Equi’Lien : quand l’hippothérapie s’invite en maison de repos

Les chevaux ont d’extraordinaires bienfaits sur l’humain, mais tout le monde n’a hélas pas la chance d’en profiter. C’est notamment pourquoi Margot Godeau, hippothérapeute et créatrice de « Equi’Lien », se déplace dans différentes institutions et maisons de repos avec ses poneys pour y proposer des animations thérapeutiques. Comme nous avons pu le constater lors d’une visite dans une résidence à Waterloo, les bienfaits de la présence des équidés sont très nombreux ! Reportage et rencontre.

Ce lundi est une journée un peu spéciale pour les résidents d’une maison de repos de Waterloo. Rassemblé dans le hall d’accueil, un bon groupe attend impatiemment ses visiteuses du jour : Mandoline et Lee – dite Liberty. Harnais sur le dos, licol sur la tête et chaussures aux sabots, les deux ponettes font sensation dès leur arrivée dans le bâtiment ! Elles sont menées par Margot Godeau, éducatrice spécialisée et hippothérapeute qui a créé le service « Equi’Lien ». La jeune femme se déplace régulièrement dans des maisons de repos et de soin, mais aussi des institutions en tous genres (crèches, établissements pour autistes ou handicapés,…) pour rendre visite aux résidents avec ses poneys.

Cette semaine, les participants sont valides, l’animation est donc organisée dans la salle des fêtes de la maison de repos. Durant une bonne heure et demie, Margot propose aux résidents de faire connaissance avec les poneys, de les brosser, d’effectuer quelques pas à leurs côtés, etc.

La présence des ponettes suscite rapidement des questions, des discussions et fait même émerger des souvenirs chez certains résidents. Dans la salle, plusieurs personnes ont en effet été cavaliers et/ou propriétaires de chevaux, et le hasard veut même que l’on y retrouve le fondateur de la célèbre Ferme équestre de Louvain-la-Neuve ! Celui-ci n’hésite d’ailleurs pas à prendre la parole pour partager quelques connaissances avec les autres résidents.

« Nous avons déjà accueilli des chiens précédemment et nous sommes demandeurs de ce genre d’activité », confie Françoise, ergothérapeute qui a eu l’idée d’accueillir cette animation dans la maison de repos. « Les résidents qui vivent ici ne peuvent en effet pas emmener leurs animaux et bien souvent, ce contact leur manque. Par ailleurs, ce type d’animation peut rassembler du monde et apporter du bien à beaucoup de personnes, peu importe leurs éventuels problèmes. On voit d’ailleurs que beaucoup de résidents ont répondu présent aujourd’hui ! »

Pour la maison de repos, cette activité est facile et pratique à mettre en place puisqu’il n’y a pas besoin d’organiser de transport ou autre ; c’est l’animation qui se déplace au sein de l’institution. Margot est basée au sein de l’écurie Hippolibre à Coutisse mais elle voyage plusieurs fois par semaine dans toute la Wallonie et à Bruxelles avec son van et ses poneys. Elle propose ses animations thérapeutiques dans toutes sortes d’institutions comme des crèches, établissements pour personnes handicapées ou autistes, et bien sûr des maisons de repos et de soin. « Les poneys facilitent la communication, les gens se confient plus facilement en leur présence », observe régulièrement Margot. « Ils ont aussi la faculté de calmer et apaiser des personnes parfois agitées. Et dans le cas des personnes âgées, ils rappellent souvent les personnes à de bons souvenirs et les aident à se mobiliser. »

Etant éducatrice à mi-temps dans une maison de repos, c’est son expérience professionnelle et sa passion des chevaux qui ont poussé Margot à créer Equi’Lien il y a quelques mois. « J’avais évidemment vu l’histoire de Peyo (ndlr : célèbre cheval qui rend visite aux personnes malades dans les hôpitaux), qui m’a sensibilisée et inspirée », confie Margot. « Ma passion pour les chevaux m’a donné envie de me former en hippothérapie et c’est ensuite le Covid-19 qui m’a fait prendre la décision de proposer des animations dans les maisons de repos. J’ai en effet vu la détresse des personnes âgées durant cette période et je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour elles, car c’est hélas un public un peu oublié. J’avais pu constater que les personnes âgées réagissaient bien avec les chiens, donc je me suis dit que ça valait la peine d’essayer avec les chevaux ! »

Margot n’était pas encore propriétaire à l’époque, mais comme elle avait toujours souhaité un cheval pour ses 30 ans, elle a fait le choix d’un équidé adapté à son projet professionnel. C’est ainsi qu’elle a acheté Mandoline, une shetland pour qui elle a eu un véritable coup de cœur. « Elle était parfaite pour Equi’Lien de par sa taille et son caractère. J’ai fait beaucoup de travail à pied et de désensibilisation au départ pour l’habituer au bruit des cannes, à l’environnement intérieur, aux ascenseurs, etc. Il a fallu plusieurs mois de préparation mais lorsque j’ai effectué un premier test dans la maison de repos où je travaillais, cela s’est passé beaucoup mieux que je l’espérais. »

Comme les services de Margot étaient de plus en plus demandés, la jeune hippothérapeute a rapidement acheté un deuxième poney pour épauler Mandoline. Et là aussi, c’est un coup de foudre qui a guidé son choix… « Je voulais un poney plus grand pour pouvoir faire de l’équimotricité, un domaine dans lequel j’ai aussi suivi une formation. J’étais partie sur un hongre mais à l’élevage aucun ne me tapait dans l’œil. Puis il y a eu Lee, qui n’était pas à vendre car elle n’était pas en état et les éleveurs l’avaient récupérée pour la remettre d’aplomb. Elle ne m’a pas spécialement séduite au niveau physique, mais j’ai senti que c’était une perle ! »

Aujourd’hui, Margot ne regrette pas ses choix car ses deux ponettes sont complémentaires dans les activités : Mandoline a le gabarit idéal pour les chaises roulantes et a un caractère bien affirmé, alors que Lee est plus grande et plus douce. Cela permet à Margot de proposer des animations auprès de différents publics, mais aussi d’envisager d’autres projets pour l’avenir. « J’ai décidé de mettre en place des ateliers pour enfants au sein du centre Hippolibre, à Coutisse », illustre-t-elle. « Je suis également une formation en shiatsu afin de développer d’autres compétences et de pouvoir veiller encore mieux au bien-être de mes poneys. » Margot n’est en effet pas simplement intéressée par l’hippothérapie, mais par toutes les techniques et méthodes permettant d’apporter davantage de bien-être aux humains comme aux équidés.