Tonte : les conseils de Johan Gotteaux

Ceux qui se sont déjà essayés à la tonte le savent : c’est un exercice qui peut s’avérer difficile, voire parfois dangereux. Après avoir consacré un portrait à Johan Gotteaux, « coiffeur pour chevaux », nous vous proposons à présent ses quelques conseils pour tondre votre cheval dans les meilleures conditions possibles pour lui… et pour vous !

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Johan Gotteaux (© Christophe Bortels)

La tonte n’est pas une exercice facile : il faut non seulement avoir le bon coup de main, mais aussi parfois composer avec un cheval qui s’impatiente, qui stresse voire ne se laisse pas approcher par la tondeuse. Nous avons demandé à Johan Gotteaux, spécialiste de la tonte, quels étaient ses conseils pour limiter les mauvaises réactions chez le cheval et obtenir une tonte réussie. Les voici :

Préparer le cheval à la tonte

La tonte peut sembler banale à nos yeux, mais pour le cheval c’est un moment qui peut s’avérer stressant ou désagréable et il est important d’en tenir compte afin que tout se passe au mieux. « On pense souvent que le bruit est problématique mais le plus souvent, c’est le contact de la tondeuse à rebrousse-poil qui dérange les chevaux », précise Johan Gotteaux. « Un peu comme pour un enfant qui va pour la première fois chez le coiffeur, il faut donc mettre le cheval en confiance et l’habituer progressivement. »

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C’est le contact de la tondeuse à rebrousse-poil qui dérange souvent les chevaux (© Christophe Bortels)

Plusieurs séances de désensibilisation peuvent être nécessaires avec les chevaux plus délicats, mais prendre un peu de temps avant de démarrer la tonte est déjà très utile et bénéfique. Par exemple, Johan Gotteaux ne commence pas à travailler sans avoir au préalable donné quelques caresses pour saluer le cheval ou faire connaissance avec lui. Il passe ensuite sa main et sa tondeuse éteinte sur l’ensemble du corps de l’animal pour observer ses réactions. Quand vient le moment d’allumer l’appareil, le coiffeur évite d’attacher l’équidé si celui-ci semble nerveux : « Le cheval risque de se sentir encore plus agressé s’il n’a pas la possibilité de bouger, et cela peut mener à des réactions violentes, des casses de licols ou de longes, etc. » Johan Gotteaux (ou un assistant) tient donc le cheval en main le temps que le cheval se stabilise à côté de la tondeuse allumée. Une fois que l’équidé est prêt, on peut se mettre à tondre en commençant par les zones les moins sensibles, à savoir le milieu du corps.

La sécurité avant tout

Pour beaucoup de personnes, la façon la plus sûre de tondre un cheval est de le sédater. Il est vrai que cela peut s’avérer utile, voire incontournable avec certains cas complexes, mais Johan Gotteaux met en garde par rapport aux limites de la sédation : « Cela peut donner un faux sentiment de sécurité alors que ce n’est pas une technique infaillible. Il peut en effet arriver que la dose ne suffise pas, que le cheval se réveille et se surprenne en cours de tonte et l’on peut alors avoir des mauvaises surprises… Lorsqu’on endort le cheval, je préconise en tout cas de commencer par tondre les zones les plus difficiles. »

Cheval sédaté ou pas, il est primordial d’être attentif à sa propre sécurité ainsi qu’à celle du cheval. Si vous utilisez une tondeuse avec fil, faites attention à celui-ci afin que le cheval ou vous-même ne vous preniez pas les pieds dedans. Soyez aussi particulièrement prudents lorsque vous tondez les points les plus sensibles du cheval. « En général il s’agit des jambes, du dessous du ventre et de la tête mais il faut aussi prendre en compte les angles de vision du cheval pour ne pas le surprendre », précise Johan Gotteaux. Autre astuce du coiffeur : « Il est préférable de se tenir près du corps du cheval plutôt qu’à un ou deux mètres. En cas de coup de pied, la portée sera en effet plus faible et l’impact moins douloureux. »

Soigner ses gestes

Lors des premières tontes, il n’est pas toujours facile de bien manier la tondeuse et d’obtenir un résultat parfait au niveau esthétique. Cela s’améliore généralement avec la pratique si l’on adopte les bonnes techniques. « Tout d’abord, il faut respecter l’inclinaison de la tondeuse pour éviter de tailler et de blesser le cheval », conseille Johan Gotteaux. « Dans les endroits où il y a des plis, il faut également penser à tendre la peau avant de passer la tondeuse afin d’empêcher les pincements. »

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Respecter l’inclinaison de la tondeuse permet d’éviter les blessures (© Christophe Bortels)

Quant aux traces et à-coups, le secret pour les éviter est « d’utiliser des mouvements souples, sans appuyer trop fort avec la tondeuse », précise Johan Gotteaux.

Du matériel adéquat et entretenu

Une bonne tonte ne dépend pas seulement de la personne, mais aussi du matériel. Johan Gotteaux recommande d’avoir au moins à disposition une tondeuse assez puissante pour le corps, et une de finition si l’on souhaite tondre la tête. Mais le plus important pour lui est de prendre soin de son matériel et d’être prévoyant : « Si l’on veut éviter de se retrouver en panne en cours de tonte, il faut penser à avoir notamment des peignes affutés en réserve et des éventuelles pièces de rechange. Il faut aussi bien entretenir sa tondeuse, et travailler de préférence sur un cheval propre afin de ne pas abîmer inutilement son matériel. »

Pour le confort et la sécurité de la personne qui tond, il est préférable de porter de bonnes chaussures (idéalement de sécurité) et une salopette ou combinaison qui empêchera les poils de se glisser entre les vêtements et la peau.

Respecter le bien-être du cheval

Pour des raisons esthétiques et commerciales, beaucoup de chevaux sont désormais tondus presque toute l’année. Il peut aussi être nécessaire de tondre en été les vieux équidés qui n’arrivent plus à muer, et ce afin de leur apporter plus de confort. Mais il faut rester prudent car, comme le précise Johan Gotteaux, « la tonte ôte au cheval une certaine protection contre le soleil. Si les chevaux vivent toute la journée en extérieur, je recommande de ne pas les tondre en été car cela peut nuire à leur bien-être. »

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La tonte doit être adaptée aux saisons, aux chevaux et à leur mode de vie (© Christophe Bortels)

Johan Gotteaux insiste aussi sur l’importance de ne pas raser l’intérieur des oreilles du cheval, car ces poils servent de protection. « On peut les égaliser pour éviter qu’ils dépassent et pour donner un plus bel aspect, mais je ne les tonds jamais complètement. C’est pareil pour les vibrisses : on peut les raccourcir mais pas les enlever car les chevaux s’en servent comme des capteurs pour se situer par rapport à ce qui est sous leur nez, là où ils ne voient pas. » Plusieurs pays comme l’Allemagne et la Suisse ont d’ailleurs interdit le rasage des vibrisses des chevaux.

Enfin, il faut de préférence adapter le type de tonte (complète ou non) à l’activité du cheval, ou encore à son âge et son comportement. Avec un équidé jeune et/ou délicat, on évitera par exemple de tondre dès la première fois les endroits les plus délicats comme les jambes et la tête. Le cheval sera ainsi plus facilement en confiance, et si tout se passe bien on pourra prévoir une tonte intégrale lors des fois suivantes.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !