Les 5 choses que l’on retient des Jeux olympiques d’équitation à Paris
Les épreuves d’équitation des Jeux olympiques de Paris ont offert onze journées de compétitions à la fois intenses, trépidantes mais aussi instructives à plusieurs égards. Performances collectives et individuelles, organisation, perception du (grand) public,… Voici 5 éléments que l’on retiendra comme des faits marquants de cette édition 2024 des Jeux olympiques d’équitation :
Une scène grandiose
Si certains éléments comme la cérémonie d’ouverture de ces Jeux olympiques de Paris ont suscité des critiques et des polémiques, l’organisation des épreuves d’équitation à Versailles a semble-t-il fait l’unanimité. Les cavaliers comme le public étaient enchantés de se retrouver dans un lieu si prestigieux, qui offrait un cadre idéal aux chevaux. Il faut dire qu’avant d’accueillir l’Académie équestre de Bartabas, le château de Versailles a hébergé pendant plusieurs siècles des centaines de chevaux dans ses Petite et Grande écuries, qui à leur construction au 17e siècle étaient parmi les plus prestigieuses au monde.
C’est toutefois dans un stade provisoire du 21e siècle, en plein milieu du parc et avec le château en toile de fond, que se sont déroulées les épreuves olympiques d’équitation. Beaucoup de cavaliers confient avoir été véritablement portés par les quelque 15.000 spectateurs, parmi lesquels ont été repérés des personnalités comme Ryan Gosling ou Snoop Dogg. Le clou du spectacle était toutefois le cross, qui s’est déroulé à travers le parc du château et traversait même son grand canal. En plus de l’ambiance, on peut souligner que l’épreuve s’est déroulée avec très peu d’incidents pour les cavaliers et leurs chevaux, contrairement à ce qu’on a pu voir lors d’éditions précédentes des Jeux olympiques.
Quatre médailles d’or et des records pour l’Allemagne
L’Allemagne a beau avoir été dominée par la Grande-Bretagne dans les compétitions par équipes de dressage et de complet, elle n’en reste pas moins la première au tableau des médailles équestres avec cinq décorations – dont quatre en or. Le pays a notamment réussi l’exploit de dominer chaque discipline au niveau individuel, puisque les trois nouveaux champions olympiques sont tous allemands : Christian Kukuk en saut d’obstacles, Jessica von Bredow-Werndl en dressage et Michael Jung en concours complet. Comme si cela ne suffisait pas, ce dernier a battu un record en s’imposant pour la troisième fois aux Jeux olympiques dans sa discipline.
Et ce n’est pas tout : l’Allemagne est entrée dans l’histoire du dressage en décrochant un 15e titre collectif aux Jeux olympiques dans cette discipline. Jessica von Bredow-Werndl a aussi signé un doublé après sa victoire à Tokyo tandis qu’Isabell Werth a conforté son statut de cavalière la plus médaillée aux JO. Elle a en effet ajouté de l’or par équipe et de l’argent en individuel à son palmarès, ce qui porte à 14 son nombre de médailles olympiques depuis sa première participation à Barcelone en 1992.
Sans atteindre des performances aussi historiques que l’Allemagne, la Grande-Bretagne a elle aussi été remarquable en équitation lors de ces Jeux olympiques de Paris. Elle a en effet réussi à décrocher 5 médailles dans les trois disciplines grâce aux victoires collectives en complet et jumping, à la 3e place de Julia Collett en complet ainsi qu’au bronze de l’équipe et de Charlotte Fry en dressage. En tant qu’hôte de ces Jeux, la France termine quant à elle avec deux médailles collectives : l’argent en complet et le bronze en jumping. Sur le papier le pays pouvait espérer mieux dans ces deux disciplines, mais ses résultats n’en restent pas moins honorables.
La Belgique où on ne l’attendait pas
Avant même leur début, ces Jeux olympiques de Paris s’annonçaient historiques pour la Belgique puisqu’elle avait réussi à qualifier trois équipes en équitation (et une en para-dressage). Vu les performances de nos cavaliers en jumping mais aussi en complet ces derniers mois et années, les espoirs de médailles étaient objectivement permis mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu. Les cavaliers de jumping ont manqué de réussite dans chacune de leurs épreuves et même s’ils n’ont pas à rougir de leurs prestations, les petites erreurs qu’ils ont pu commettre ont coûté cher au classement. L’équipe a en effet terminé 8e, soit loin d’un podium comme à Tokyo, et Gilles Thomas et Grégory Wathelet qui étaient qualifiés pour la finale individuelle ont respectivement terminé 15e et 20e. Il est certain que les cavaliers, leur entourage et le public espéraient mieux, mais on ne peut que souligner la régularité exemplaire de Wilm Vermeir lors de ses premiers Jeux, le superbe retour au plus haut niveau de Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus après la blessure de l’étalon, ou encore les leçons d’équitation données par Grégory Wathelet et Gilles Thomas avec des chevaux (Bond Jamesbond de Hay et Ermitage Kalone) qui participaient pourtant à leur premier grand championnat.
Si l’équipe belge de jumping n’a pas terminé où on l’attendait, on peut en dire de même pour les équipes de complet et de dressage – mais positivement ! En dressage, Larissa Pauluis, Domien Michiels et Flore De Winne ont réussi non seulement à se hisser en finale par équipe, mais aussi à décrocher la 5e place derrière les plus grosses nations de la discipline que sont l’Allemagne, le Danemark, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Aucun cavalier n’est hélas parvenu à se qualifier pour la finale individuelle, mais Domien Michiels et Flore De Winne ont tous les deux décroché des records personnels en reprise durant la compétition. Bref, la dynamique est particulièrement positive pour le dressage belge !
Le constat était le même pour le complet, malgré la présence de quelques regrets. La 4e place de l’équipe pouvait sembler décevante étant donné que le bronze était accessible durant la finale de la compétition, toutefois la performance du trio composé de Karin Donckers, Tine Magnus et Lara de Liedekerke-Meier est remarquable pour un pays qui visait au départ le Top 8. En individuel, Lara de Liedekerke-Meier a par ailleurs pris la 13e place – son meilleur résultat dans un championnat seniors jusqu’à présent -, tandis que Karin Donckers a terminé 16e.
Pas de consensus autour du bien-être équin
Sujet polémique lors des Jeux olympiques de Tokyo, le bien-être équin était annoncé comme une question centrale pour cette édition Paris. Bien avant le début de l’évènement, les recommandations élaborées par un groupe d’étude français laissaient entendre qu’une petite révolution pourrait avoir lieu car le rapport proposait notamment d’autoriser la monte sans éperons, d’obliger à desserrer les muserolles, d’interdire l’hyperflexion, etc. Un nouveau signal positif avait été donné à quelques mois des Jeux avec l’instauration par GL Events, organisateur des épreuves équestres, d’un « comité de bien-être animal » et d’un responsable bien-être présent tout au long des épreuves.
Au final, aucun évènement aussi grave que le décès d’un cheval à Tokyo n’a été signalé, mais les épreuves d’équitation à Paris n’ont pas pour autant fait consensus auprès du public et surtout sur les réseaux sociaux. A tort comme à raison, le passage de plusieurs couples a suscité beaucoup de critiques de la part des internautes, notamment en ce qui concerne l’hyperflexion. Sans résumer les compétences des cavaliers à cette unique attitude, nous aurons pour notre part serré les dents face à certaines prestations désordonnées et/ou forcées, et apprécié au contraire l’harmonie affichée par plusieurs couples dans chacune des trois disciplines. A nos yeux, ces exemples positifs sont la meilleure façon de promouvoir l’équitation et d’encourager tous les cavaliers à s’améliorer et à adopter les bonnes pratiques. Mais encore faut-il se mettre d’accord sur ces bonnes pratiques…
Car s’il y a bien une observation à tirer de ces Jeux olympiques équestres et des réactions qu’ils ont suscitées, c’est que la notion de bien-être équin est aussi subjective que difficile à réglementer. Une éraflure survenue sur un membre est-elle par exemple aussi dangereuse pour le cheval qu’un parcours de très haut niveau monté sans contrôle et assorti de 32 points de pénalité avant même le dernier obstacle ? Ces deux cas concrets se sont présentés à Paris, et se sont tous deux soldés par une élimination des couples concernés.
Une mixité toute relative
Outre quelques relais et épreuves par équipes mixtes en athlétisme, tir ou voile, l’équitation est un rare sport olympique où hommes et femmes s’affrontent dans les mêmes épreuves. Au regard des compétitions à Paris, cette mixité semble toutefois relative, et surtout inégale selon les disciplines. Lors de la finale individuelle de dressage (Grand prix Freestyle), on comptait par exemple 14 femmes sur 18 partants, tandis qu’à l’inverse la finale individuelle de saut d’obstacles rassemblait seulement 3 femmes pour 27 hommes.
Le complet était finalement la discipline qui semblait offrir le plus de parité avec 11 cavalières et 14 cavaliers en finale individuelle. Une question de pratique ? De pays représentés ? De hasard ? La question mériterait en tout cas d’être creusée ! La représentation sur les podiums individuels était finalement assez équilibrée, avec au total 4 femmes et 5 hommes médaillés, mais des podiums exclusivement masculin en obstacle et féminin en dressage, et un podium mixte en complet. Par ailleurs, sur les podiums par équipes, on comptait seulement 9 femmes pour 18 hommes toutes disciplines confondues. On notera enfin que seules trois équipes dans toutes les épreuves d’équitation à Paris étaient entièrement féminines : celle de Pologne en dressage, ainsi que celles de Belgique et de Suède en complet.