Vermifuges : les pratiques évoluent

Beaucoup de propriétaires ont pris l’habitude d’utiliser les vermifuges chez leurs chevaux tous les trois mois pour lutter contre les maladies engendrées par les parasites digestifs. Mais aujourd’hui, cette méthode est remise en question, notamment parce que certains parasites sont devenus résistants aux vermifuges. On lui préfère de nouvelles pratiques axées sur une vermifugation plus raisonnée et surtout plus adaptée aux besoins des chevaux. Explications :

Pour que les vermifuges soient efficaces, il ne suffit pas de les administrer régulièrement ! On sait en effet qu’il est important de tenir compte de la saison et de l’âge du cheval, mais aussi d’appliquer un protocole cohérent au sein de l’écurie entière.

Par ailleurs, la vermifugation systématique est aujourd’hui remise en question et même déconseillée pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les molécules disponibles sur le marché permettent seulement de lutter contre un nombre limité de parasites. Ensuite, la vermifugation systématique favorise l’apparition de résistances aux vermifuges chez certains types de parasites comme les petits strongles et les ascaris. Si les résistances continuent à se développer, elles pourraient menacer l’efficacité des vermifuges et la santé des équidés, car elles sont généralement irréversibles.

C’est pourquoi aujourd’hui, de plus en plus de vétérinaires et scientifiques recommandent d’avoir recours à ce qu’on appelle une vermifugation « raisonnée ». Cette méthode peut aussi aider à préserver l’environnement, car certaines substances antiparasitaires relâchées dans la nature via les crottins peuvent avoir un impact négatif sur la biodiversité.

Les principes de la vermifugation raisonnée

La vermifugation raisonnée consiste à remplacer les vermifuges systématiques tous les 2, 3 ou 4 mois par une utilisation plus ciblée en fonction des chevaux, du terrain, de la saison,…

Par exemple, on peut se passer de vermifuger en hiver car les larves de parasites sont moins présentes à cette période de l’année et il y a donc moins de risque que les chevaux soient infestés. 

Il est aussi important de faire une distinction entre les chevaux. En général, on préconise de vermifuger systématiquement (3 à 4 fois par an) les jeunes chevaux jusqu’à 3 ans car ceux-ci possèdent une immunité plus faible.

Chez les adultes, on pourra cibler la vermifugation sur les chevaux qualifiés de « forts excréteurs », c’est-à-dire ceux qui dégagent beaucoup d’œufs de parasites dans leurs crottins. Selon l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Equitation), seulement 20% des équidés adultes sont de forts excréteurs, mais leur impact est considérable puisqu’ils sont responsables de 80% de la contamination de leur environnement. Il est donc important d’identifier ces chevaux qui devront être vermifugés plus régulièrement.

La détection des chevaux forts excréteurs s’effectue principalement grâce à la coproscopie, c’est-à-dire l’analyse des crottins. Les échantillons peuvent être envoyés et traités dans différents laboratoires pour un coût généralement égal ou inférieur à celui d’un vermifuge.

Selon les modes d’hébergement (pré, boxe,…), la sollicitation des prés, la fréquence des arrivées de nouveaux chevaux, etc, ces analyses parasitaires seront plus ou moins fréquentes. Les coproscopies sont en tout cas nécessaires pour mettre en place un protocole de vermifugation avec l’aide de son vétérinaire. Ce dernier pourra indiquer quels chevaux vermifuger, à quelle fréquence et avec quelle molécule. Le vétérinaire pourra aussi déterminer le bon dosage du vermifuge, car celui-ci doit être adapté au poids du cheval pour être efficace.

D’autres bonnes pratiques

Au-delà de l’utilisation des vermifuges, il est également très utile de bien gérer ses prairies si l’on souhaite limiter les risques d’infestations aux parasites.

Voici quelques bons gestes à adopter :

• éviter le surpâturage, c’est-à-dire ne pas mettre trop de chevaux dans un même pré
• ramasser les crottins (très efficace pour limiter la contamination de l’environnement par les parasites)
• tester les nouveaux chevaux et les vermifuger si besoin
• utiliser le copâturage ou le pâturage alterné avec des ruminants car ceux-ci ne sont pas exposés aux mêmes parasites que les chevaux
• faire des groupes de chevaux immunisés (adultes) et moins immunisés (poulains) et alterner pour attribuer les pâtures les plus saines aux équidés les plus sensibles