Pansage : en faire un moment de bien-être pour le cheval
Le pansage fait partie des premiers apprentissages des cavaliers, mais peu d’entre eux sont sensibilisés au fait que ce moment peut s’avérer désagréable pour certains chevaux. A terme, cela peut entraîner du mal-être chez l’animal, et augmenter les risques d’accidents pour le cavalier. Avec un peu d’observation et d’adaptation, on peut toutefois rendre le pansage plus positif, et par la même occasion améliorer sa relation avec son cheval ! Explications.
Etrille, bouchon, brosse douce, cure-pied,… En général, l’apprentissage du pansage se résume à la connaissance des brosses et de leur usage, ainsi qu’à quelques précautions pour éviter les accidents. Or, ce moment est bien moins anodin qu’on le croit et peut avoir un véritable impact sur la relation cavalier-cheval.
Cela a notamment été démontré par l’éthologue Léa Lansade et plusieurs scientifiques de l’IFCE lors d’une étude réalisée il y a quelques années. Les chercheurs ont analysé 69 couples parmi lesquels on retrouvait des cavaliers avec différents niveaux d’expérience. Il s’est avéré que lors du pansage, plus de la moitié des chevaux ont manifesté des comportements de défense ou d’inconfort (sursauts, menaces, tentatives de morsures ou coups de pieds,…) et seulement 5% ont exprimé des attitudes positives.
Bref, peu de chevaux semblaient apprécier le pansage et cela n’est pas sans conséquences. Il s’agit en effet d’un acte répété presque quotidiennement tout au long de la vie du cheval, et l’accumulation de ces moments désagréables peut nuire au bien-être de l’équidé ainsi qu’à sa relation avec l’homme. Comme l’explique l’étude des chercheurs de l’IFCE, « le bien-être résulte de la somme de toutes les expériences vécues par l’animal, qu’elles aient été vécues comme positives ou négatives. Améliorer le bien-être revient donc à veiller à induire un minimum d’états émotionnels négatifs et un maximum d’états émotionnels positifs. C’est un travail au quotidien. »
Les chercheurs soulignent aussi qu’il n’est pas facile d’induire ces états émotionnels positifs chez les chevaux. Les quelques possibilités sont la distribution de nourriture ou les contacts tactiles, mais seulement lorsqu’ils sont bien perçus par l’animal. Le pansage peut donc être un moyen de renforcer le bien-être du cheval, mais seulement si on l’adapte à ses préférences et son confort.
Comment faire ? ll n’y a pas une solution toute faite, car chaque cheval est différent. Le principal est d’observer les réactions en cours de pansage, en fonction des brosses employées, de la zone qu’on frotte ou encore de l’intensité utilisée. L’idée est d’insister sur les zones que le cheval apprécie, et de diminuer la pression exercée dès que le cheval montre des signes d’inconfort. En général, ceux-ci peuvent se manifester par des gesticulations, sursauts, grimaces, tentatives de morsures,… A l’inverse, un cheval qui apprécie le pansage aura tendance à se détendre, à étendre l’encolure, à chercher le contact avec la brosse ou encore à agiter les lèvres. En général, l’observation de la tête du cheval offre de bons indices au cavalier.
Une fois que l’on connaît un peu son cheval et ses préférences, Léa Lansade et ses collègues recommandent de consacrer une partie du pansage à cet aspect bien-être, en plus des gestes visant simplement à rendre le cheval propre. Il faudra peut-être du temps à certains chevaux pour exprimer clairement des signes de bien-être, mais les cavaliers ont beaucoup à gagner en améliorant leur pratique.
Tout d’abord, un bon pansage a des effets positifs sur la physiologie du cheval (rythme cardiaque, etc) et son comportement. Il permet ainsi de réduire les risques d’accidents, aussi bien à pied que lors de la séance de travail qui suit. Tout en améliorant le bien-être du cheval, le pansage respectueux permet aussi de renforcer la relation entre l’équidé et le cavalier. Bref, n’attendez plus pour vous y mettre !