Assouplir son cheval et améliorer ses tracés grâce aux serpentines
Les serpentines font partie des figures classiques de manège, mais l’on oublie parfois à quel point elles sont intéressantes dans le travail quotidien et pour toutes les disciplines ! En plus d’assouplir le cheval, elles permettent en effet de travailler les tracés et offrent diverses déclinaisons plus ou moins techniques. Françoise Hologne-Joux, cavalière de Grand Prix et coach de dressage, nous livre ses conseils pour réaliser et utiliser au mieux les serpentines lors de vos séances d’entrainements ou vos compétitions.
A première vue, les serpentines sont une figure de manège plutôt basique et la plupart des cavaliers ne s’attardent pas sur cet exercice. Pourtant, il n’est pas si facile de bien les exécuter car les serpentines demandent à la fois de la souplesse, de la régularité et beaucoup de précision dans le tracé car chaque boucle doit être égale.
Avant d’aller plus loin, revenons tout d’abord sur ce qu’est la serpentine : on peut la définir comme un tracé constitué d’une série de demi-cercles que l’on peut enchaîner soit sur toute la largeur de la piste et d’un petit côté à l’autre, soit le long d’un grand côté en ne dépassant pas la ligne du quart du manège. Dans certaines reprises, les serpentines peuvent aussi être effectuées de part et d’autre de la médiane de la piste, mais sans rejoindre les petits côtés.
Souvent, les serpentines comptent trois ou quatre demi-cercles et plus ceux-ci sont nombreux, plus l’exercice est technique car les tournants sont serrés. Un nombre impair de demi-cercles entrainera un changement de main à l’issue du mouvement, alors que si le cavalier réalise un nombre pair de boucles il finira sa serpentine à la même main.
Attention au tracé et à la régularité
Comme le souligne Françoise Hologne-Joux, cavalière de Grand Prix et coach de dressage, « la technicité d’une serpentine dépend non seulement du nombre de boucles, mais aussi de l’allure à laquelle on l’exécute. On peut en effet réaliser le mouvement aux trois allures mais, au galop, les différents changements de direction au cours de la serpentine impliqueront inévitablement des changements de pied ou du contre-galop. »
Les serpentines au galop sont donc réservées aux chevaux et cavaliers d’un certain niveau, mais par contre tout le monde peut aborder l’exercice au pas et au trot en commençant par des boucles pas trop nombreuses ni trop serrées. Le mouvement est intéressant à travailler à plusieurs points de vue, notamment « pour améliorer la maniabilité et l’incurvation du cheval, ou encore pour perfectionner les tracés et le sens de la géométrie du cavalier », souligne Françoise Hologne Joux.
Pour exécuter une bonne serpentine, la coach et cavalière de dressage explique qu’il « faut veiller à bien maitriser le changement d’incurvation entre chaque demi-cercle : on remet le cheval droit une foulée, puis l’on incurve le cheval dans l’autre sens. Il faut aussi maintenir une allure régulière tout au long de la serpentine, garder son cheval en équilibre et le faire tourner autour de sa jambe intérieure. »
Solutionner les problèmes
Réunir tous ces ingrédients n’est pas toujours facile, voici donc les principaux conseils de Françoise Hologne-Joux en cas de difficultés :
- si le cavalier a du mal à exécuter des boucles et un tracé réguliers, il peut s’aider à se repérer grâce aux lettres du manège. Dans un premier temps, on peut aussi utiliser des cônes pour « baliser » la serpentine.
- si le cheval ne change pas d’incurvation de manière fluide entre les boucles, on peut retravailler ce mouvement sur des 8 de chiffre. Le cavalier doit aussi veiller à utiliser sa jambe intérieure pour maintenir l’équilibre du cheval et sa mise en main.
- si le cheval accélère dans les changements, on le contrôlera par des demi-arrêts. A l’inverse, on soutiendra un cheval qui freine en fermant les jambes. Il faut toutefois veiller à ne pas mettre le cheval en difficulté avec des boucles trop serrées par rapport à son niveau et/ou son physique.
- si le cheval a tendance à déborder avec ses hanches dans les courbes, on contrôlera l’arrière-main avec la jambe opposée. Si par contre le cheval déborde avec les épaules, on utilisera plutôt les mains pour replacer celles-ci en face des hanches. Le cheval ne doit pas seulement être incurvé dans son encolure, mais dans tout son corps.
- si le cheval a du mal à s’incurver à une main, on peut faire une volte complète de ce côté avant de passer au demi-cercle suivant et de changer d’incurvation.
Quelques idées de variantes de serpentines
Les serpentines se déclinent presque à l’infini ! On peut en effet varier le nombre de boucles, l’endroit où l’on effectue le mouvement ou encore l’allure. Mais on peut aussi intégrer des transitions entre ou dans l’allure au cours de la serpentine, ou encore ne pas changer l’incurvation, « ce qui permet de travailler la maniabilité et le déplacement des épaules », précise Françoise Hologne-Joux. « En faisant une serpentine au galop avec des boucles larges le long du grand côté de la piste, on peut aussi apprendre au cheval à changer de pli sans changer de pied. »
Bref, les possibilités sont très nombreuses et peuvent s’adapter aux besoins de chaque cavalier et chaque cheval. Il faut cependant veiller à toujours rester progressif et ajouter de préférence une seule difficulté à la fois. Par ailleurs, en cas de problème, il ne faut pas hésiter à revenir à un mouvement plus simple pour s’assurer que le cheval est en confiance et a bien compris ce qu’on lui demande.