La FEI, une fédération centenaire et moderne
Créée en 1921, la Fédération équestre internationale fête cette année ses 100 ans. L’occasion de revenir sur son histoire, mais aussi sur quelques caractéristiques et particularités de cette Fédération qui régit les sports équestres et contribue à leur évolution. Focus sur 10 éléments qui ont ponctué le siècle d’existence de la FEI.
1. Née dans la foulée des Jeux olympiques
La FEI est née au début du 20e siècle, comme beaucoup d’autres fédérations sportives internationales (natation, football, cyclisme, tennis,…). Ce moment n’est pas anodin puisqu’il coïncide avec le développement des sports. Les Jeux olympiques modernes ont en effet été créés en 1906, et les épreuves équestres s’y sont invitées dès 1912 à Stockholm.
Neuf ans plus tard, en 1921, la FEI voyait le jour à Lausanne. L’objectif était notamment de garantir l’intégrité des compétitions en établissant des règles et systèmes de qualifications approuvés internationalement. A l’époque de sa création, la FEI était composée de huit membres : la Belgique, le Danemark, les Etats-Unis, la France, l’Italie, le Japon, la Norvège et la Suède.
2. 136 nations membres
Créée avec 8 membres, la FEI rassemble aujourd’hui 136 fédérations et pays sur toute la planète. Les derniers affiliés sont la Côte d’Ivoire, les Bahamas et la Mongolie qui ont rejoint la Fédération en 2019. L’année précédente, c’est la Corée du Sud qui était devenue membre de la FEI.
Les Fédérations faisant partie de la FEI ont notamment le droit d’assister et de voter à l’Assemblée générale, de bénéficier des programmes de développement de la Fédération ou encore de proposer des modifications des règlements officiels.
Le fait d’être membre permet aussi et surtout de participer aux championnats mondiaux ou continentaux, et d’organiser des événements internationaux estampillés FEI. L’adhésion à la FEI passe par un processus en plusieurs étapes.
3. Un total de 9 disciplines
Lors de sa création, la FEI chapeautait seulement les 3 disciplines olympiques que sont le dressage, le concours complet et le jumping. Ce nombre a commencé à augmenter à partir des années 1970, pour atteindre aujourd’hui 9 disciplines.
L’élargissement de la FEI a débuté avec l’attelage en 1970, suivi par l’endurance et la voltige en 1982 et 1983. L’année 1996 a marqué l’arrivée du para-dressage, alors qu’il a fallu attendre 2000 pour le reining. Le para-attelage a aussi rejoint la FEI en 2006, mais n’est pour l’instant pas représenté aux Jeux équestres mondiaux.
Parmi les pratiques qui ne font pas (encore) partie de la FEI, on peut notamment citer le TREC, le polo, le horse-ball ou encore l’équitation de travail. La plupart de ces disciplines dépendent de leurs propres fédérations internationales.
4. Militaires et têtes couronnées
Jusqu’à présent, 14 présidents de 9 nationalités différentes ont trôné à la tête de la FEI. Durant les premières années de son existence, la FEI était présidée par des colonels, majors et généraux. L’équitation sportive était en effet encore très liée à la tradition militaire. Le premier président FEI non issu de cette sphère est le Finlandais Magnus Rydman, qui a exercé entre 1939 et 1946. C’était un chef d’entreprise qui a aussi été Président de la Fédération équestre nationale finlandaise et membre du Comité olympique de son pays.
La FEI a ensuite été dirigée par plusieurs têtes couronnées, à commencer par le Prince Bernhard des Pays-Bas dans les années 1950, suivi par le Prince Philip (époux de la reine d’Angleterre Elisabeth II décédé ce 9 avril) et sa fille, la princesse Anne. Cette dernière fut la première femme à présider la FEI lors de son élection en 1986. Elle a depuis lors été suivie par d’autres, comme l’Infante Doña Pilar de Borbón ou la princesse Haya bint-al-Hussein de Jordanie.
5. Deux présidents belges
Les Néerlandais ont présidé la FEI à quatre reprises et les Belges deux fois : entre 1946 et 1954 grâce au Général baron Gaston de Trannoy, et depuis 2014, année de l’élection d’Ingmar De Vos.
Gaston de Trannoy avait participé aux Jeux olympiques de 1912 dans les 3 disciplines et s’est classé 7e en dressage lors des Jeux de 1920. Il a été président de la FRBSE (fédération nationale belge) entre 1932 et 1954.
Ingmar De Vos, quant à lui, est Président de la FEI depuis 2014. Il a été réélu pour un deuxième mandat de 4 ans en 2018. Lui aussi a travaillé à la FRBSE en tant que directeur général en 1990, puis secrétaire général de 1997 à 2011. Il est également membre du Comité international olympique et a contribué à la création de la Fédération équestre européenne.
6. Des championnats mondiaux depuis 1953
La FEI est notamment responsable de l’allocation et de la régulation des championnats régionaux et mondiaux. Il a fallu attendre 1953 pour voir apparaître les premiers championnats du monde de jumping à Paris (France), puis 1966 pour ceux de dressage à Berne (Suisse) et ceux de complet à Burghley (Grande-Bretagne).
L’apparition de nouvelles pratiques au sein de la FEI a mené à la création des Jeux équestres mondiaux, un événement qui rassemble tous les quatre ans les championnats des disciplines représentées au sein de la Fédération. Le projet est né dans les années 1980, sous l’impulsion du Prince Philip qui était alors président de la FEI. Il a toutefois fallu attendre 1990 pour la première édition des Jeux équestres mondiaux à Stockholm. Elle rassemblait les épreuves des trois disciplines olympiques, ainsi que les mondiaux d’attelage, endurance et voltige.
Petit à petit, les Jeux équestres mondiaux ont atteint 8 disciplines et ont permis d’offrir une belle vitrine aux sports équestres. Hélas, rassembler autant de pratiques au coeur d’un même évènement et d’un même lieu représente aussi un défi de taille. Cette problématique a émergé à l’occasion des JEM 2018, qui ont été contraints de déménager de Bromont à Tryon en raison d’un manque de soutien financier. L’évènement a pu être maintenu, mais il a hélas connu des problèmes multiples : épreuves perturbées et annulées à cause des mauvaises conditions météo, tribunes clairsemées, installations partiellement inachevées,…
Après ces Jeux équestres mondiaux de 2018 en demi-teinte, la FEI a décidé de revoir sa position et de permettre des championnats séparés. En 2022, il devrait donc y avoir des championnats du monde de complet et d’attelage à Pratoni del Vivaro (Italie), et un autre multi-championnat pour les disciplines para et olympiques à Herning, au Danemark.
7. Campus en ligne et plateforme FEI.tv
Ces dernières années, la FEI a développé l’utilisation du numérique pour communiquer, y compris avec le grand public. On peut par exemple citer la plateforme en ligne FEI.tv qui permet de suivre les grands championnats et concours en direct. Son offre a été récemment élargie grâce à une fusion avec ClipMyHorse.tv, chaine sur laquelle sont diffusés de nombreux concours internationaux, des ventes aux enchères, des expertises d’étalons,…
Depuis 2017, la FEI dispose aussi d’un « Campus » gratuit en ligne. On y retrouve des contenus qui servent à la formation des officiels, mais aussi des informations sur les règlements. Cette plateforme s’adresse aussi aux amateurs grâce à des cours plus généraux sur le comportement du cheval, l’alimentation, les soins, etc.
D’autres outils numériques FEI sont plus ludiques, comme le « Fantasy Game » créé pour la Coupe des nations. Il s’agit d’un jeu dans lequel les fans peuvent pronostiquer les résultats de chaque étape de Coupe des nations, et remporter des prix.
8. Un programme de solidarité
Depuis 2011, il existe au sein de la FEI un programme « Solidarity » dont l’objectif est de promouvoir et développer la « culture et le sport équestres dans le monde de manière durable et structurée ». L’aide apportée par FEI Solidarity peut être d’ordre financier, mais le programme propose aussi des conseils et des programmes techniques à destination des fédérations, cavaliers, entraîneurs, professionnels équins, etc.
Pas loin de 300 projets ont été menés dans le monde entier au cours de la dernière décennie, comme la formation de maréchaux-ferrants en Moldavie et au Kirghizistan, la subvention d’un programme pour garantir l’égalité des sexes dans le secteur équestre au Costa Rica, ou encore la mise en place d’une filière pour réformer les chevaux de course en Asie du Sud-Est et pallier le manque de chevaux de selle.
En 2020, FEI Solidarity a débloqué près d’un million d’euros pour soutenir les fédérations équestres nationales en difficulté à cause du Covid-19. Ces fonds devaient servir à maintenir les activités équestres de base dans les clubs, et plus particulièrement garantir les soins aux chevaux. Une partie est également prévue pour assurer le bien-être des chevaux après la tragique explosion survenue à Beyrouth, au Liban.
9. Un exemple de gouvernance
La FEI est particulièrement attentive à la bonne gouvernance, et fait même partie des fédérations sportives internationales les plus performantes dans ce domaine. Le dernier rapport de l’ASOIF (Association of Summer Olympics International Federations) sur ce sujet (juin 2020) place en effet la Fédération équestre internationale parmi les meilleurs élèves avec cinq autres associations, dont la FIFA et l’UCI.
Ce rapport est basé sur des questionnaires d’auto-évaluation remplis par les fédérations elles-mêmes, mais les scores sont ensuite modérés par des analyses indépendantes et plus approfondies. L’évaluation de cette bonne gouvernance porte notamment sur des sujets comme la transparence, le développement, la démocratie, etc.
La FEI veille à faire acte de bonne gouvernance dans plusieurs domaines, et notamment celui de la communication. En témoignent par exemple les centres d’informations mis en ligne à disposition du grand public et des cavaliers durant l’épidémie de Covid-19, et plus récemment celle de EHV-1.
10. Une année de festivités
La FEI fêtera ses 100 ans jour pour jour le 29 mai 2021, et cette date anniversaire a été choisie pour le lancement d’une série de célébrations. Celles-ci s’étendront sur une année entière, jusqu’au 28 mai 2022. « Les festivités seront principalement digitales avec des contenus, des anecdotes des quiz pour les fans autour du monde ainsi que des activités durant les évènements phares qui auront lieu durant les 365 jours des 100 ans de la FEI », explique un porte-parole de la Fédération. « Une fête haute en couleurs et en présentiel est prévue au printemps 2022 afin d’assurer que les restrictions sanitaires n’empêchent pas ce rassemblement important et historique de la communauté équestre. »