Louna Schuiten : « Sabah, mon coup de foudre »
Seule Belge au départ du championnat du monde d’endurance le 22 mai dernier, Louna Schuiten courait à Pise sa dernière course avec Sabah du Courtisot. Agé de 15 ans, le hongre gris profite désormais d’une retraite bien méritée. L’occasion de revenir sur une carrière frappée d’une belle régularité mais aussi marquée par quelques jolis coups d’éclat.
Sabah du Courtisot (Kheersik El Asrit x Love) a vu le jour le 14 mai 2006 chez Brigitte et Jean-Pierre Branly, propriétaires de l’élevage du Courtisot, à Aumerval (France), dans le département du Pas-de-Calais. Débuté en international par Lise Boulet à 7 ans, il a ensuite pris la route d’Ohain, en Belgique, pour rejoindre les rangs des Alizés comme de nombreux chevaux de l’élevage du Courtisot.
C’est là-bas que le hongre gris a croisé la route de Louna Schuiten. Une rencontre déterminante, tant pour lui que pour elle ! « Quand Sabah est arrivé chez Pierre Arnould, il m’a directement plu. Ça a été un coup de foudre », raconte la cavalière bruxelloise qui a rapidement fait l’acquisition de ce petit-fils de Persik. « Un mois après son arrivée, nous avons gagné notre première course (Ndlr : sur 100 km), à Bullange. Je suis tombée amoureuse ! »
Un succès pour Sabah du Courtisot
En 2017, Sabah court et réussit sa première course de 160 km, dans le désert d’Abu Dhabi (Emirats Arabes Unis). Sa carrière est bien lancée et il frappe un premier grand coup en s’imposant en mai 2018 au terme des 160 km de course à Ermelo (Pays-Bas). « Il y avait une bonne concurrence mais il s’est imposé avec une facilité déconcertante », se souvient Louna, qui a ensuite participé aux Jeux mondiaux de Tryon avec son protégé. « Sabah était en grande forme et aurait pu réaliser quelque chose de bien malgré des conditions très difficiles. Nous étions toujours en lice quand la course a été arrêtée. J’avais le sentiment que nous avions fait le plus difficile. »
Sabah du Courtisot marquera encore les esprits à deux reprises l’année suivante, en 2019. D’abord en prenant la troisième place au terme des 160 km de Fontainebleau (« une grosse course au cours de laquelle il a été exceptionnel »). Ensuite en achevant le championnat d’Europe d’Euston Park au neuvième rang (« à nouveau une course exceptionnelle qu’il a terminée facilement »), offrant par la même occasion à la Belgique son premier Top 10 européen depuis longtemps.
Un choix de raison
La suite fut hélas moins bonne avec une élimination deux mois plus tard sur 120 km à Fontainebleau. « Sabah était en grande forme et cela nous a incités à l’engager à Fontainebleau. C’était une erreur, d’autant qu’il s’y est blessé », admet Louna, qui a ensuite fait de Pise son dernier objectif avec Sabah. « Après Fontainebleau, il a été au repos durant un an. Il était monté mais n’est plus sorti en course. Il était en forme… jusqu’à une semaine du championnat du monde (Ndlr : où il a été arrêté pour boiterie). C’est aussi pour cela que j’ai décidé de l’arrêter. Je n’ai aucune envie de m’acharner. Et 15 ans, c’est un bel âge pour partir à la retraite. »
Avec la retraite de Sabah du Courtisot, c’est une page importante de la jeune carrière de Louna Schuiten (28 ans) qui se tourne. « C’est avec Sabah que j’ai débuté ma carrière professionnelle. Il m’a aidée à m’affirmer lorsque je me suis lancée à mon compte », souligne la Bruxelloise, installée depuis février 2019 à Morlaix (France), dans le Finistère, avec son compagnon, Pierre Auffret. « Sabah a été castré assez tard et a gardé quelques vices d’étalon. Mais il a toujours été hyper gentil, attachant et facile, y compris en compétition où il était très pratique et jamais stressé. Il va désormais vivre une vraie vie de cheval, au pré, en Bretagne, près de moi, juste en face de la maison. »
Et la suite ?
Se pose désormais la question de la relève pour notre compatriote, qui espère défendre les couleurs de la Belgique lors du championnat d’Europe à Ermelo, début septembre. « Je n’ai pas vraiment une relève qui arrive. C’est d’ailleurs assez compliqué pour nous de conserver des chevaux qui tournent sur 160 km. Nous avons besoin du commerce pour faire tourner l’écurie », explique Louna, qui peut toutefois compter sur Cheitan Cabirat, un hongre de 9 ans. « C’est un cheval qu’on me prête. Il est arrivé il y a un mois et nous allons essayer de nous qualifier pour le championnat d’Europe sur la 160 km de Compiègne. »