La Suède domine l’Officiel de France de dressage à Compiègne

C’est la France qui a accueilli ce week-end le premier concours international de dressage européen de niveau 5* depuis mars 2020. Compiègne organisait même l’Officiel de France avec une Coupe des nations et une compétition individuelle dominées sans trop de surprise par la Suède. La Belgique, elle, est à créditer d’une bonne prestation d’ensemble dans l’Hexagone.

Patrik Kittel à Compiègne
Patrik Kittel et Well Done de la Roche CMF (© PSV)

Si la première étape du circuit Coupe des nations FEI s’est tenu en mars dernier à Wellington, aux Etats-Unis, le deuxième rendez-vous de cette compétition par équipes était fixé en France, à Compiègne, au nord de Paris. Onze nations devaient initialement être représentées à Compiègne avant que l’équipe américaine n’annonce son retrait de la compétition. En effet, alors qu’une épizootie de rhinopneumonie équine faisait encore rage il y a quelques semaines en Europe, les organisateurs du CDIO 5* de Compiègne demandaient aux cavaliers de présenter un test PCR à l’EHV-1 négatif pour tout cheval qui devait participer à la compétition.

A la suite de leurs tests, les Américains ont annoncé qu’en raison de résultats peu concluants, ils ne prendraient pas le risque de venir sur le site des Internationaux de dressage de Compiègne. Ce sont donc dix nations qui se sont affrontées sur deux jours de compétition et trois épreuves, le Grand Prix, le Grand Prix Spécial et la Libre. Comme cela sera le cas aux Jeux olympiques de Tokyo, les organisateurs avaient imposé que les nations présentent des équipes composées de trois couples. A quelques semaines du début des épreuves olympiques au Japon, certaines nations avaient alors choisi de peaufiner leur préparation sur le seul CDIO 5* français, à l’image des Danois, des Suédois, des Japonnais, des Portugais ou encore des Français.

Sans trop de surprise, la bataille a fait rage entre les favoris danois et suédois dès le Grand Prix puisque Patrik Kittel s’imposait avec sa jument de tête, Well Done de la Roche CMF, avec un score de 78,065%. Autres couples que l’on devrait retrouver dans moins de deux mois au Japon, les Danois Carina Cassoe Krüth avec Heiline’s Danciera, deuxième avec 77%, et Cathrine Dufour avec Bohemian, troisième avec une note de 76,500%. Grâce au troisième score de 73,435% de la troisième paire danoise, Charlotte Heering et Bufranco (6e), le Danemark pointait alors en tête du classement provisoire par équipe devant la Suède et le Portugal. Trois nations en pleine préparation olympique.

Le podium de la Coupe des nations de Compiègne
Le podium de la Coupe des nations du CDIO 5* de Compiègne (© PSV)

Désillusion danoise

Dimanche, pour la deuxième et dernière journée du CDIO 5*, la compétition s’annonçait passionnante puisqu’un seul point séparait les leaders provisoires au classement. Pour définir le classement définitif de cette Coupe des nations, les résultats du Grand Prix venaient s’additionner à ceux du Grand Prix Spécial et de la Reprise Libre en musique, deux épreuves au programme de cette dernière journée de concours. Pourtant classé à la sixième place mondiale, le couple Cathrine Dufour et Bohemian n’échappera pas à la dure loi du sport puisque la paire sera éliminée.

Alors que la cloche avait déjà retenti, le hongre de 11 ans a paniqué, ne voulant plus mettre un pied devant l’autre. Après plusieurs minutes, la cloche du juge en C retentissait à nouveau pour signaler l’élimination de la paire danoise. Un coup dur pour Cathrine Dufour, dont Compiègne devait être l’ultime compétition avec Bohemian avant de s’envoler pour Tokyo, mais aussi pour l’équipe danoise qui perdait par ailleurs toute chance de victoire dans la Coupe des nations. Les Danois pouvaient malgré tout se satisfaire de la très belle prestation de Carina Cassoe Krüth, en selle sur Heiline’s Danciera, qui remportait ce Grand Prix Spécial avec la très belle moyenne de 77,872%.

« Danciera va désormais profiter d’un peu de repos avant de rejoindre le stage de préparation pour Tokyo de l’équipe danoise puis de partir pour Aix-la-Chapelle pour la quarantaine », confiait la cavalière qui partage le quotidien de sa fille de Fürstenball depuis de nombreuses années. « Elle est arrivée au travail à 4 ans alors qu’elle n’était montée que depuis un mois après avoir eu un poulain. Nous avons participé aux championnats du monde à 5, 6 et 7 ans. Elle a pris la quatrième place à 5 et 7 ans mais nous n’avions aucune idée qu’elle deviendrait une jument aussi incroyable. »

« Elle a toujours eu bon caractère mais je ne savais pas ce qu’elle allait donner au piaffer et au passage, d’autant que je n’ai commencé à travailler le piaffer que lorsqu’elle avait 7 ans car je ne la pensais pas prête avant cela. Cela a finalement été une surprise de voir à quel point elle était douée et à quel point elle apprenait tous les exercices très vite ! Ce n’est pas une jument sensible, je dois quand même la monter mais elle me laisse faire, elle écoute les aides et nous nous connaissons tellement bien que je sais toujours à quoi m’attendre lorsque je monte sur son dos. Nous formons une vraie équipe ! »

L'équipe suédoise victorieuse à Compiègne
L’équipe suédoise victorieuse à Compiègne (© PSV)

Le Portugal saisit sa chance

Le Danemark écarté, le champ était alors libre pour que la Suède remporte cette Coupe des nations de Compiègne. Dans la Reprise Libre en Musique, Patrik Kittel n’a laissé que des miettes à ses concurrents, sortant de piste avec une note de 81,455% et une victoire à la clé. En additionnant les classements du Suédois à ceux de ses deux coéquipières, Juliette et Antonia Ramel, engagées dans le Grand Prix Spécial (2e et 4e avec Buriel KH, 76,681% et Brother de Jeu, 74,787%), l’équipe suédoise montait alors sur la plus haute marche du podium.

L’élimination du Danemark a aussi profité aux trois couples portugais – Maria Caetano avec Fenix de Tineo (8e du Spécial 70,574%), Rodrigo Torres avec Fogoso Horsecampline (10e du Spécial 69,872%) et Joao Miguel Torrao avec Equador (2e de la Libre, 77,490%) – qui montaient sur la deuxième marche du podium. « C’est la première fois que je déroulais cette reprise en musique et tout s’est très bien passé, je suis très content du résultat », signalait Joao Miguel Torrao. Le cavalier espère que cette performance sera suffisante pour le propulser dans l’équipe portugaise pour Tokyo. « C’est très encourageant », lâchait-il. Le podium de ce CDIO 5* a été complété par les Britanniques Charlotte Fry avec Dark Legend, Emilie Faurie avec Dono Di Maggio OLD et Louise Anne Bell avec Into the Blue.

L'équipe portugaise à Compiègne
L’équipe portugaise (© PSV)

La Belgique mise sur l’Europe

Face à cette très belle concurrence européenne, les couples belges n’ont pas démérité. Ils ont présenté des reprises très homogènes laissant apparaître une très belle marge de progression. Composée de Larissa Pauluis avec Flambeau, Alexa Fairchild avec Dabanos D’O4 et Domien Michiels avec Intermezzo Van Het Meerdaalhof, l’équipe belge a pris une belle quatrième place à l’issue des trois épreuves. Dans le Grand Prix, la meilleure performance a été réalisée par Domien Michiels qui se classait 13e avec une note de 70,152%. De leurs côtés, Larissa et Alexa se classaient 16e (69,870%) et 18e (69,543%).

Dans le Grand Prix Spécial, les deux cavalières réalisaient de bonnes reprises, se classant respectivement 9e (70,277%) et 12e (69,042%), tandis que Domien réalisait la très belle performance de se classer 7e de la Libre avec une note de 74,635%. Des résultats plus que satisfaisants pour le chef d’équipe, Jeroen Van Lent. « Je suis super content, d’autant que l’équipe était composée de nouvelles combinaisons. Petit à petit les notes augmentent et les points que les cavaliers ont obtenus ne viennent pas de nulle part, ils ont travaillé pour cela, rien n’est jamais facile pour nous ! »

« Il y a encore des petites fautes mais ils ont bien travaillé, nous sommes super contents d’être quatrièmes ! Quand on voit le cheval de Larissa, on sait qu’il a encore une belle marge de progression. C’est un cheval qui pourrait obtenir 74 ou 75% sans problème. Domien, lui, est toujours très régulier dans des points de 70 et 71%. Il forme un beau couple avec son cheval, c’est très stable, on ne voit rien, c’est une belle équitation. »

Alexa Fairchild à Compiègne
Alexa Fairchild et Dabanos d’O4 (© PSV)

« Quant à Alexa et Dabanos, c’est une combinaison qui fonctionne très bien, un très joli couple. Le cheval a beaucoup d’expérience mais Alexa est la seule cavalière qui parvient à le faire marcher au pas. Et pourtant le monde entier l’a monté avant elle ! Cela reste encore le point faible du cheval mais je trouve que les juges restent sur leurs impressions passées car aujourd’hui, dans le pas allongé, il n’y avait rien à dire. Je trouve cela dommage. »

Et le chef d’équipe belge rappelle que si trois couples étaient engagés dans la Coupe des nations à Compiègne, de nombreuses paires prometteuses sont encore restées à la maison. « L’engouement est grandissant en Belgique. Laurence Roos reste prioritaire pour partir à Tokyo avec Fil Rouge mais nous avons aussi beaucoup de couples que j’aimerais tester en vue des championnats d’Europe de Hagen en septembre. Je pense ainsi mettre deux nouveaux couples dans la Coupe des nations de Rotterdam, début juillet, aux côtés de Laurence qui enchaînera directement avec la quarantaine à Aix-la-Chapelle », détaille Jeroen Van Lent.

Un sentiment de progrès en Belgique partagé par Larissa Pauluis. « Les choses bougent, nous ne sommes pas ridicules, le dressage est vraiment en train de remonter. Nous avons de bons chevaux et de bons cavaliers et surtout, nous en avons de plus en plus. La semaine prochaine, nous avons un stage avec Norbert Van Laak auquel participeront vingt-cinq couples de Grand Prix, c’est génial ! », insiste celle qui se disait aussi satisfaite de ces quelques jours passés à Compiègne.

« Je pense que Flambeau a réalisé un très bon Grand Prix. Je trouve franchement que je n’ai pas eu assez de points lorsque je vois la qualité du piaffer et du passage. Dans le Spécial, il était plus tendu et cela s’est ressenti dans le contact. Je ne savais pas le monter plus, il ne suivait pas assez ma main mais ce sont des choses qui se travaillent. Il n’a pas beaucoup d’expérience en concours. Flambeau est passé de zéro au Grand Prix puisque je n’ai déroulé que quelques Saint Georges et Inter I avant cela. Il est délicat, il doit prendre de la bouteille mais je pense que dans un an il se laissera plus monter et il sera alors incroyable. »

Et Larissa a déjà les yeux rivés sur les championnats du monde qui se tiendront à Herning, au Danemark, l’année prochaine. « Si nous sommes sélectionnés pour le championnat d’Europe cette année nous irons bien évidemment, mais je vise surtout les Jeux mondiaux l’année prochaine avec lui », conclut-elle. Tout comme de très nombreux autres couples belges, Larissa prendra le départ du CDI 4* du Mans avec ses deux chevaux, Flambeau et First Step Valentin, du 17 au 20 juin.

Elodie Muller

Journaliste équestre depuis une dizaine d’années, spécialiste dressage, Elodie n’en reste pas moins une admiratrice de toutes les disciplines équestres. Après avoir évolué en compétition de saut d’obstacles et concours complet, c’est vers le dressage qu’elle s’est finalement tournée, restant malgré tout une grande adepte des sorties en extérieur.