Asthme équin : comprendre ses causes pour mieux agir

Maladie très invalidante pour le cheval, l’asthme équin est souvent favorisé voire empiré par diverses causes liées à l’environnement. Logement, alimentation, entretien des écuries,… : des chercheurs ont mis en évidence les plus fréquentes de ces causes afin de mieux prévenir et gérer la maladie. De quoi donner quelques pistes de solutions aux propriétaires de chevaux atteints.

L’asthme équin est actuellement la seconde source de contre-performance chez les chevaux après les affections locomotrices, d’après l’IFCE. Cette inflammation chronique des voies respiratoires profondes se manifeste généralement par de la toux (liée ou non à l’exercice), un éventuel écoulement muqueux au niveau des deux naseaux et surtout une intolérance (modérée) à l’effort qui mène parfois à une retraite anticipée. Les maladies respiratoires telles que l’asthme équin affectent en effet fortement les capacités physiques du cheval, qui de base a des facultés limitées. Le cheval est en effet pourvu de voies respiratoires longues et étroites, de plus il est incapable de respirer par la bouche et doit se contenter de la respiration nasale. Sa vitesse de respiration au galop ne parvient par ailleurs pas à excéder le rythme d’une foulée. Si l’on ajoute à ces limites innées des complications telles qu’une maladie respiratoire, on comprend aisément l’impact que cela peut avoir sur la performance – ou même l’effort modéré.

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Heureusement, il existe des moyens de contrôler et prévenir les pathologies telles que l’asthme équin. Celui-ci peut se décliner en diverses formes plus ou moins sévères mais toutes ont généralement des causes multifactorielles, dont certaines sur lesquelles il est possible d’agir. Des chercheuses polonaises ont en effet analysé de manière approfondie de nombreux articles scientifiques publiés (travail complet publié ici) sur le sujet au cours des 20 dernières années, et en ont conclu que de multiples facteurs environnementaux pouvaient influencer le bien-être des chevaux atteints, voire prévenir l’apparition de l’asthme équin ou en atténuer les symptômes. Voici les principaux éléments mis en lumière lors de cette recherche :

La température et l’humidité de l’air 

En général, les chevaux tolèrent bien les températures de 0 à 20 degrés et les taux d’humidité de 60 à 80%. Au-delà de ces tranches, les conditions affectent négativement l’état et la fonction pulmonaire des chevaux atteints d’asthme. L’augmentation des températures et de l’humidité a notamment tendance à multiplier la concentration des pollens dans l’air, deux éléments qui favorisent ce qu’on appelle l’asthme équin associé au pâturage. Cette forme d’asthme est directement liée à l’environnement, et s’observe surtout en été et automne. Des études ont aussi démontré que l’exercice par temps froid pouvait favoriser les maladies des voies respiratoires ou accentuer leurs symptômes chez les chevaux. Il est malheureusement compliqué d’agir sur les conditions météo, néanmoins on peut par exemple limiter l’activité du cheval lorsque le taux d’humidité et les températures sont moins favorables. En cas d’asthme équin associé au pâturage, on peut aussi prévoir de rentrer les chevaux durant les périodes de l’année où les concentrations de pollen sont les plus élevées.

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L’humidité de l’air influence les symptomes de l’asthme équin (© Pixabay)

Les polluants, poussières et mélanges gazeux

A l’effort comme au repos, à l’intérieur comme à l’extérieur, les chevaux sont malheureusement exposés à toute une série de substances nocives qui peuvent favoriser l’asthme équin et/ou empirer ses symptômes. Les chercheuses polonaises mentionnent notamment la pollution microbienne de l’air provenant du fumier, des aliments, de la litière ou encore des chevaux eux-mêmes. On sait que cette pollution affecte négativement le système respiratoire, mais des études manquent pour déterminer les concentrations critiques. Il est en tout cas avéré que la température intérieure, l’humidité et la saison influencent ces concentrations d’espèces bactériennes et fongiques dans l’air : elles sont par exemple au plus haut en été et au plus bas au printemps, mais peuvent être élevées à l’intérieur l’hiver, lorsque les écuries sont fermées.

Tout comme la pollution microbienne, la présence de poussière dans l’air exacerbe aussi les symptômes de l’asthme chez les chevaux atteints. Celle-ci est généralement favorisée par une ventilation insuffisante et des activités telles que le nettoyage des boxes, le balayage ou encore le nourrissage des chevaux. Il est cependant utile de noter que les poussières affectent aussi bien les chevaux hébergés à l’intérieur que dehors mais il est intéressant que les équidés puissent avoir accès à l’extérieur tant que possible, notamment lorsqu’on balaie l’écurie ou qu’on change la litière du boxe. Un nettoyage humide de l’écurie est également préconisé pour limiter l’exposition aux poussières et la concentration de celles-ci. Enfin, c’est moins connu mais les chevaux sont également sources de poussière via les crins et l’exfoliation de la peau, surtout lorsque le pansage est insuffisant ou inadapté.

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La ventilation et les activités de l’écurie ont un impact considérable sur les polluants, microbes et poussières affectant le système respiratoire des chevaux (© iStock)

Pour terminer, on peut ajouter à la liste des substances nocives les mélanges gazeux comme l’ammoniac du fumier ou le dioxyde de carbone produit au cours de la respiration, et dont la concentration augmente lorsqu’on rassemble plusieurs animaux dans un même bâtiment. Pour faire baisser la présence de ces mélanges gazeux, il existe plusieurs solutions, à commencer par une bonne ventilation de l’écurie. Lorsque les températures baissent, la tentation est grande de fermer toutes les portes et fenêtres mais il est recommandé de renouveler l’air 4 à 8 fois par heure pour réduire l’ammoniac. La ventilation (de préférence naturelle) est par ailleurs favorable pour lutter contre d’autres substances nocives comme la pollution microbienne et les poussières.

Il est conseillé de nettoyer les boxes lorsque les chevaux sont hors de l’écurie, car ces activités augmentent les concentrations d’ammoniac et de particules dans l’air.

Concernant les mélanges gazeux, il est conseillé de nettoyer les boxes lorsque les chevaux sont hors de l’écurie, car ces activités augmentent les concentrations d’ammoniac et de particules dans l’air. Les chercheuses polonaises soulignent aussi l’importance de la litière : les copeaux diminuent par exemple la concentration d’ammoniac par rapport à la paille. On peut notamment limiter la présence de cette substance en ajoutant à la litière des éléments acidifiants ou des minéraux tels que la zéolite. Le type de sol du boxe a également son importance puisque le bois ou la terre cuite absorbent beaucoup plus les excréments que les tapis en caoutchouc par exemple. Enfin, une autre solution est de limiter l’apport en protéines dans la nourriture, car celles-ci augmentent la teneur en ammoniac du fumier.

Le mode d’hébergement

Le mode d’hébergement du cheval a clairement une influence sur l’exposition aux polluants atmosphériques, et donc l’asthme équin. Comme expliqué ci-dessus, la poussière est davantage présente lorsque la ventilation ou les activités (nettoyage des boxes, distribution des aliments,..) ne sont pas adaptées. Les chevaux vivant dehors ne sont pas pour autant épargnés par l’asthme équin et les facteurs qui le favorisent. Des études ont notamment démontré que la prévalence des inflammations chroniques des voies respiratoires était liée à l’accès en continu à des balles de foin et à des prés situés en milieu urbain ou à proximité de routes fréquentées. Si l’on enlève ces facteurs de risques, la vie en extérieur est plutôt bénéfique aux chevaux asthmatiques, car des recherches ont mis en évidence que le temps passé dehors conduisait à une amélioration clinique globale, avec moins de symptômes et moins de traitements nécessaires. Cela tient notamment au fait que les chevaux hébergés dans des écuries sont plus susceptibles d’être exposés à de fortes concentrations de substances irritantes énoncées précédemment.

La vie en extérieur est généralement profitable aux chevaux atteints d’asthme (© iStock)

L’alimentation

Comme l’hébergement, l’alimentation joue un rôle important dans la santé des chevaux atteints d’asthme. Il est par exemple important de bien choisir son foin, car celui-ci est incontournable dans le régime alimentaire mais il est aussi source de champignons et de poussières. Les études recensées par les chercheuses polonaises soulignent notamment que les balles rondes augmentent les risques d’infections respiratoires par rapport aux ballots cubiques, et que le foin sec est plus susceptible d’être contaminé par des moisissures et champignons que l’ensilage (type préfané). Ce dernier réduit par ailleurs l’exposition aux poussières respirables de 60 à 70%. On peut également diminuer les poussières de 50 à 60% en trempant le foin sec pendant 20 à 30 minutes avant de le distribuer au cheval. Comme le souligne une étude, le foin trempé « a éliminé la toux, les signes cliniques et le besoin de traitement médical ».

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Le foin doit idéalement être mouillé ou traité à la vapeur avant d’être distribué (iStock)

Une autre alternative est le traitement du foin à la vapeur, qui réduit la poussière respirable de 95% et diminue la teneur en bactéries et moisissures de 99%. Cette méthode est donc très efficace mais moins facile d’accès que le trempage, puisqu’elle nécessite d’investir dans un purificateur de foin (budget : à partir d’un petit millier d’euros). Pour contrôler la gravité des symptômes de l’asthme équin, des études ont aussi mis en évidence le bénéfice de remplacer le foin par du granulé de luzerne, ou encore de complémenter les chevaux avec des acides gras oméga 3 comme l’huile de lin.

La litière

Étroitement liée à l’hébergement, la litière joue un rôle central en matière de bien-être et santé des chevaux, y compris au niveau respiratoire. La paille est sans surprise la plus poussiéreuse, par ailleurs elle peut aussi être source de moisissures dangereuses si elle est mal stockée. A l’inverse, les copeaux de bois sont présentés dans les études comme une bonne alternative à la paille, car ils sont dépoussiérés et exempts de moisissures ou champignons. Il en va de même pour la tourbe (végétaux décomposés), qui selon certaines recherches est même meilleure que les copeaux de bois car elle diminue la concentration d’ammoniac émanant des déjections équines. La tourbe peut par ailleurs contenir des huiles essentielles qui empêchent le développement de substances indésirables et ont un effet positif sur les voies respiratoires.

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Les copeaux ou la tourbe sont préférables à la paille, notamment au niveau des poussières (© Lily Banse / Unsplash)

Comme l’illustre le résumé de ces recherches, il existe de nombreux éléments sur lesquels agir pour prévenir ou traiter l’asthme équin. La bonne nouvelle est qu’il suffit parfois de changer quelques habitudes, comme par exemple ventiler plus souvent l’écurie ou effectuer le nettoyage des boxes lorsque les chevaux sont dehors. Certaines solutions – comme la vie en extérieure – peuvent aussi avoir des répercussions bénéfiques tant sur l’asthme équin que sur le bien-être physique et mental du cheval, ce qui les rend d’autant plus intéressantes. D’autres pistes liées à l’alimentation ou la litière risquent quant à elles de s’avérer un peu plus coûteuses à l’achat ou l’entretien, mais permettent à long terme d’économiser des soins vétérinaires. Bref, les solutions rassemblées par les chercheuses polonaises méritent qu’on s’y attarde, avant tout parce qu’il s’agit de préserver la santé de nos compagnons bien aimés !

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !