A table au rythme des chevaux Ardennais
En 2014, Laetitia, Geoffrey et leurs deux filles ont lancé un projet d’éco-tourisme dans la commune de Daverdisse, à mi-chemin entre Dinant et Bouillon. Avec les chevaux de traits Ardennais comme partenaires, ils ont créé Le Chariot à fondue, un concept original qui attire les foules. Le restaurant ambulant propose de découvrir les produits, les paysages et les chevaux des Ardennes belges.
Dans notre société toujours plus motorisée, les chevaux de trait qui animaient autrefois nos campagnes sont plus que jamais à la recherche de perspectives d’avenir. Si beaucoup sont au chômage, quelques-uns ont en revanche trouvé un lieu de reconversion professionnelle dans les Ardennes belges. C’est dans le secteur du tourisme qu’ils gagnent leur picotin. Embauchés par Le Chariot à fondue, une dizaine d’Ardennais travaillent avec Laetitia et Geoffrey pour offrir un moment insolite à leurs clients : un repas du terroir à déguster le temps d’une balade en chariot.
« À 38 ans, j’ai suivi une formation à Libramont comme débardeur. Nous sommes allés en forêt pendant six ans avec mon mari qui est bûcheron. Nous travaillions partout en Belgique avec nos chevaux. Nous faisions des heures impossibles », raconte Laetitia Deprelle. « En 2014, nous devions absolument rebondir et nous avons décidé de redynamiser notre entreprise. C’est mon mari qui a vu un reportage sur ce concept des chariots à fondue tirés par des chevaux de traits en Suisse. Nous avions déjà deux Ardennais, nos deux filles étudiaient l’hôtellerie, nous nous sommes donc lancés. »
Travailler au pas des chevaux Ardennais
Pour Laetitia qui a toujours voulu travailler avec les chevaux de trait et partager sa passion, évoluer avec eux au quotidien est un cadeau. « Ils sont toujours de bonne humeur, c’est un plaisir. Ce sont des bons compagnons de travail », sourit-elle. « Les chevaux de trait ont besoin de travailler. Quand nous prenons des congés, ils sortent des pâtures et reviennent à l’écurie parce qu’ils s’ennuient. Il faut les occuper. »
Et cette occupation, c’est le travail. Au Chariot à fondue, il y a deux services par jour le jeudi, vendredi, samedi et dimanche. À midi comme en soirée, les chevaux s’élancent pour une balade de 12 kilomètres dans la commune de Daverdisse. Attelés à deux ou à trois à des chariots de deux tonnes, les Ardennais partent pendant deux heures et demie de promenade avec une pause de trente minutes permettant aux meneurs d’abreuver et nourrir les chevaux.
Durant le travail, les chevaux reçoivent une alimentation composée d’électrolytes, qui leur permettent de récupérer plus vite. Pour Laetitia et son mari, le plus important est d’avoir des chevaux en bonne santé, et cela passe par l’alimentation mais aussi par les soins maréchaux. Toutes les deux semaines, leur maréchal-ferrant vient donc vérifier que toute la cavalerie est apte à reprendre la route. Une rigueur nécessaire pour travailler dans les meilleures conditions !
À toute épreuve
Pour atteler en extérieur et qui plus est transporter une dizaine de personnes en plein repas, le couple luxembourgeois a besoin de chevaux sur qui ils peuvent compter les yeux fermés. « Nous connaissions par cœur nos deux Ardennais de débardage avec lesquels nous avons débuté l’activité », souligne Laetitia. « Un jour, le mors de Marquis (mon premier cheval, aujourd’hui pensionné), s’est brisé en pleine côte et je suis rentrée à la voix. Dans ces cas-là, il faut juste avoir confiance en son cheval », poursuit-elle encore hilare.
« Aujourd’hui, nous avons treize chevaux, dont six qui peuvent atteler. Les autres profitent de leur retraite ou sont encore trop jeunes pour tirer le chariot. Nous avons en effet la chance de pouvoir faire naître nos poulains. » L’objectif de Laetitia et Geoffrey est d’obtenir des chevaux plus légers que l’Ardennais mais aussi robustes et possédant le même mental à toutes épreuves. « Nous produisons des Ardennais F1 Cob », explique l’éleveuse. « Nous mettons un étalon Cob Normand avec nos juments ardennaises. Cela nous donne un bel équilibre et des chevaux endurants. »
« Nous débourrons nos poulains dès la naissance en les manipulant. Ensuite, lorsqu’ils sont plus âgés, nous y allons progressivement. Nous leur faisons tracter un pneu, puis un petit sulky, jusqu’à ce qu’ils soient prêts à tirer en paire. Mais nous ne faisons pas travailler les jeunes chevaux tous les jours. Un jour sur deux ou trois, c’est suffisant. Le but est qu’ils aient envie de travailler, cela ne sert à rien de les dégoûter », ajoute la Luxembourgeoise. Pour travailler l’endurance, les nombreux kilomètres passés au pas permettent d’ouvrir les poumons des chevaux et de conserver un rythme cardiaque très bas. « Pour l’endurance, il n’y a rien de mieux que la marche ! »
Pour en savoir plus sur le Chariot à fondue, rendez-vous sur leur site internet !