Mycose des poches gutturales : une maladie fatale mais évitable
Rare mais trop souvent fatale, la mycose des poches gutturale est méconnue des propriétaires de chevaux. Ses signes cliniques sont assez discrets mais caractéristiques et interpellants. Il est essentiel qu’un examen approfondi soit réalisé lors de leur apparition afin de réagir au plus vite. L’opération est généralement la meilleure solution et présente un taux de réussite élevé.
Peu de personnes ont déjà entendu parler des poches gutturales, et rares sont celles qui savent où elles se situent chez le cheval ! Il s’agit de cavités situées entre le pharynx et l’oreille interne, soit au niveau de la gorge du cheval. Difficilement accessible, cette zone de l’anatomie équine est le lieu où passent d’importants nerfs et vaisseaux sanguins. Mais malgré leur inaccessibilité, les poches gutturales sont très accueillantes pour certains champignons, engendrant des mycoses dangereuses.
En effet, en se développant dans ce centre névralgique, les mycoses risquent d’engendrer l’érosion des artères qui y passent, ce qui peut être fatal pour le cheval. «La mycose des poches gutturales est une maladie rare, c’est pourquoi peu de propriétaires la connaissent. C’est une infection fongique qui ne provoque pas immédiatement de signes cliniques, mais quand le champignon se développe les signes vont apparaître, et finalement si un traitement n’est pas mis en place immédiatement ça peut être fatal. Il semble y avoir un changement saisonnier dans le nombre de cas, donc c’est possible aussi que ce nombre change également d’année en année, sans que nous sachions vraiment pourquoi», explique la vétérinaire Kira Madsen, spécialiste en orthopédie et chirurgie équine à la Clinique De Morette.
Comment détecter la mycose des poches gutturales ?
Invisible à l’oeil nu, la mycose des poches gutturales nécessite un examen endoscopique pour être diagnostiquée. Cependant, certains symptômes annoncent sa présence. Le symptôme le plus connu mais aussi le plus dangereux est le saignement de nez. Le champignon s’installant généralement sur la paroi des vaisseaux sanguins (dont l’artère de la carotide), ces derniers finissent par être perforés, ce qui va générer un écoulement de sang par le nez. D’autres signes peuvent être visibles, comme une difficulté à manger (dysphagie) ou une augmentation des bruits respiratoires.
Cette infection n’a pas de terrain de prédilection et touche donc tous types de chevaux. «Le champignon existe dans l’environnement, mais il n’y a aucune relation prouvée entre l’environnement, le genre et l’âge du cheval ou l’emplacement géographique, mais c’est quelque chose de plus fréquent dans l’hémisphère nord », ajoute Kira Madsen.
Quel(s) traitement(s)?
Une fois le diagnostic confirmé par endoscopie, il existe différent types de traitements. « Le traitement non chirurgical est généralement lent, et consiste à réaliser un rinçage quotidien directement dans la poche gutturale avec des solutions antifongiques, mais le risque que le champignon endommage les artères persiste. La chirurgie est donc recommandée dans la plupart des cas » explique le docteur Madsen.
Cette dernière ajoute qu’il existe «différents types de chirurgies, mais leur point commun est qu’elles obstruent les artères touchées par le champignon pour prévenir le risque d’hémorragie fatale. Les artères sont obstruées en insérant soit une microbobine, un cathéter à ballonnet ou un panier dépliable à l’intérieur de l’artère. Cela se fait avec le cheval sous anesthésie générale. Le cheval sera gardé en observation à l’hôpital pendant 7 à 10 jours. Au cours de ces 10 jours, il est traité avec une infusion antifongique. Le temps de résolution du champignon variera entre 30 et 180 jours.»
Kira Madsen insiste sur l’importance de la prise en charge de cette infection : «Si le diagnostic est posé, le cheval doit être référé pour traitement dans une clinique. Si votre cheval montre des signes de mycose de la poche gutturale, c’est important de réaliser un examen endoscopique détaillé. »