Friandises : comment faire plaisir à son cheval sans danger ?
Beaucoup de cavaliers aiment récompenser leur cheval avec quelques friandises, par exemple en fin de travail. Mais ce petit geste n’est pas toujours aussi anodin qu’on le pense, car le type et surtout la quantité des friandises peut parfois avoir des effets néfastes sur la santé des équidés. Kathleen Lebrun, diplômée en médecine vétérinaire et nutritionniste équin, nous explique comment faire plaisir à son cheval sans danger :
Pommes, carottes, bonbons et autres manquent rarement dans la sellerie des cavaliers ! Ces aliments rentrent dans la catégorie de ce qu’on peut appeler les friandises car, exactement comme les bonbons pour les enfants, leur objectif est de faire plaisir et non pas de nourrir. C’est notamment pourquoi « les friandises n’entrent pas dans le calcul de la ration du cheval », comme le souligne Kathleen Lebrun, diplômée en médecine vétérinaire et nutritionniste équin (Alternanutrivet). « Pourtant, cette notion est parfois méconnue de certains propriétaires qui utilisent de grandes quantités de friandises dans l’objectif de nourrir leurs chevaux. »
L’excès vient parfois aussi du fait que la friandise est associée au plaisir, et que certains cavaliers considèrent que donner beaucoup de carottes ou de pommes à leur cheval est une preuve de l’amour qu’ils leur portent. Or, l’abus de friandises peut être nocif pour les équidés : « Un peu comme pour les bonbons destinés aux enfants, les friandises pour chevaux comportent souvent beaucoup de sucre », précise Kathleen Lebrun. « En général, cela n’engendre pas de problèmes chez les chevaux en bonne santé mais d’importantes quantités peuvent les faire grossir, ou parfois aller jusqu’à déclencher des coliques ou fourbures. »
« Les chevaux n’ont pas la notion de la quantité donc ils ne font pas la différence entre deux carottes ou un kilo, et ils n’aimeront pas moins leurs propriétaires si ceux-ci leur donnent moins de friandises »
Quelle quantité idéale ?
Selon la nutritionniste équin, la friandise doit rester exceptionnelle : il faut non seulement être raisonnable au niveau de sa quantité, mais aussi de la fréquence à laquelle on l’utilise. « La dose idéale est de 2-3 bonbons ou carottes, ou une pomme une fois par jour par exemple », précise Kathleen Lebrun. « En fait, les chevaux n’ont pas la notion de la quantité donc ils ne font pas la différence entre deux carottes ou un kilo, et ils n’aimeront pas moins leurs propriétaires si ceux-ci leur donnent moins de friandises ! Par contre, il est intéressant de diviser la distribution : plutôt que de donner une poignée de bonbons en une fois, le cheval aura l’impression de recevoir davantage si on lui offre deux fois un seul bonbon. On peut faire de même avec une carotte, en la coupant en trois morceaux par exemple. »
En général, les cavaliers ont recours aux friandises pour récompenser leur monture après le travail, voire pendant. Mais pour qu’un cheval associe une bonne action à une récompense, il faut que cette dernière soit distribuée dans les secondes qui suivent le comportement qu’on veut féliciter. Offrir des carottes à son cheval une fois qu’il rentre au boxe n’a donc pas beaucoup de sens… « Mieux vaut donner la friandise directement en fin de travail, en restant par exemple dans une ambiance positive grâce à des félicitations vocales », conseille la nutritionniste équin. « On peut aussi offrir la récompense pendant la séance, juste après un exercice réussi, mais cette habitude peut pousser certains chevaux à s’arrêter n’importe quand pour réclamer une friandise… » En selle, mieux vaut donc privilégier d’autres récompenses comme une pause rênes longues, des caresses ou gratouilles, etc.
Quelles friandises ?
Entre aliments du quotidien et produits spécifiques pour les chevaux, il existe un vaste choix de friandises qui permettent de s’adapter aux préférences des équidés ou tout simplement de varier. Mais est-il mieux de privilégier certains types que d’autres ? Voici un petit aperçu des principales friandises et leurs particularités :
- les bonbons : vendus partout dans le commerce et sous de nombreuses formes, leur principal danger est qu’ils renferment souvent beaucoup de sucre. En faisant attention, on peut néanmoins trouver des produits moins sucrés, souvent à base de fruits ou de foin haché mais leur coût est souvent plus élevé. Par contre, les bonbons se conservent plus facilement et plus longtemps que les fruits et légumes par exemple.
- les pommes et carottes : elles sont de base moins sucrées que les bonbons, et souvent appréciées par les chevaux. Néanmoins, elles contiennent elles aussi du sucre et doivent donc être distribuées avec parcimonie.
- les carrés de sucre : un morceau de temps en temps n’est a priori mais nocif, mais il faut véritablement éviter d’en donner plusieurs par jour à son cheval. « Il est connu que l’excès de sucre peut causer des problèmes d’intestins ou des fourbures », rappelle Kathleen Lebrun. « Par ailleurs, certains dentistes observent de plus en plus de caries chez les chevaux. Il n’est pas prouvé scientifiquement que ce soit lié à la consommation excessive de sucre, mais c’est une hypothèse plausible. »
- le pain sec : lui aussi doit être distribué en petite quantité et peu fréquemment car l’amidon qu’il contient peut entraîner des risques de fourbures ou de problèmes intestinaux. Par ailleurs, il est important de veiller à ce que le pain soit parfaitement sec, sans quoi il peut obstruer l’œsophage ou impacter l’intestin.
- les blocs à lécher : en parallèle des pierres de sel qui rentrent dans le cadre nutritionnel, il existe aussi des blocs à lécher à suspendre dans le boxe en guise de friandise. En dehors du fait qu’ils sont souvent croqués rapidement par les chevaux, ces produits sont généralement très sucrés. Il faut donc se pencher sur leur composition et privilégier des blocs plus naturels. Il en existe désormais par exemple à base d’herbes hachées et aromatiques.
- les fruits et légumes divers : on n’y pense pas toujours, mais on peut aussi donner à son cheval une série de fruits et légumes comme des concombres, céleris, bananes, poires, etc. Ces alternatives peuvent être utiles pour les chevaux allergiques à certains aliments, ou encore pour ceux ayant des goûts difficiles. « Cela peut aussi permettre de proposer quelque chose de frais au cheval en période de chaleur », souligne Kathleen Lebrun. Par contre, varier les friandises pour diversifier l’alimentation du cheval n’a pas vraiment d’intérêt. Cela n’a pas non plus d’impact négatif lorsque c’est occasionnel et en petite quantité, mais de plus grandes doses peuvent être dangereuses pour le microbiote du cheval. Par ailleurs, avant de donner un nouvel aliment à son cheval, mieux vaut toujours se renseigner car certains fruits et légumes comme les brocolis, les tomates, l’avocat, etc, sont déconseillés.
En résumé, certaines friandises s’avèrent un peu moins saines ou plus risquées que d’autres, mais le plus important est surtout de veiller à la quantité distribuée. Croyant faire plaisir à leur cheval avec de grandes quantités, certains cavaliers mettent en fait en péril leur santé. En regard de ces informations, il peut donc être utile d’analyser et de revoir son utilisation des friandises !