cheval non couvert ou non tondu : « Lorsqu’un cheval transpire intensément dans un gros poil et que celui-ci reste humide, il risque fort de prendre froid », souligne Eline Remacle. Il est donc souvent plus pratique de couvrir (voire tondre) les chevaux qui travaillent régulièrement afin de leur éviter ce fameux coup de froid après le travail.
Comme l’explique la vétérinaire d’Equivet’s, il peut aussi être judicieux d’utiliser des couvertures avec les chevaux qui possèdent peu de couche graisseuse et ont tendance à la maigreur, et ce « afin d’éviter qu’ils brûlent des calories supplémentaires pour se chauffer ».
Par contre, Eline Remacle conseille d’être particulièrement vigilant avec les chevaux qui sont couverts mais vivent en extérieur : « Attention à ce que la couverture ne perce pas avec la pluie, car alors le cheval va rester mouillé et c’est pire que tout. Il faut aussi penser à enlever régulièrement la couverture pour s’assurer que tout va bien en dessous : pas de blessure, pas de perte de poids,… ».
Des adaptations indispensables lors du travail
Que le cheval soit couvert ou non, il est important de bien gérer « l’après travail/activité » pour éviter qu’il prenne froid s’il a transpiré. En plus de bien marcher après la séance, on veillera à ce que le poil sèche en utilisant une couverture adaptée ou, si l’on y a accès, des lampes infrarouges. « Il ne faut en tout cas jamais enfermer un cheval encore mouillé », rappelle Eline Remacle.
Le coup de froid n’est toutefois pas le seul risque lié à l’activité du cheval en hiver. La vétérinaire d’Equivet’s remarque en effet que beaucoup de fractures surviennent à cette période, notamment lorsque les chevaux sont lâchés « à froid » et se défoulent sur des sols qui peuvent être très durs. « On peut grandement limiter les risques d’accident en marchant le cheval ou en le longeant tranquillement avant de le laisser s’exprimer en liberté », conseille-t-elle.
De manière plus globale, il est recommandé d’accorder un peu plus de temps à l’échauffement en hiver, exactement comme le ferait un humain lors d’une séance de course à pied. « Avec le froid, les articulations et les muscles du cheval sont plus figés, donc il faut leur laisser le temps de se mettre en route. Il est aussi préférable de démarrer doucement car l’air est plus froid et donc plus irritant pour les voies respiratoires », précise Eline Remacle.
Si le cheval est couvert, mieux vaut par ailleurs éviter de l’exposer subitement au froid en le dénudant complètement. Un couvre-rein permettra par exemple de garder son corps au chaud au début et à la fin du travail, ou encore le temps d’une activité de faible intensité comme une promenade au pas.
Surveiller l’eau et l’alimentation
Eté comme hiver, l’alimentation du cheval doit « rester adaptée à ses besoins d’herbivore et apporter suffisamment de fibres (foin, préfané,…) », comme le rappelle Eline Remacle. Il n’est par contre pas toujours nécessaire d’augmenter les quantités alimentaires, à moins que le cheval ait tendance à perdre de l’état en raison de son âge, sa santé,… Pour les équidés qui vivent partiellement ou totalement en extérieur, il faut toutefois veiller à compenser le manque d’herbe nourrissante par du foin, de préférence à volonté pour les équidés hébergés en permanence dehors.
En parallèle de l’alimentation, la vétérinaire d’Equivet’s recommande aussi d’être attentif à l’eau : « L’hiver, les chevaux peuvent moins avoir la sensation de soif ou être rebutés par l’eau froide, et avec les abreuvoirs automatiques il est difficile de surveiller s’ils boivent suffisamment. Il peut donc être intéressant d’apporter de l’eau dans l’alimentation avec des repas humidifiés comme les mash qui sont faciles à digérer et peu riches en calories. »
Éviter les changements importants
Si le cheval supporte globalement bien les températures froides, il peut exister de disparités de ressenti entre les individus et les races. On peut notamment reconnaître si un équidé a froid en s’aidant de quelques indices comme les tremblements, qui sont généralement le premier signe selon Eline Remacle. « Un cheval qui a froid aura aussi tendance à se figer, à se contracter un peu comme on le ferait nous-mêmes. »
Il faut aussi savoir que les chevaux ont idéalement besoin d’une adaptation progressive aux baisses de températures. Selon l’IFCE, ils « ont besoin de 10 à 20 jours pour s’adapter à une baisse de température de l’ordre de 15°C, que ce soit pour passer de 20°C à 5°C ou de 0°C à -15°C. » On évitera donc les transitions trop brutales et soudaines, comme le passage d’une vie 100% au boxe vers une vie 100% au pré en plein hiver – et vice versa.
En bref, pour que votre cheval traverse l’hiver sans souci, l’essentiel n’est pas de le couvrir au maximum mais plutôt de veiller à lui offrir des possibilités de s’abriter et se protéger, et surtout de rester attentif à la façon dont il réagit aux changements de températures. En fonction de cela, il peut alors être utile d’adapter l’alimentation, l’activité ou encore l’hébergement et/ou les couvertures.