Sellia, les bienfaits de l’hippothérapie pour tous

Fondée il y a peu, l’ASBL Sellia permet aux personnes porteuses de handicap de bénéficier de moments privilégiés avec les chevaux grâce à l’hippothérapie. Ses activités à Glabais s’adressent à un large public et Alexia Crombez, la fondatrice de l’ASBL, met un point d’honneur à prôner l’inclusion et le respect du cheval. Rencontre :

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© Christophe Bortels

Après les vacances d’été, place à la rentrée ! Ce moment était très attendu par les bénéficiaires qui viennent assister à la séance d’hippothérapie ce matin-là à l’ASBL Sellia, à Glabais. Comme d’habitude, ces résidents d’une institution bruxelloise et leurs accompagnateurs sont accueillis par Alexia Crombez, leur hippothérapeute depuis plusieurs années. Le groupe se connait donc bien et se met assez vite en action après les quelques rappels de sécurité prodigués par Alexia. Au programme aujourd’hui : une séance de pansage, suivie d’une promenade dans le village.

Un peu timides au début, les bénéficiaires ne tardent pas à retrouver leurs marques et à apprécier pleinement ce moment avec les chevaux. C’est là toute la « magie » de l’hippothérapie, et le moteur d’Alexia depuis plusieurs années : « J’adore être avec les chevaux, et ce que les bénéficiaires viennent chercher pendant les séances, c’est ce que moi-même je recherche et souhaite partager : une bulle hors du temps et des contraintes, un moment où l’on se déconnecte pour être pleinement dans l’instant présent. »

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Alexia Crombez, la fondatrice de Sellia (© Christophe Bortels)

Cavalière depuis l’âge de 6 ans, Alexia Combrez a commencé son parcours professionnel en tant qu’infirmière pédiatrique et c’est lors de sa spécialisation dans ce domaine qu’est né le souhait de combiner sa passion équestre avec son métier. « J’avais fait pas mal de stages dans le domaine de la neurologie et après quelques recherches je me suis dirigée vers une formation en hippothérapie chez Anthe-Anthesis (ndlr : devenu depuis lors FEO (Formation et Enseignement Ouvert)- Ecole Belge d’Hippothérapie) », raconte la jeune femme. Son diplôme d’hippothérapeute en poche, Alexia s’est fait une place dans le métier en travaillant dans différents centres et écuries en Brabant wallon en parallèle de son métier d’infirmière pédiatrique. Mais la jeune femme rêvait de plus…

« Souvent l’hippothérapie prend place dans des poneys clubs fort animés mais cela ne convient pas à certains bénéficiaires »

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« J’ai toujours eu envie de créer ma propre ASBL pour faire les choses à ma manière », confie l’hippothérapeute. « Souvent l’hippothérapie prend place dans des poneys clubs fort animés mais cela ne convient pas à certains bénéficiaires, donc je voulais pouvoir exercer dans un lieu calme et qui correspond à leurs besoins. » Peu de temps après avoir créé son association Sellia, Alexia Combrez a trouvé l’endroit idéal à deux pas de chez elle : la Ferme Saint-Pierre à Glabais. Cette édifice du 16e siècle propose des locations de salles pour des évènements et dispose surtout d’une ferme éducative parfaitement complémentaire avec les activités d’hippothérapie. « En plus des lapins, chèvres, poules, etc, le propriétaire de la Ferme a acheté quelques poneys pour compléter sa ménagerie mais il n’avait pas spécialement de connaissances dans le domaine. De mon côté j’avais l’expertise équestre mais pas l’endroit ni la cavalerie pour exercer, notre collaboration était donc idéale », confie Alexia.

Dans le respect des humains et des chevaux

La jeune femme peut aujourd’hui compter sur une cavalerie de 5 équidés : les shetlands Filou, Elvis et Chupa, la ponette Lilly et la jument Lune. Cette dernière lui appartient et Alexia l’a spécialement acquise pour l’hippothérapie : « En plus des 4 poneys de la Ferme Saint-Pierre, il me manquait un cheval pour pouvoir porter les bénéficiaires adultes. J’ai cherché pendant 6 mois puis je suis finalement tombée sur cette jeune jument croisée Comtois qui a le format idéal pour nos activités ! »

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La cavalerie de la Ferme, de gauche à droite : Filou, Chupa, Lune, Lilly et Elvis (© Christophe Bortels)

Les chevaux de l’ASBL Sellia ne sont toutefois pas uniquement manipulés lors des séances d’hippothérapie ; Alexia varie leur programme et n’hésite pas à les emmener elle-même en promenade. Pour leur bien-être, les équidés vivent également en groupe et à l’extérieur. « Le respect du cheval est très important pour moi, c’est notamment pourquoi j’instaure des règles claires avec les bénéficiaires. Le cheval est un partenaire, pas un défouloir, donc même lorsque je travaille avec des publics en grande difficulté je ne permets pas qu’on soit violent avec les équidés. »

© Christophe Bortels

En ce moment l’ASBL Sellia accueille des adultes et enfants de diverses institutions spécialisées dans la pédopsychiatrie, les déficiences mentales (y compris pour personnes sourdes ou malentendantes,…), les personnes en situation de handicap, etc. L’association organise aussi des séances individuelles d’hippothérapie et des stages inclusifs lors desquels des enfants de tous horizons peuvent se côtoyer et vivre au plus près des chevaux durant quelques jours. Pour accueillir au mieux ces différents publics, Alexia est régulièrement accompagnée par Samia, éducatrice spécialisée qu’elle a rencontrée lors de sa formation en hippothérapie et qui partage les mêmes valeurs.

« Un cheval ne porte pas de regard jugeant sur les bénéficiaires, et il leur permet de se responsabiliser, d’apprendre à s’occuper d’un autre être.»

© Christophe Bortels

L’objectif de la fondatrice de Sellia est désormais de consacrer de plus en plus de temps à l’hippothérapie, afin que davantage de personnes puissent profiter des bénéfices du contact avec les équidés : « Un cheval ne porte pas de regard jugeant sur les bénéficiaires, et il leur permet de se responsabiliser, d’apprendre à s’occuper d’un autre être. D’un point de vue physique, le bercement du mouvement du cheval aide à la détente musculaire même chez les personnes avec de lourds handicaps. Il arrive d’ailleurs qu’après une séance d’équitation adaptée, les personnes en fauteuil roulant soient capables de marcher quelques pas ! » Tout le monde n’a hélas pas la chance de bénéficier facilement des bienfaits de l’hippothérapie, au grand regret d’Alexia : « Le principal frein est d’ordre financier car en tant qu’ASBL il est très difficile d’obtenir des subsides, et les séances ne sont pas remboursées par la mutuelle. Les familles des bénéficiaires ont par ailleurs beaucoup d’autres frais médicaux à côté, donc il faut souvent se contenter d’une séance toutes les deux semaines au lieu d’une séance hebdomadaire. »

Retrouvez plus d’infos sur le site et la page Facebook de l’ASBL Sellia

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !