Bilan : l’endurance belge continue de briller à l’international
L’endurance est à la fois la deuxième discipline équestre la plus pratiquée au monde, et la deuxième locomotive belge en matière de performances internationales ! Pierre Arnould, spécialiste de la discipline et ex-chef de l’équipe belge (fonction qu’il a exercée durant 20 ans), nous livre ci-dessous sa synthèse et son bilan des performances internationales belges en endurance durant l’année 2021. Malgré un nombre restreint de cavaliers, les résultats étaient à nouveau au rendez-vous et la relève semble prometteuse. L’exode des athlètes belges d’endurance vers l’étranger continue quant à lui à se poursuivre…
En 2021, l’endurance belge comptait un nombre de pratiquants restreints et la saison a été marquée par des perturbations inhérentes aux mesures sanitaires. Malgré cela, force est de constater que l’émulation des représentants internationaux de la FRBSE reste intacte. L’an dernier, parmi les 280 licences de compétitions belges d’endurance, pas moins de 40 étaient de niveau international. Même s’ils étaient 10 de moins qu’en 2020, ces 40 athlètes (au profil essentiellement féminin et francophone) ont pris 146 départs en CEI en 2021 et se sont classés 95 fois, soit un ratio de réussite de 65% – ce qui est légèrement plus élevé que la moyenne globale.
Au-delà du simple classement ou de la qualification permettant de passer au niveau supérieur, on retiendra surtout que les internationaux belges ont collecté un nombre de places d’honneur rarement atteint : 34 podiums dont 12 victoires dues à Louna Schuiten (3) Karin Boulanger (2), Clara Darmstaedter (2), Elisabeth Hardy, Emeline Mottet, Romane Yernaux, Stéphanie Wilmotte et Lara Lemaire.
Sur les championnats internationaux, la Belgique n’avait qu’une seule représentante, Louna Schuiten, au Mondial senior de Pise en mai, mais elle a par contre aligné une équipe complète au championnat d’Europe à Ermelo en septembre (55 partants, 28 classés). Louna Schuiten (10ème), Steve Peignat (15ème), Peter Bastijns (16ème), Romane Yernaux (28ème) et Bruno Van Gestel étaient sous la direction de Philippe Maquet et ont failli remporter une médaille de bronze. Ils se sont finalement classés en quatrième position. Cette médaille de bronze par équipe, c’est le trio juniors composé de Clara Darmstaedter (11ème), Clémentine Truffet (29ème) et Laura Lenges (31ème), qui l’a obtenue la veille au même endroit, à l’issue du championnat du Monde des jeunes cavaliers (74 partants, 38 classés). Un réel exploit (toujours orchestré par Peter Bastijns et Philippe Maquet) puisque, n’étant que trois sur la ligne de départ, nos amazones devaient coûte que coûte éviter toute élimination individuelle et rentrer leurs trois chevaux Tabal du Courtisot, Tamtam du Coutillas et Tarek Rabba.
Un couple belge parmi les 10 meilleurs mondiaux
En ce qui concerne les rankings de la FEI, ceux de l’année écoulée ont été clôturés au 31 décembre 2021 pour toutes les disciplines, sauf pour l’endurance. A l’instar de nombre de fédérations nationales, d’associations de cavaliers ou d’écuries pros, nous considérerons donc les classements établis au 30 novembre 2021 comme ceux de référence pour l’année écoulée. Dans ces classements de régularité, le podium belge senior au sein du ranking des athlètes (2.396 classés) est constitué d’Elisabeth Hardy (32ème), de Louna Schuiten (71ème) et de la toujours hyper compétitive Karin Boulanger (63 printemps, 112ème). Chez les juniors (368 classés), nos trois médaillées de bronze d’Ermelo forment le trio gagnant : Clara Darmstaedter est 22ème, Clémentine Truffet 136ème et Laura Lenges 144ème.
Dans les rankings seniors consacrés aux couples cavalier-cheval (3.988 classés), on retrouve parmi les 3 premiers Belges Steve Peignat avec Essaouira de Madigou (62èmes FEI), Karin Boulanger avec Ph.Ibn Jadara’h (69èmes FEI) et Nicolas Willems avec Aida (142èmes FEI). Quant au seul Top 10 belge, on le doit à la junior Clara Darmstaedter et à son fantastique Tabal du Courtisot (propriété de Brigitte et Jean Pierre Branly), qui apparaissent en 7ème position des combinaisons juniors (sur 594). A Ermelo, Clara était la plus jeune des athlètes et Tabal le plus petit des chevaux. Ce dernier se classe 7ème FEI des 574 chevaux juniors repris, mais dommage pour la Belgique, il est … français. Ceci dit, il s’entraîne depuis plusieurs saisons aux Alizés, en Forêt de Soignes, sous la direction de Karin Boulanger, tout comme Clara Darmstaedter et Céline Derème (1ère saison internationale seniors en 2021, 264ème FEI et 7ème Belge) ainsi qu’une kyrielle de chevaux et de cavaliers internationaux et nationaux. Sans oublier Louna Schuiten, établie en Bretagne depuis fin 2018 (aux écuries de son compagnon, l’entraîneur Pierre Auffret), mais qui a fait toutes ses classes aux Alizés, depuis l’âge de 5 ans, jusqu’à celui de 25 ans.
De plus en plus de cavaliers belges d’endurance à l’étranger
A y regarder de plus près, le cas de Karin Boulanger et de son équipe est devenu étrangement et paradoxalement atypique puisque les Alizés constituent l’une des seules écuries d’endurance internationales belges encore présentes sur le sol de Belgique (avec entre autres Spirit Arabians à La Roche, Dynamic Endurance à Houyet, les Sauvlons à Gerpinnes ou les Écuries du Radu à Lamorteau). Outre Louna Schuiten, la France accueille également Elisabeth Hardy, Céline Just, Dominique Evrard, Wendy Fallon et ses filles Dune et Colline White (South Park Stables). Quant à Bruno Van Gestel, il y séjourne plusieurs mois par an dans la région d’Albi. Steve Peignat et son épouse, Emeline Mottet, viennent d’acquérir les anciennes installations du haras du Barthas (Rodez). Le déménagement bat son plein durant cet hiver. Patricia Gueret, cavalière internationale bien remarquée cette saison, vétérinaire des équipes nationales et propriétaire du meilleur réservoir belge de chevaux d’endurance (Haras de l’Eau Noire à Cul-des-Sarts, Couvin), réside sur la frontière franco-belge et développe l’essentiel de ses activités d’éleveuse Outre-Quiévrain. Quant à Peter Bastijns (écuries Alborada), bien qu’originaire de Leuven, il vit depuis 20 ans en Espagne, à mi-chemin entre Valence et Alicante. Cette situation illustre malheureusement le désamour et le manque de structures dont l’endurance belge souffre au sein de sa propre nation.
Une relève qui semble assurée
Parmi les résistantes à cet exode (mais pour combien de temps encore ?), il y a Clara Darmstaedter, âgée de 15 ans et résidente du Brabant wallon, à 100 mètres à peine de l’écurie des Alizés. Elle se classait déjà en 2020 dans le Top 20 mondial FEI junior pour sa première saison de CEI. L’année 2021 a confirmé le potentiel de cette cavalière formée dès l’âge de 6 ans chez Tic-Tac Poney à Ittre et apparue aux Alizés quand elle avait 11 ans.
Clara fait partie des 5 nominés pour le titre de « Rookie » (révélation) 2021 qui sera octroyé par la FRBSE le 6 mars prochain. Au vu de son âge, de son parcours, de sa personnalité, de ses résultats et de la discipline qu’elle pratique et représente, il s’agirait d’un choix reconnaissant. Non seulement pour Clara mais également pour l’ensemble de l’endurance belge, une discipline trop souvent négligée, voire ignorée, alors qu’elle constitue la deuxième communauté sportive de la FEI et, après le saut d’obstacles, la deuxième locomotive à performances internationales de la FRBSE, bien devant le complet ou le dressage. 2021 n’a certainement pas dérogé à ce constat, même s’il y a encore bien des efforts à réaliser pour la Belgique afin de rivaliser, d’égal à égal, avec les grandes nations que sont la France, l’Espagne ou les Émirats arabes unis.
Au vu de la saison écoulée, nos cavalières et nos cavaliers semblent bien décidés à les entreprendre. D’autant qu’à côté des valeurs sûres, apparaissent des candidats à la relève. Au plus haut niveau senior (160 kms), Nicolas Willems, Dominique Evrard, Faye Van de Walle ou Dany Droghini bénéficient de montures qualifiées (ou presque) pour les grands championnats. Céline Derème, Sam Seghers, Lisa Van Gestel ou Julie Schouppe constituent, aux côtés des désormais ex-juniors Clémentine Truffet et Laura Lenges, une nouvelle génération de « jeunes » seniors, elle-même boostée par de nouveaux juniors piaffant d’impatience, comme Lara Lemaire (étoile montante de l’Écurie des Sauvlons), Zoé Snoeck ou Line Dubois. Reste le plus difficile : la concrétisation !