Jérôme Guéry : « On ne pouvait pas faire mieux avec Quel Homme ! »
Jérôme Guéry et Quel Homme de Hus ont décroché une incroyable médaille d’argent individuelle au championnat du monde de Herning, qui a sacré le numéro un mondial Henrik von Eckermann et son cheval King Edward. Quelques jours plus tard, le cavalier belge revient sur cet exploit et nous explique comment il a géré la compétition et son cheval pour s’offrir une première médaille individuelle dans un grand championnat international :
Quelques jours après cette médaille d’argent à Herning, dans quel état d’esprit es-tu ? Réalises-tu un peu mieux l’ampleur de ta performance ?
Les championnats ont toujours été très importants pour moi et j’ai toujours espéré un jour avoir un titre, donc ici c’est comme réaliser un rêve. C’était déjà incroyable quand on avait décroché la médaille de bronze par équipe à Tokyo, et là maintenant y ajouter un titre individuel, ça rend toute cette réussite encore plus belle !
L’objectif de départ à Herning était plutôt le championnat par équipe, non ? Par conséquent, comment as-tu vécu cette déception collective pour la Belgique et comment as-tu fait pour gérer la suite de la compétition en individuel ?
Mon objectif premier était en effet l’équipe, quand je participe à un championnat c’est toujours en priorité pour l’équipe, et avec les autres Belges on allait vraiment à Herning dans l’objectif d’obtenir une médaille. Je savais dès le début que tous les parcours comptaient. J’ai fait une bonne chasse, après j’ai aligné les sans-faute dans les deux manches par équipe mais malheureusement l’équipe n’a pas suivi, les chevaux n’étaient pas vraiment en forme, on a manqué un peu de réussite. C’est la compétition mais vendredi soir j’étais vraiment très déçu de ce qu’on avait réalisé collectivement. Après ça, comme j’étais très bien placé individuellement, je me suis dit que je devais me reconcentrer et partir dans une autre énergie pour ramener quand même une médaille à la Belgique.
Comment as-tu abordé cette finale individuelle en étant provisoirement troisième, donc potentiellement médaillé ?
Les scores étaient très serrés donc je savais que tout était encore faisable. Les 12 premiers étaient à moins d’une barre mais la troisième place provisoire était une position plutôt confortable. Ça me plaçait sur le podium si je faisais double sans-faute mais ça ne me mettait pas non plus trop de pression, celle qu’on peut ressentir quand on part en tête. Je suis vraiment resté focalisé sur ce que je devais faire, je ne pensais pas à l’objectif de médaille mais plutôt à mon plan de parcours et à l’exécuter à la perfection. Je savais que Quel Homme était en forme, donc a priori il me suffisait juste de bien monter. Après il faut toujours un peu de réussite et de chance dans un championnat. Mais là tout s’est aligné, j’ai très bien monté mes parcours, mon cheval était top et on a eu la réussite qu’il fallait !
Tu es remonté de la troisième à la deuxième place en finale mais après coup, tu n’as aucun regret d’être passé si près de la victoire ?
Henrik (ndlr : von Eckermann) est en pleine forme pour le moment, il est numéro un mondial, son cheval est au-dessus du lot et il n’a pas craqué en finale. Il mérite d’être champion du monde et je pense que je mérite ma deuxième place. On ne pouvait pas faire mieux avec Quel Homme ! Et si quelqu’un a été devant, c’est parce qu’il a juste été meilleur.
C’était un championnat difficile, très serré, et il s’est gagné dès les premières épreuves. La vitesse n’est pas le point fort de mon cheval mais on a fait une bonne chasse le premier jour puis j’ai suivi mon plan jusqu’au dernier jour et tout s’est bien déroulé. Je n’ai rien à regretter, loin de là. Je suis très heureux avec cette prestation. C’est quelque chose de grand.
Comment as-tu géré Quel Homme durant ce championnat pour réussir à aligner cinq sans-faute ?
Ce sont mes troisièmes championnats avec lui, donc on a suffisamment d’expérience pour savoir comment le gérer. J’ai la chance que Quel Homme ne force pas pour sauter ces hauteurs-là. Il le fait très facilement donc il ne se fatigue pas physiquement en sautant des grosses barres contrairement à beaucoup d’autres chevaux. Ce que je devais donc faire, c’était arriver à Herning avec un cheval bien entrainé, mentalement et physiquement en forme. Une fois sur place, il fallait l’écouter mais je dois dire que du début à la fin Quel Homme était frais et il est revenu de ces championnats dans une forme incroyable.
Il a 16 ans mais il est bien musclé, il est bien suivi et on se connait parfaitement. Je sais comment le gérer. Quand je réalise un programme de concours en début d’année, j’essaye vraiment de m’y tenir, même si quand on a un cheval comme ça on a envie de faire plus de concours parce que ce n’est pas la même chose lorsqu’il n’est pas dans le camion. Depuis le début de l’année, Quel Homme n’a participé qu’à six concours, on cible les compétitions et on fait en sorte qu’il arrive dans un bon état physique et mental. C’est pour ça qu’il y a énormément de réussite.
Quel Homme de Hus n’a plus rien à prouver, mais as-tu encore des objectifs particuliers avec lui ?
Je vais l’emmener à Calgary dans trois semaines, car j’y suis déjà allé deux fois mais jamais avec un cheval qui avait la capacité de gagner ce Grand Prix mythique. Grâce à ma médaille à Herning je serai directement qualifié pour le Grand Prix, donc je vais pouvoir me concentrer là-dessus. J’aimerais offrir une victoire en Grand Slam à Quel Homme même s’il n’a effectivement plus rien à prouver. C’est l’objectif à court terme avec d’abord Calgary, puis Genève. Après ça, je vais déjà élaborer un programme vraiment adapté pour les prochains Jeux olympiques en 2024 à Paris, même s’il y aura d’autres concours importants d’ici là.