Comment améliorer la condition physique de son cheval ?

La condition physique du cheval est importante peu importe la discipline, mais encore plus en concours complet où il faut enchaîner trois épreuves – dont un cross assez intense. Pour habituer son cheval à de tels efforts, rien ne vaut une bonne préparation en amont. Virginie Caulier, cavalière internationale de complet, nous livre des conseils utiles pour toutes les pratiques.

(© Christophe Bortels)

Pour avoir un cheval en bonne condition physique, il est essentiel de prévoir des sorties quotidiennes ainsi qu’un travail régulier et adapté. Cependant, lorsque les objectifs se font plus sérieux, cela peut ne pas suffire. Les chevaux possèdent en effet de grandes capacités athlétiques mais, pour qu’ils puissent les utiliser au maximum sans mettre en danger leur santé, il faut prévoir un entrainement adéquat.

L’exemple le plus parlant est bien sûr celui du cross, car un cheval non entraîné aura du mal à tenir un galop soutenu durant plusieurs minutes tout en franchissant des obstacles (et souvent du dénivelé). Mais la condition physique est utile dans toutes les disciplines, que ce soit pour tenir une longue randonnée, enchaîner une compétition sur plusieurs jours, etc.

Bref, l’importance de la condition physique ne fait aucun doute, mais encore faut-il savoir comment l’améliorer… Virginie Caulier, coach et cavalière internationale de complet, nous propose différents entraînements à ajouter facilement au travail quotidien, et à adapter en fonction de son cheval, sa discipline et de ses objectifs.

La base : la promenade au pas

Cela peut sembler anecdotique, mais de simples promenades au pas contribuent déjà à améliorer la condition et l’endurance du cheval. « L’avantage, c’est qu’on peut déjà mettre en place des balades quasi quotidiennes avec des chevaux qui ont peu d’entrainement ou sortent du repos », souligne Virginie Caulier.

Si le cheval était au repos à cause d’une blessure, on veillera bien sûr à suivre les indications du vétérinaire. Et si votre monture est parfois difficile à gérer en extérieur, nous vous conseillons au préalable de consulter l’article que nous avions consacré aux promenades.

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Le dénivelé est idéal pour rendre les promenades au pas encore plus efficaces (© Christophe Bortels)

Pour rendre les promenades au pas encore plus efficaces, l’idéal est de choisir des terrains variés et vallonnés. « Cela permettra d’activer davantage la musculature et le cardio du cheval », précise Virginie Caulier.

Le trotting

Le trotting est utile pour de nombreuses disciplines car il est assez facile à mettre en place et améliore la condition physique de base sans être trop intense au niveau cardiaque. De plus, on peut le répéter plusieurs fois par semaine sans solliciter exagérément le cheval.

Le trotting consiste à réaliser des séances de trot plus ou moins longues, en fonction bien sûr des capacités et de l’entrainement de son cheval. On se contentera par exemple d’abord de 5 ou 10 minutes de trot sans interruption, et l’on augmentera progressivement l’effort. On peut évidemment travailler de manière fractionnée en prévoyant par exemple un temps total de 30 minutes de trot, mais en 3 séances de 10 minutes entrecoupées de pauses au pas afin que le cheval récupère.

Le trotting peut s’effectuer sur le macadam mais il faut globalement être attentif à la qualité du sol (© Christophe Bortels)

Pour effectuer ces séances dans de bonnes conditions, la durée n’est cependant pas le seul paramètre à prendre en compte. « Il vaut mieux éviter les descentes au trot mais l’on peut par contre privilégier les faux-plats et les montées si l’on veut travailler un peu plus fort », recommande Virginie Caulier. « On peut trotter sur le macadam, par contre il faut être globalement attentif à la qualité du sol pour ne pas abîmer les tendons ou articulations. Dans cette optique, le trotting dans l’eau est très bénéfique ! Mais cela demande un effort beaucoup plus intense pour le cheval, donc il faut réduire la durée des séances. »

Les séances de galop

L’entrainement au galop permet de s’approcher plus facilement du seuil d’anaérobie du cheval, c’est-à-dire le moment où l’intensité est si forte que le corps ne peut plus maintenir un tel effort sur une longue période (notamment parce que l’oxygène ne suffit plus à produire l’énergie demandée, et la production de lactates dans le sang augmente). C’est en s’approchant de ce seuil qu’on parvient à le faire reculer, et par conséquent à améliorer la condition physique du cheval.

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(© Christophe Bortels)

Cependant, ce genre d’effort intense demande une certaine condition de base (qu’on peut obtenir notamment grâce au trotting) et une attention particulière de la part du cavalier. Ce dernier doit en effet veiller à ne pas aller au-delà des limites de son cheval, car chaque équidé n’a évidemment pas la même résistance à l’effort. « Dans un premier temps, on peut commencer par des galops fractionnés de 3 fois 3 minutes, puis augmenter progressivement à 4 ou 5 minutes ou parfois jusqu’à 10 minutes au très haut niveau », illustre Virginie Caulier. « Entre chaque période de galop, on essaye de marcher le temps nécessaire pour que le cheval récupère bien – en général sa fréquence cardiaque doit descendre sous les 90 ou 100 battements par minute. »

L’intensité de la séance dépendra aussi bien évidemment de la vitesse du galop. Une vitesse élevée permettra de faire monter le rythme cardiaque mais accroît les risques d’accidents et de blessures. C’est pourquoi Virginie Caulier préfère augmenter l’intensité de ses séances en galopant en montée : « Cela permet de galoper moins vite – voire moins longtemps – tout en sollicitant autant le cardio », précise-t-elle.

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Le galop en montée permet d’augmenter l’intensité en limitant les risques de blessures (© Christophe Bortels)

Ces séances de galop sont surtout utiles pour les chevaux soumis à des efforts longs et intenses en compétition. Il ne faut par ailleurs pas en abuser, car elles sont exigeantes et impliquent un certain temps de récupération pour les muscles du cheval. Virginie Caulier recommande donc de les reproduire au maximum toutes les semaines, et de les réserver pour les périodes d’entrainement hors des saisons de compétitions.

Comme pour les trottings, la qualité du sol sera primordiale pour éviter les blessures. Le cavalier doit aussi s’assurer qu’il contrôle bien son cheval en extérieur s’il veut limiter les risques. Il reste bien sûr possible de réaliser ces séances de galop en piste, mais on perd alors l’intérêt du dénivelé et le bénéfice des sorties en extérieur sur le moral du cheval.

Quelques précautions supplémentaires

Lors des trottings comme des séances de galop, le cavalier veillera à soigner l’échauffement et le retour au calme. Une mise en route au pas peut suffire pour les trottings mais on privilégiera un échauffement de 20-30 minutes aux trois allures avant un entrainement de galop. « Ensuite, une fois la séance terminée, on veillera à marcher suffisamment son cheval pour qu’il récupère son souffle », ajoute Virginie Caulier. « Après une séance intense de galop, il peut aussi être utile d’effectuer une courte récupération active au trot (environ une minute) avant de repasser au pas. Et en cas de chaleur, il ne faut pas hésiter à bien doucher le cheval plusieurs fois. »

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L’échauffement et le retour au calme sont des étapes primordiales lors des trottings et séances de galop (© Christophe Bortels)

La cavalière internationale recommande aussi d’être à l’écoute de son cheval, et de savoir adapter sa séance si besoin. « Lorsque le terrain est mauvais ou que je sens que ma monture n’est pas en forme, je préfère revoir mes objectifs du jour à la baisse. Il vaut mieux que le cheval manque un tout petit peu de condition plutôt qu’il soit sur-entrainé. »

Un entrainement trop intensif peut en effet affecter le moral comme la santé du cheval. Il n’est pas toujours facile de savoir si l’on demande trop, trop peu ou assez à sa monture pour la faire progresser, mais avec un peu d’observation, de bon sens et de connaissance de son cheval, on peut généralement réaliser un travail adéquat. Il est toutefois préférable pour les cavaliers moins expérimentés de demander conseils à leur coach. On peut aussi s’aider d’outils de mesure comme les capteurs cardiaques. Leurs données permettent de se repérer et d’analyser son évolution, mais elles doivent bien sûr être relativisées en fonction du cheval.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !