Les gestes indispensables pour maintenir les pieds de son cheval en bonne santé
« Pas de pieds, pas de cheval » dit un vieux proverbe souvent entendu par les cavaliers. Comme le poids d’un équidé repose sur ses quatre sabots, il est en effet primordial que ceux-ci soient fonctionnels et en bonne santé. Bénédicte Mahieu, podologue équin, nous explique les gestes essentiels pour entretenir et préserver les pieds de son cheval, qu’ils soient ferrés ou non. Elle démonte aussi quelques idées reçues, notamment par rapport aux fourchettes pourries et aux façons de soigner les pieds :
Corne cassante, fourchettes pourries, seimes,… Les problèmes de pieds peuvent s’avérer très handicapants pour les chevaux comme pour leurs cavaliers qui ont parfois du mal à trouver les remèdes adéquats. Lorsque les complications s’accumulent, certains propriétaires en viennent à penser que leur cheval a « de mauvais pieds », mais pour Bénédicte Mahieu, podologue équin, il s’agit d’un mythe : « Un cheval qui nait avec de mauvais pieds, ça n’existe pas », souligne-t-elle. « Par contre, un équidé peut être carencé ou avoir des problèmes de métabolisme qui se répercutent sur les pieds. »
Selon la podologue équin, l’entretien des pieds du cheval commence donc par une bonne santé générale de l’équidé, et plus globalement de bonnes conditions de vie. « Le principe de départ est de soigner l’alimentation et d’y ajouter des compléments minéraux vitaminés (CMV) de qualité pour éviter les carences », explique Bénédicte Mahieu. « C’est en effet très difficile voire impossible aujourd’hui de trouver une alimentation qui comble tous les besoins du cheval, c’est pourquoi les CMV sont indispensables. Ils vont notamment avoir un effet positif sur les sabots en favorisant une croissance optimale et de qualité. »
Du mouvement pour favoriser le fonctionnement des pieds
Outre l’alimentation, les conditions de vie sont également très importantes pour maintenir les pieds de son cheval en bonne santé. On pense souvent à la qualité du sol ou de la litière, mais en réalité le mouvement et les contacts sociaux sont bien plus importants : « Un cheval qui vit 23 heures sur 24 au boxe et sort juste le temps de travailler ne sera évidemment pas dans les mêmes conditions émotionnelles qu’un équidé qui passe du temps en extérieur avec ses congénères, et cela peut impacter les pieds », souligne Bénédicte Mahieu. « Le mouvement est aussi indispensable d’un point de vue physique car il favorise le bon fonctionnement du pied. A l’inverse, lorsque le cheval est statique, la circulation est amoindrie et le pied est forcément moins bien alimenté et irrigué. »
En ce qui concerne la litière ou le terrain, le cheval peut a priori marcher ou poser ses pieds sur tous types de sol : boue, cailloux, sable, terre, béton,… L’essentiel est qu’il ne soit pas obligé de rester tout le temps sur une même surface qui va par exemple générer des conditions trop humides pour les sabots, ou encore causer une usure trop lente ou trop intense de ceux-ci.
« Il est dangereux d’essayer de faire tenir les fers le plus longtemps possible ou de battre des records entre deux parages »
Pour les chevaux au boxe, le principal danger provient de l’ammoniac qui est présent dans la litière même en cas de nettoyage très régulier. Celui-ci peut en effet attaquer les pieds et amener des problèmes de pourriture de fourchette, il faut donc en tenir compte et être particulièrement attentif à l’entretien des pieds (voir ci-dessous).
Entretenir et nettoyer régulièrement
L’alimentation et le mouvement constituent les bases d’un pied en bonne santé, mais ils ne dispensent en effet pas d’un bon entretien. Que le sabot soit ferré ou non, le passage du maréchal-ferrant ou du podologue est indispensable toutes les six semaines. « Il est dangereux d’essayer de faire tenir les fers le plus longtemps possible ou de battre des records entre deux parages », insiste Bénédicte Mahieu. « Lorsque le pied est trop long, son système d’attache est en difficulté, ce qui peut engendrer à plus ou moins long terme des évasements du sabot et, par la suite, des éclatements ou des seimes. Un excès de paroi peut aussi amener de gros déséquilibres dans le corps du cheval, et à long terme gêner ses articulations. »
Entre les passages du maréchal ou du podologue, il est évidemment nécessaire que le propriétaire entretienne régulièrement les pieds de son cheval. Cela commence par un curage quotidien des sabots afin d’enlever les saletés et éventuels corps étrangers. On évite ainsi les blessures ou macérations néfastes, et on s’assure que le pied va bien. Sauf si les fourchettes sont pourries et sensibles, il ne faut pas hésiter à utiliser une brosse en fer qui s’avérera bien plus efficace.
Bénédicte Mahieu recommande aussi de nettoyer la paroi (l’extérieur) et la face solaire (l’intérieur) du pied à l’eau et au savon doux toutes les deux semaines : « Cela permet d’enlever le crottin séché qui est acide et peut s’attaquer au vernis du pied. Il n’est pas nécessaire de sécher le sabot après, par contre si le paturon a été mouillé durant le nettoyage il vaut mieux l’essuyer pour éviter les irritations. »
Enfin, si le cheval a les pieds nus et que le propriétaire a suivi une petite formation adéquate, il est utile de faire toutes les semaines ce qu’on appelle un « roll », c’est-à-dire de parer légèrement le pied en biseau pour maintenir sa rondeur et éviter les cassures.
Quels produits utiliser ?
Graisses, onguents, huiles,… Certains cavaliers ont l’habitude d’appliquer (très) régulièrement des produits pour entretenir les pieds de leur cheval. Mais quelle fréquence est idéale ? En réalité, cela dépend du pied mais peu de produits sont indispensables – surtout sur la paroi externe du sabot. « En général, un pied nu n’a pas besoin de graisse pour maintenir sa souplesse », précise Bénédicte Mahieu. « On entend par contre que c’est utile pour les sabots ferrés car avec les clous plantés dedans et le mécanisme du pied, certaines parois ont tendance à craquer si elles ne sont pas graissées. »
« On sait aujourd’hui qu’un pied ne s’hydrate pas de l’extérieur mais se nourrit de l’intérieur car les produits qu’on applique pénètrent seulement dans le vernis du sabot »
Selon la podologue équin, les graisses et autres produits qui s’appliquent sur le pied ne remplacent cependant pas une bonne alimentation : « Si le cheval est bien alimenté, ses sabots vont normalement supporter le travail des clous. On sait aujourd’hui qu’un pied ne s’hydrate pas de l’extérieur mais se nourrit de l’intérieur car les produits qu’on applique pénètrent seulement dans le vernis du sabot – soit la couche superficielle. Il faut garder à l’esprit que comme les ongles ou les cheveux, les sabots cassants ou en mauvaise santé le sont généralement à cause de carences, et c’est à ce niveau qu’il faut agir en priorité. » Les stries verticales qui apparaissent parfois sur les sabots sont elles aussi des signes de carence, donc on peut également y remédier en agissant sur l’alimentation du cheval après avoir demandé conseil à un nutritionniste.
En ce qui concerne la face solaire (interne) du pied, certains produits peuvent être utiles pour traiter la fourchette en maintenant la région saine et en empêchant les bactéries de se développer. Le goudron, par contre, est une fausse protection selon Bénédicte Mahieu « car il ne permet pas la respiration du pied ».
En cas de problèmes comme des fourchettes pourries, il faut par ailleurs garder à l’esprit que des soins locaux ne sont généralement pas suffisants. « On a tendance à croire que les fourchettes pourrissent à cause de la boue, mais ce n’est pas vrai sauf si le cheval est en permanence dedans », précise la podologue. « Les principales causes qui mènent au pourrissement des fourchettes sont les carences, un manque d’entretien et d’hygiène (surtout par rapport à l’ammoniac présent dans le boxe) ou encore un mauvais fonctionnement du pied. Si le sabot est trop long et/ou que les talons sont trop hauts par exemple, la fourchette ne fonctionne pas comme il faut et elle peut pourrir. Si l’on veut solutionner le problème, il faudra prioritairement s’assurer que le pied puisse travailler correctement. »
Bref, pour soigner les pieds et remédier aux problématiques, on a souvent tendance à agir localement alors que les explications et solutions se trouvent généralement ailleurs. Un cheval « bien dans ses sabots » est en effet avant tout un équidé en bonne santé, bien alimenté et qui bouge suffisamment. Les cavaliers et propriétaires ont tout intérêt à se pencher sur ces éléments de base car, en plus de favoriser de bons pieds, ils sont aussi indispensables pour le bien-être du cheval !