Préparation physique du cavalier : mode d’emploi

La préparation physique du cavalier est un sujet de plus en plus abordé dans le monde équestre, mais qui reste encore un mystère pour beaucoup. Nous avons profité d’une session d’entrainement organisée par la Ligue Équestre Wallonie-Bruxelles pour vous faire découvrir sur le terrain ce qu’est la préparation physique, comment l’adapter aux cavaliers et quels bénéfices on peut en tirer. A vos baskets !

Les cavaliers passent généralement beaucoup de temps à entrainer leurs chevaux, mais moins à développer leurs propres capacités physiques. Il est vrai que l’équitation peut s’avérer moins intense que d’autres sports, toutefois les cavaliers restent des athlètes et ils ont donc besoin de préparer et entretenir leur corps. Cette « préparation physique » commence à se répandre de plus en plus chez les cavaliers de haut niveau, mais il ne faut pas croire qu’elle est réservée à l’élite. Peu importe sa discipline, son âge ou encore son expérience équestre, chacun peut en effet retirer des bénéfices de ce genre d’entrainement. La préparation physique contribue par exemple à prévenir et éviter les blessures, à améliorer ses performances en selle ou encore à pouvoir monter jusqu’à un âge avancé dans de bonnes conditions.

C’est notamment pour ces raisons que la Ligue Équestre Wallonie-Bruxelles (LEWB) promeut la préparation physique auprès de ses athlètes de haut niveau mais aussi des jeunes talents qu’elle soutient avec l’ADEPS via le programme Equicadets. En plus de recevoir du matériel de sport pour s’entrainer à domicile, ces jeunes athlètes bénéficient de séances régulières avec Gilles Berwart, préparateur physique chez Labsport et auprès de plusieurs cavaliers de haut niveau. Objectif : leur fournir des bases et des outils (notamment un programme d’entrainement) pour qu’ils puissent travailler petit à petit en autonomie.  

Nous avons assisté à l’une de ces séances d’entrainement pour les Equicadets au Centre Fédéral d’Entrainement des Sports Equestres en Wallonie (Gesves), ce qui nous a permis d’observer un éventail d’activités complémentaires pour améliorer les capacités physiques du cavalier : cardio, mobilisations, renforcement musculaire ou encore étirements. Comme le précise le coach Gilles Berwart, « ces différents aspects ont été abordés en une après-midi afin de fournir aux cavaliers un aperçu et un suivi complet, mais l’on peut bien sûr répartir ce travail en plusieurs séances sur la semaine ».

L’entrainement cardio

Pour les Equicadets, l’entrainement à Gesves commence ainsi par une séance de course à pied d’un peu plus de 4 kilomètres dans la forêt. Comme l’explique Gilles Berwart, « les capacités cardiaques ne sont peut-être pas les plus primordiales en équitation, mais travailler cet aspect permet de développer une certaine endurance et d’habituer le corps à l’effort. Cela contribue aussi à maintenir une bonne hygiène de vie, ce qui est primordial en tant que sportif mais parfois négligé par les cavaliers. »

La course à pied a l’avantage d’être facile à mettre en place et peu coûteuse en termes d’équipements, mais il existe bien sûr d’autres façons d’améliorer son cardio. En fonction de ses préférences et ses possibilités, on peut par exemple opter pour le vélo, la natation, la marche active…

Les mobilisations

Après la course à pied et avant d’entamer les exercices de renforcement musculaire, Gilles Berwart invite les cavaliers à pratiquer quelques mobilisations durant une dizaine de minutes. Ces mouvements doux sont utiles en tant qu’échauffement (y compris avant de monter à cheval) et permettent notamment de diminuer les raideurs dont beaucoup de cavaliers souffrent.

« Les mobilisations aident à « dérouiller » un peu les articulations et à gagner en amplitude », précise le préparateur physique. « Chez les cavaliers, je travaille principalement sur la colonne vertébrale, les épaules et surtout le bassin car ce sont les points clés pour une bonne position en selle. Mobiliser permet par exemple de mieux se placer en selle et de mieux se tenir. »

Le renforcement musculaire

Une fois échauffés grâce aux mobilisations, les cavaliers entament un enchainement d’exercices de renforcement musculaire spécialement concocté par Gilles Berwart. Ils commencent par différents mouvements de gainage à maintenir pendant 40-45 secondes suivis par 15 secondes de repos. « La sangle abdominale est une base à travailler pour tous les cavaliers, car c’est vraiment la clé du maintien en selle », explique le préparateur physique.

Si la sangle abdominale est primordiale, il ne faut cependant pas négliger le reste du corps, aussi bien pour améliorer ses performances que pour éviter les déséquilibres. Comme beaucoup d’autres disciplines, l’équitation n’est en effet pas un sport complet et elle sollicite davantage certains muscles que d’autres. Un renforcement général de la musculature permet donc de compenser ces lacunes et d’atteindre un meilleur équilibre au niveau du corps. C’est notamment pour cela qu’après le gainage, Gilles Berwart invite ses élèves présents à Gesves à enchaîner quelques exercices plus ciblés sur le haut ou le bas du corps : mouvements des bras et des jambes avec élastiques, pompes sur ballon, squats contre un mur,…

Plusieurs de ces exercices présentent des variantes plus faciles ou plus difficiles selon le niveau des cavaliers et sont répétés 12 ou 15 fois. Les participants passent d’un exercice à l’autre et une fois le circuit terminé, ils l’enchainent deux nouvelles fois.

Les étirements

Après les exercices de renforcement musculaire, la session avec les Equicadets à Gesves se termine par une dizaine de minutes d’étirements et de massage avec rouleau. Objectif : favoriser la récupération, diminuer les courbatures et éviter les blessures. Les étirements contribuent aussi à la souplesse des muscles.

Une pratique flexible

Au regard de cette session particulièrement complète à laquelle nous avons assisté, la préparation physique peut sembler lourde et compliquée, mais rassurez-vous : l’entrainement peut être tout à fait flexible en termes d’horaires et d’intensité. Le plus important pour obtenir des résultats et des bénéfices est d’être régulier, c’est pourquoi Gilles Berwart préconise si possible deux séances par semaine.
On peut par ailleurs utiliser les mobilisations en guise d’échauffement avant de monter, ou encore faire un peu de cardio en promenant activement son cheval en main ou en allant travailler à vélo. Bref, avec un peu de volonté et de créativité, on peut trouver des solutions pour intégrer un peu de préparation physique à son quotidien !

Pour ceux qui n’ont aucune expérience sportive, il peut par contre être nécessaire de se faire accompagner pour le renforcement musculaire et les mobilisations, surtout au début. Cela permettra notamment de cibler les exercices les plus adéquats, d’apprendre à les réaliser correctement et à élaborer une routine d’entrainement personnalisée. L’idéal est évidemment de se tourner vers un préparateur physique, mais l’on peut déjà s’initier grâce à quelques outils gratuits comme le programme spécial cavaliers développé par la Fédération suisse des sports équestres.

Enfin, en ce qui concerne le matériel, on peut déjà faire beaucoup avec quelques équipements de base comme une tenue de sport, un tapis et éventuellement un élastique et/ou un ballon. Il n’y a donc plus d’excuses pour fuir la préparation physique !