Comment améliorer sa sécurité en cross ?
Le cross a la réputation de faire partie des disciplines équestres plus dangereuses, entre autres en raison de sa vitesse ou encore de ses obstacles fixes. De nombreux progrès ont heureusement été réalisés en matière de sécurité ces dernières années, toutefois le comportement et les précautions du cavalier restent primordiaux pour limiter les risques et éviter les accidents. Virginie Caulier, coach et cavalière internationale de complet, livre ici ses conseils pour améliorer sa sécurité et profiter pleinement du cross !
Le cross est-il particulièrement dangereux ? C’est ce que peuvent laisser penser certains accidents parfois graves, notamment en compétition. Les risques proviennent principalement de la vitesse et des obstacles fixes, mais cette discipline évolue de plus en plus au niveau de la sécurité. Ces dernières années, les parcours incluent par exemple des obstacles « frangibles » équipés de cuillères de sécurité permettant au dispositif de céder en cas de choc. « On voit aussi de plus en plus d’obstacles surélevés de petites haies qui ne sont pas dangereuses si les chevaux les frôlent », ajoute Virginie Caulier.
Les règlements de compétition encadrent aussi de plus en plus la pratique, notamment en prévoyant des avertissements et sanctions pour les cavaliers dont la monte est jugée irresponsable. Ce concept inclut des comportements comme un contrôle inadéquat du cheval, une vitesse trop lente ou trop élevée à l’abord des obstacles, un mauvais suivi du sa monture lors des sauts, le franchissement d’un obstacle ne faisant pas partie du parcours, etc.
« La base de la sécurité, c’est le niveau du cavalier et du cheval »
Bref, la pratique du cross est de plus en plus réglementée par les fédérations équestres, mais la sécurité est aussi la responsabilité du cavalier. Voici donc quelques conseils que vous pouvez facilement mettre en place pour pratiquer le cross avec davantage de sérénité, mais aussi de plaisir !
La priorité : une bonne préparation du cavalier et du cheval
Lorsqu’on évoque la sécurité en cross ou dans d’autres disciplines équestres, on pense généralement en priorité au matériel de protection du cavalier et du cheval : casque, guêtres, gilet dorsal,… Ces équipements sont évidemment nécessaires pour la plupart (voir ci-dessous), mais ils ne remplacent pas un élément encore plus important, à savoir une bonne préparation du couple. « La base de la sécurité, c’est le niveau du cavalier et du cheval », souligne Virginie Caulier. « Avant de se lancer sur un cross, il faut en effet posséder des bases suffisantes à l’obstacle et choisir un cheval adapté à la discipline en termes de morphologie et de capacités. Le cavalier comme sa monture doivent idéalement pouvoir sauter des obstacles mobiles un peu plus hauts que ceux fixes qu’ils vont rencontrer sur le cross. » Même si cela peut sembler logique, il est aussi indispensable que le cavalier maitrise un minimum son cheval en extérieur, car sauter dans un espace ouvert comme un terrain de cross réclame plus de contrôle et d’obéissance que sauter dans une piste close.
Le volume de préparation avant de s’élancer sur un cross dépendra évidemment du niveau de départ du cavalier et du cheval. Outre le côté technique, il ne faut pas négliger l’aspect physique de la discipline qui peut nécessiter un peu de (re)mise en condition du cheval – voire du cavalier. De manière générale, il est préférable de s’entrainer sur un maximum de difficultés (fossés, trakehner,…) à la maison avant de partir au concours, et de s’encadrer d’un bon coach qui pourra déterminer quand le couple est prêt à sortir en extérieur. « En cas de doute, il est toujours préférable de s’inscrire d’abord dans une épreuve trop petite que trop grosse pour s’habituer et se mettre en confiance », conseille Virginie Caulier.
Monter en évaluant les risques
Un bon entrainement permet de se préparer aux difficultés qu’on rencontre au concours, mais le contexte de compétition complique parfois les choses pour le cavalier ! Pour réduire les fautes et les mises en danger, Virginie Caulier conseille avant tout d’être attentif au galop : « Aller trop vite est dangereux, mais être trop lent n’est pas bon non plus car il faut du rythme pour sauter et si le cavalier hésite, ce doute risque fort de se transmettre au cheval. Mieux vaut donc conserver un bon galop et penser à rééquilibrer sa monture avant chaque obstacle. »
En parcours, il est aussi nécessaire de savoir s’adapter aux conditions du moment pour garantir sa sécurité. Il ne faut par exemple pas hésiter à changer d’avis et choisir une option ou une trajectoire plus facile si l’on est en difficulté, si l’on manque de contrôle ou encore si l’on a raté le saut précédent. « Il faut aussi tenir compte de la fatigue du cheval et de son bien-être », ajoute Virginie Caulier. « Si on force alors qu’il est dans un mauvais jour, on peut augmenter les risques de blessures ou d’accidents. C’est donc parfois mieux de s’arrêter, et de se dire qu’il y aura de toute façon toujours d’autres concours après ! »
Pour terminer, le cavalier doit aussi penser à adapter sa monte aux conditions climatiques et au terrain. Si celui-ci est fort boueux, mieux vaut éviter les prises de risques et les vitesses élevées afin d’éviter les glissades ou les atteintes aux tendons.
Du bon matériel pour protéger le cavalier
Même les meilleurs cavaliers ne sont pas complètement à l’abri des accidents, c’est pourquoi il est indispensable de se protéger. Le casque est évidemment incontournable, mais il est également recommandé de porter à l’entrainement les mêmes équipements que ceux obligatoires en concours, à savoir aussi un protège-dos. « Attention à ce que la protection dorsale soit un modèle récent, car il y a eu de grosses améliorations ces dernières années en matière de sécurité et de confort », souligne Virginie Caulier. « Je recommande aussi fortement d’opter pour un protège-dos avec un gilet airbag, car il a été prouvé que cela diminue fortement les conséquences des accidents graves. »
En ce qui concerne le casque, il est important de veiller qu’il soit aux normes mais c’est normalement le cas de tous les modèles vendus dans le commerce. Il faut par contre penser à le remplacer après une chute ou après quelques années d’utilisation car même sans choc direct, la faculté à protéger du casque peut diminuer au fil des ans.
Enfin, il ne faut pas négliger la pertinence de petits détails comme les gants, les étriers de sécurité ou encore les manches longues qui limitent les brûlures aux bras en cas de chute. Pour les filles aux cheveux longs, le règlement de concours impose de les attacher courts, non seulement pour des raisons esthétiques mais aussi pour empêcher que ceux-ci puissent se coincer (dans une branche, lors d’une chute,…) et mettre en danger la cavalière.
Des équipements pertinents et adaptés au cheval
Comme le cavalier, le cheval peut être exposé aux incidents et blessures lors du cross. Il faut donc aussi penser à sa sécurité et choisir les bons équipements pour le protéger. On portera notamment une attention toute particulière à la protection des membres, avec des guêtres qui sont adaptées à la discipline : « Il faut choisir des modèles fermés et de préférence avec une coque de protection, surtout pour les antérieurs qui sont plus exposés aux chocs », précise Virginie Caulier. « Oubliez par contre les bandes de polo et de travail car elles s’alourdissent lors des passages dans l’eau et ont tendance à se défaire. » Pensez aussi et surtout à opter pour des guêtres dont la taille et la forme sont adaptées à votre cheval. Elles seront ainsi plus confortables et tiendront mieux.
Si le cheval est ferré, la cavalière de complet conseille aussi d’utiliser des cloches pour éviter le déferrage, et d’avoir recours à des crampons peu importe le terrain en concours. « Même si le sol est sablonneux et semble a priori sûr, une glissade peut toujours survenir, par exemple à la réception d’un obstacle », souligne Virginie Caulier. « Lorsqu’on utilise des crampons, il faut par contre penser à mettre une sangle à bavette pour éviter les blessures si le cheval se touche le ventre en sautant. »
Evidemment, il ne faut pas attendre le jour du concours pour tester ces équipements. L’idéal est de les introduire petit à petit pour laisser le cheval s’y habituer, et d’éviter d’apporter des changements ou de tester des nouveautés lors d’une compétition. Enfin, il est important de surveiller régulièrement l’état de son matériel pour éviter les casses en plein entrainement ou épreuve. « Je fais particulièrement attention aux lanières comme les sanglons, les étrivières ou encore les rênes », explique Virginie Caulier. « En concours, j’utilise également un élastique qui permet à mes rênes de tenir ensemble, comme ça si la boucle se casse je ne perds pas le contrôle de mon cheval. »
Vous l’aurez compris : on ne peut pas éviter tous les accidents en cross, mais on peut clairement faire baisser leur fréquence et leur gravité avec un peu d’anticipation, d’équipements et de bon sens !