Alexa Fairchild : « Je rêve des championnats d’Europe »

Rencontrée fin mai à l’occasion du CDIO 5* de Compiègne sur lequel elle faisait ses premiers pas dans l’équipe seniors de dressage belge, Alexa Fairchild (27 ans) s’est confiée sur son passé et sur ses ambitions futures, notamment avec Dabanos d’O4. Rencontre avec une jeune cavalière pleine d’avenir.

Alexa Fairchild
© PSV
Alexa Fairchild, vous avez obtenu votre première sélection en équipe seniors à Compiègne, réalisant deux reprises à plus de 69% et 70%. Comment êtes-vous arrivée au dressage ?

J’ai commencé à monter lorsque j’avais 5 ans au Royal Etrier Belge, à Bruxelles. Ma coach de l’époque était Fanny Verliefden. Je me souviens très bien du premier concours de saut d’obstacles que j’ai disputé à poney. Cela avait été une catastrophe ! Après cette mauvaise expérience, j’ai remporté mon premier concours de dressage avec le poney shetland, Fury de la Duchesse, qui est toujours à l’Etrier. Cette victoire a été un déclic pour me tourner vers le dressage. Quelques années plus tard, Virgine Deltour (Ndlr : qui sera sa coach plus tard) a demandé à mes parents si je possédais le passeport belge, étant née à New-York. Je possède en effet la nationalité belge mais aussi américaine. Sous les couleurs de la Belgique, j’ai alors participé à neuf championnats d’Europe en catégories Poneys, Juniors et Jeunes Cavaliers. L’un de mes meilleurs souvenirs lors de toutes ces années passées chez les jeunes est d’ailleurs la médaille de bronze décrochée avec Timor en 2013, à Compiègne, lors des championnats d’Europe Jeunes Cavaliers.

Aujourd’hui, quel est votre statut dans le monde du dressage ?

Je n’aime pas me considérer comme une cavalière professionnelle puisque pour moi les pros montent X chevaux par jours tous les jours, ce qui n’est pas mon cas. Je monte mes chevaux quatre fois par semaine et je suis d’autant plus présente en amont d’une compétition. Mais je possède aussi une marque de vêtements, « Alexa Fairchild ». Le sport de haut niveau est toutefois ce qui me motive et ce que j’aime vraiment. C’est une passion que je partage avec mes parents. Notre plaisir est d’aller sur les concours internationaux et Compiègne était d’ailleurs l’évènement que nous ne voulions surtout pas manquer cette saison !

Alexa Fairchild
© Collection privée
Quelles sont les personnes qui ont marqué votre carrière jusqu’à présent ?

Fanny Verliefden m’a beaucoup apporté dès mon plus jeune âge. Mais elle ne se sentait pas à l’aise pour m’emmener au niveau FEI. Je me suis alors tournée vers Virgine Deltour. C’est elle qui m’a entrainée et entourée lors de mes neuf championnats d’Europe chez les jeunes. Elle m’a énormément apporté. A cette époque, je faisais partie du Talent Plan de la VLP (Vlaamse Liga Paardensport, entre-temps devenue Paardensport Vlaanderen), ce qui nous permettait de nous entraîner une fois par mois chez Anky van Grunsven. J’ai alors décidé d’y partir sur du long terme, presque deux ans, pour passer le cap du Grand Prix. Grâce à Anky, j’ai appris de nouvelles bases de travail et une nouvelle technique. Cela m’a permis de monter d’un cran mon niveau. J’ai pris beaucoup de maturité dans mon équitation. Cela a été très enrichissant mais je n’ai pas vraiment eu le déclic là-bas. Alors que Fanny et Virginie s’entraînaient toutes les deux avec Wim Verwimp, j’ai décidé de m’installer chez lui et de travailler avec lui.

Vous faites cette année vos premiers pas dans le grand bain des seniors. Quels sont vos objectifs ? Comment se passe votre entraînement ?

Pour aller monter mes chevaux chez Wim, je fais plus d’une heure de voiture aller puis retour. J’y vais donc quatre fois par semaine, je m’entraîne entre 45 min et 1h. Dabanos est un cheval d’expérience qui connaît son métier. Il n’a donc pas besoin de répéter les mouvements tous les jours. Nous allons nous promener dans les praires et travaillons beaucoup sur le stretching. Nous avançons en fonction des compétitions auxquelles nous souhaitons participer. Alors que ma marque de vêtements est basée sur le rêve, mon rêve cette année serait de participer aux championnats d’Europe seniors à Hagen, en septembre prochain. Je ne souhaite cependant pas me mettre trop de pression puisqu’il s’agit de ma première année chez les seniors et ma première année en Grand Prix. J’essaie de relativiser et de profiter.

Alexa Fairchild
© Collection privée
Si l’on regarde votre fichier à la FEI, vous avez connu une longue période loin des compétitions internationales. Quelle en a été la raison ?

Il s’agissait surtout d’une période de transition vers le Grand Prix, au moment où j’étais chez Anky. Mais il est vrai que j’ai connu des hauts et des bas avec les chevaux. J’avais perdu ma motivation et j’ai même pensé tout arrêter tellement j’avais perdu confiance en moi. Lors de mes derniers championnats d’Europe, en 2015, je ne me sentais pas suffisamment bonne pour continuer. J’ai alors eu le soutien de mon copain, de mes parents et de mes amis qui m’ont dit que je ne pouvais pas arrêter après une si belle carrière et sans même avoir atteint mon objectif de sortir en Grand Prix. J’ai finalement rencontré Dabanos et cela m’a remotivée !

Dabanos d’O4 est un cheval bien connu sous les couleurs belges puisqu’il évoluait en Grand Prix avec Ona Dewaegenaere ? Comment s’est passée cette rencontre ?

C’est plutôt drôle car cela faisait de nombreuses années que plusieurs personnes nous disaient que Dabanos était le cheval qui me conviendrait parfaitement, déjà à l’époque où je cherchais un cheval pour les épreuves jeunes cavaliers. La propriétaire ne voulait pas le vendre mais les gens nous disaient que c’était le cheval qu’il me fallait ! J’ai toujours gardé son nom dans un coin de ma tête et lorsque je suis arrivée chez Wim, je lui en ai parlé puisqu’il avait entraîné Dabanos avec Ona. C’est par son intermédiaire que la rencontre a été possible. Je ne l’ai essayé qu’une seule fois et je me suis dit qu’il fallait tenter l’expérience. Je l’adore vraiment, il est assez similaire à Timor, mon ancien cheval chez les jeunes. C’est un cheval qui donne tout, il est adorable au box et il aime le contact avec l’homme, ce qui est très important pour moi. Nous avons su créer des liens entre nous.

Vous évoluez en Grand Prix depuis août 2020 avec Dabanos qui est désormais âgé de 18 ans. Avez-vous déjà pensé à sa relève ?

Dabanos est mon cheval de tête pour cette saison et peut-être la saison prochaine. En parallèle, je commence aussi à regarder pour trouver sa relève. J’ai également une jument de 15 ans, Romy, que j’ai achetée en France chez Alexandre Ayache, et un jeune cheval de 2 ans, fils de ma jument Sunrise avec laquelle je participais aux championnats d’Europe à Vidauban en 2015 et de l’étalon de Fanny, Indoctro VD Steenblok. Mais les très jeunes chevaux ne sont pas vraiment ma spécialité, je les préfère à partir de 7-8 ans (rires). Il s’agit de notre tout premier poulain donc nous ne savons pas trop ce que cela va donner, mais pour le moment il est très beau ! Mon plus grand rêve est de participer aux Jeux olympiques mais la route est encore très longue avant d’atteindre cet objectif. C’est là toute la beauté de notre sport, d’avoir des années pour nous préparer.

Vous l’avez mentionné, vous avez créé une marque de vêtements, Alexa Fairchild. Est-ce votre activité principale puisque vous ne vous considérez pas cavalière professionnelle ?

C’est une marque familiale que nous avons créée en 2017. Nous l’avons un peu laissée de côté pendant quelque temps alors que l’on rénovait une maison et que j’avais les chevaux. Nous nous sommes complètement replongés dedans depuis un an maintenant et nous allons organiser un nouveau lancement en septembre prochain. Il s’agit en effet de mon activité professionnelle principale, même si je jongle dans mon emploi du temps avec les chevaux. Le lundi et le mardi je me concentre sur cette activité puis la suite de la semaine je monte le matin et retourne travailler avec ma mère l’après-midi. Ma meilleure amie est aussi impliquée dans notre marque, ce qui est très important notamment lorsque je pars en compétition.

Alexa Fairchild et Dabanos
© PSV

J’occupe le poste de co-directrice de création et designer mais je travaille en parallèle avec un designer indépendant qui m’aide sur les dessins techniques. Aujourd’hui, nous travaillons beaucoup avec de l’échantillonnage que nous envoyons en Italie chez un designer qui réalise les croquis afin de produire les vêtements. Le thème de notre marque est plutôt sport chic avec un héritage équestre. Par exemple, les coutures de nos pulls en cachemire recyclé sont inspirées des coutures réalisées sur les selles d’équitation. Si certains de nos vêtements peuvent être portés pour monter à cheval, il ne s’agit pas de la cible principale mais nous essayons toujours d’inclure le cheval dans nos photos de promotion et de pub. Il existe beaucoup de vêtements pour monter à cheval mais personnellement je n’aime pas rester dans ma tenue d’équitation ou mon pantalon blanc lorsque je suis en concours. J’aime pouvoir me changer et porter des vêtements agréables et c’est aussi pour cela que la marque a été pensée.

Elodie Muller

Journaliste équestre depuis une dizaine d’années, spécialiste dressage, Elodie n’en reste pas moins une admiratrice de toutes les disciplines équestres. Après avoir évolué en compétition de saut d’obstacles et concours complet, c’est vers le dressage qu’elle s’est finalement tournée, restant malgré tout une grande adepte des sorties en extérieur.