Test | Le simulateur équestre, un outil pour tous les cavaliers ?

Morphologie, allures, transitions,… le simulateur équestre a presque tout d’un vrai cheval, à l’exception de son comportement. Cet outil peu connu et peu répandu est néanmoins très intéressant pour s’améliorer en tant que cavalier, peu importe son niveau ou sa discipline. C’est ce que nous avons découvert et testé au centre équestre Ry de Lize, où le simulateur équestre est devenu un véritable allié dans l’apprentissage et la progression des cavaliers.

simulateur équestre
Bénédicte Dewez et « Pégasus » (© Christophe Bortels)

Depuis plusieurs années, le centre équestre du Ry de Lize à Marchin héberge un cheval d’école un peu particulier. Pégasus, c’est son nom, a la réputation d’être le plus docile de l’écurie et pour cause : c’est un cheval mécanique – ou plus exactement un simulateur équestre. Bénédice Dewez, responsable et monitrice de l’écurie, confie avoir découvert et adopté cet outil suite à une remise en question de sa propre équitation : « Il y a quelques années, j’ai été confrontée à une jument très sensible et délicate, ce qui m’a poussée à m’orienter vers une pratique plus axée sur le ressenti et la connexion avec le cheval. Je me suis donc intéressée à diverses disciplines comme l’équitation centrée ou encore la méthode Alexander, et le simulateur équestre est apparu comme un outil idéal pour mieux prendre conscience de son corps et améliorer son ressenti. »

En plus de sa forme proche de celle d’un vrai cheval, Pégasus mime en effet les trois allures grâce à un mécanisme électrique. Le simulateur permet ainsi aux cavaliers de travailler leurs sensations, leur position ou encore leur équilibre sans devoir se préoccuper du comportement ou de la gestion du cheval. Cette particularité rend l’outil particulièrement intéressant et utile pour apprendre les rudiments aux débutants par exemple. Grâce au simulateur équestre, ceux-ci peuvent en effet découvrir les allures, trouver leur place en selle, maitriser le trot enlevé et le galop,… tout cela sans risquer de tomber. Le fait d’apprendre à monter sur un outil comme Pégasus préserve aussi les chevaux de manège des mouvements imprécis voire douloureux des débutants, ce qui améliore le bien-être des équidés. « Le simulateur a des résultats assez magiques », confie Bénédicte Dewez. « J’ai par exemple utilisé Pégasus pour apprendre à deux hommes complètement débutants à monter. Après 5 séances, je les ai mis sur de vrais chevaux et très rapidement, ceux-ci se sont posés sur la main ! Les deux hommes n’avaient aucune notion technique, mais les chevaux ont adopté cette attitude car leurs cavaliers étaient justes dans leur position et leur équilibre. »

simulateur équestre
© Christophe Bortels

Le travail sur simulateur équestre peut également être très intéressant pour les cavaliers qui ont besoin de reprendre confiance en selle, ou pour ceux qui souhaitent se tester et se préparer physiquement après une blessure ou un arrêt par exemple. C’est aussi un excellent outil pour s’échauffer et se détendre avant de monter sur un vrai cheval, ou encore pour travailler son endurance en selle sans fatiguer sa monture. Le simulateur équestre s’adresse ainsi à un vaste public, et même aux cavaliers les plus confirmés. « Le travail sur Pégasus peut notamment leur permettre d’améliorer leur légèreté et leur finesse, ou encore de ressentir des petites imperfections qu’on ne corrige plus : une tête un peu trop penchée en avant, une légère torsion, etc », souligne Bénédicte Dewez.

On peut aborder et utiliser le simulateur équestre de très nombreuses façons, et pour atteindre des objectifs très divers.

Pour les cavaliers qui sont davantage en quête de performances et/ou de données analytiques, il existe par ailleurs des simulateurs équestres qui permettent de reproduire plus de mouvements (sauts, changements de pied au galop, piaffer,…) et qui sont équipés de capteurs pouvant notamment récolter des informations par rapport au contact des mains et des jambes, à la répartition du poids sur la selle, etc.

En bref, on peut aborder et utiliser le simulateur équestre de très nombreuses façons, et pour atteindre des objectifs très divers. Bénédicte Dewez, pour sa part, a décidé de l’intégrer dans une nouvelle approche équestre qu’elle a baptisée Equisens. Au lieu de venir au Ry de Lize pour un cours d’une heure, les cavaliers restent à l’écurie une matinée ou une après-midi durant laquelle ils pratiquent plusieurs activités en fonction de leurs envies ou besoins. « Les cavaliers montent mais font aussi du travail à pied, des soins, des débourrages et bien sûr des séances sur Pégasus. On travaille la confiance en soi, l’écoute ou encore le ressenti pour obtenir une harmonie avec le cheval, et le simulateur équestre est vraiment un outil à part entière dans cette démarche », explique Bénédicte Dewez.

En pratique : notre expérience sur le simulateur équestre

Pour évaluer l’intérêt d’un simulateur équestre comme Pégasus, la meilleure solution est tout simplement d’essayer ! Nous avons donc pris notre selle et enfilé nos bottes pour une séance encadrée par Bénédite Dewez. Avant de démarrer, celle-ci nous demande s’il y a des points en particulier que nous désirons travailler. C’est évidemment un sujet auquel on a réfléchi avant de venir, et notre souhait était notamment de se concentrer sur le bassin. Montant habituellement un cheval qui a tendance à tomber sur l’épaule gauche et à décaler ses hanches vers la droite, on a souvent l’impression d’être plus en appui sur un ischion que l’autre lorsqu’on est en selle et l’on se demandait si ce déséquilibre provenait d’un défaut de notre part ou était plutôt la conséquence de l’attitude du cheval – ou les deux.

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© Christophe Bortels

La séance sur Pégasus débute à l’arrêt, les yeux fermés. Bénédicte Dewez nous demande de nous concentrer sur nos ischions et d’observer nos sensations. Elle précise d’emblée : « Il n’y a pas de bon ou mauvais ressenti, il faut juste analyser ce qu’il se passe. » A première vue, la pression nous semble égale sur l’ischion droit et gauche, Bénédicte nous conseille donc de tester notre équilibre en se penchant très légèrement en arrière puis en avant. Ce mouvement imperceptible nous permet de trouver une place plus confortable et surtout un meilleur appui dans la selle. Mais ce n’est que le début !

Toujours les yeux fermés et à l’arrêt, Bénédicte nous propose de lâcher les étriers et de descendre les jambes. Elle s’approche ensuite de nous pour décoller un peu nos cuisses de la selle et détendre chaque jambe, ce qui a un effet impressionnant : on se sent immédiatement plus grand, on est bien assis dans la selle et nos jambes tombent mieux tout en semblant légères. Bref, on est à l’aise et d’après les spectateurs présents, notre visage est soudainement plus détendu. Il est temps de passer aux allures et Bénédicte enclenche le mode pas. Au début c’est assez étrange et a priori différent du mouvement d’un vrai cheval, mais cette sensation est sans doute renforcée par le fait que nous avons les yeux fermés.

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© Christophe Bortels

On s’habitude progressivement au rythme – et au léger mal de mer du début – puis Bénédicte nous fait tester le trot et le galop, tout en nous encourageant à rester bien assis avec les jambes naturellement descendues et le corps qui se grandit. Une fois que l’on se sent bien, elle corse un peu les choses avec des transitions : celles descendantes sont faciles à gérer mais c’est un peu plus compliqué pour les transitions montantes. On parvient à garder l’équilibre mais par contre, les yeux fermés nous font prendre conscience que notre respiration a tendance à s’accélérer inutilement dès le passage à une allure supérieure.

Après, Bénédicte nous propose d’ouvrir les yeux et de chausser les étriers pour tester un autre exercice au galop puis au trot : la suspension. Elle nous demande de nous pencher très doucement en avant jusqu’à ce que les fesses décollent de la selle, pour ensuite se rassoir tout aussi délicatement. Au début, il faut avouer que c’est un peu compliqué ! Bénédicte nous conseille alors de nous concentrer sur nos sensations, ce qui permet de se rendre compte qu’on manque d’appui sur les étriers car nos pieds ne sont pas assez enfoncés dans ceux-ci. En posant le plancher de l’étrier davantage sous le coussinet derrière les orteils, on trouve un meilleur appui et tout devient plus facile.
Bénédicte nous conseille alors d’enchaîner 5 foulées en suspension puis 5 foulées assis, puis de réduire à 3, 2 et puis un temps. Comme Pégasus n’imite pas le rebond du cheval qui incite à sortir de sa selle, il faut une certaine concentration pour mimer le trot enlevé et trouver son rythme ! Petit à petit, cet exercice nous permet toutefois d’obtenir plus de fluidité.

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Pour terminer, Bénédicte nous propose de prendre les rênes qu’on avait jusqu’à présent laissées de côté. A priori nos mains sont plutôt stables donc il n’y a pas énormément de choses à travailler de ce côté-là. Elle nous conseille quand même d’accompagner le mouvement en se concentrant sur la souplesse des coudes, ce qui permet de bien suivre le léger balancier de l’encolure de Pégasus tout en maintenant le contact.

La séance est à présent terminée, et honnêtement on est à la fois ravi du simulateur équestre et convaincu de son intérêt, même pour les cavaliers plutôt expérimentés dont nous faisons partie. Pégasus permet en effet de se concentrer à 100% sur ses sensations et ses mouvements, ce qui n’est pas vraiment réalisable à cheval car il faut regarder où l’on va, contrôler ce que fait son cheval, etc. On s’est ainsi rendu compte de quelques détails à modifier pour améliorer notre position et surtout notre fluidité en selle. Le simulateur permet aussi d’atteindre un niveau de détente élevé dans un mouvement actif, ce qui est surprenant et intéressant car d’habitude la relaxation est plutôt associée avec l’inaction.

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© Christophe Bortels

L’outil a évidemment ses limites puisque Pégasus ne reproduit par exemple pas les virages, ni les défauts d’allure ou d’équilibre qu’on peut rencontrer en montant sur un vrai cheval. Il y a donc des choses qu’on ne peut travailler qu’avec une réelle pratique en selle, mais le simulateur équestre est néanmoins un excellent complément pour comprendre et améliorer son fonctionnement en tant que cavalier. Il peut par exemple être intéressant de faire quelques séances de suite pour régler un problème (de confiance, de position,…) ou se remettre en forme. On peut également travailler plus ponctuellement sur le simulateur dans l’objectif de vérifier sa position ou d’affiner ses sensations.

Ah oui, et concernant notre bassin, on ne s’est pas senti tordu sur Pégasus comme sur notre monture habituelle, ce que Bénédicte confirme. Il faudra donc régler ce souci d’une autre manière !

Retrouvez davantage d’informations sur le simulateur équestre sur le site du Ry de Lize.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !