Analyser le comportement du cheval à l’entrainement pour prédire la fatigue ?
Chez le cheval comme chez l’homme, l’exercice physique a des effets qui se font ressentir pendant l’entrainement, mais aussi après ! Une étude s’est penchée sur ce phénomène et a révélé qu’en plus de l’intensité de la séance, d’autres facteurs comme les postures et comportements adoptés pendant celle-ci pouvaient fortement influencer la fatigue par après. Explications :
A moins de disposer d’outils comme des capteurs de fréquence cardiaque ou de lactates (acide lactique), il n’est pas évident d’évaluer l’impact d’un entrainement sur le physique du cheval. En général, les cavaliers se fient à leur expérience et à la connaissance qu’ils ont de leur monture, mais on peut également se baser sur le comportement et les expressions des équidés pendant ou après l’effort. C’est en tout cas sous cet angle que des scientifiques français* ont choisi d’analyser les effets d’entrainements de faible et haute intensité sur des trotteurs.
Ces chercheurs ont notamment observé des éléments comme le poids, les comportements, les positions de la tête et des oreilles après les deux types d’entrainement. Ils ne se sont toutefois pas seulement contentés de cela et ont aussi cherché à identifier si les attitudes, expressions faciales et paramètres physiologiques (sueur, salivation,…) que les chevaux manifestaient pendant la séance pouvaient prédire leur état post-entrainement en termes de fatigue, d’alimentation, de poids, etc.
L’étude a été réalisée sur 19 trotteurs entrainés au trot attelé et hébergés soit en prairie avec des congénères, soit en boxe. Ces derniers avaient toutefois la possibilité de sortir en pré individuel plusieurs heures par jour et d’avoir des contacts visuels ou physiques avec d’autres chevaux. Les scientifiques ont suivi de manière régulière le comportement et le poids de ces trotteurs la veille de l’entrainement, ainsi que les deux jours suivants.
Le poids comme indicateur
Les analyses ont mis en évidence que peu importe l’intensité de la séance (basse ou haute), les chevaux ont passé plus de temps au repos et avec une encolure basse (en dessous de l’horizontale) après leur entrainement. Ce phénomène durait généralement jusqu’au lendemain de la séance, puis la fatigue semblait passer et l’attitude des chevaux revenait à la normale.
Concernant l’alimentation, les chercheurs ont observé que les chevaux passaient moins de temps à manger les deux jours suivant un entrainement à haute intensité – ce qui peut être interprété selon elles « comme un état de fatigue, qui est plus ou moins marqué en fonction des chevaux ». Cette diminution du temps passé à manger a des conséquences, puisqu’elle était associée à une perte de poids légère mais significative deux jours après l’entrainement à haute intensité. Les scientifiques soulignent ainsi que le suivi du poids en période d’entrainement peut être un bon moyen pour « évaluer le niveau de fatigue induite par l’exercice » chez le cheval.
Des liens entre attitude et fatigue chez le cheval
En parallèle de ces constats qui peuvent sembler assez logiques, les scientifiques ont également fait d’autres observations particulièrement intéressantes concernant les effets de certains comportements pendant la séance. Ils ont en effet constaté que plus les chevaux ont le chanfrein à la verticale ou en deçà (type hyperflexion), suent de manière visible, ouvrent la bouche ou font des mouvements brusques (de conflit) avec la tête durant l’entrainement, plus ils se reposent les jours suivants. Selon les scientifiques, cela pourrait notamment s’expliquer par le fait que, comme certaines études l’ont montré, l’ouverture de la bouche et la position du chanfrein derrière la verticale contribueraient à accentuer le stress et compliquer la respiration chez le cheval.
L’attitude pendant la séance a donc un impact direct sur le niveau de fatigue du cheval, c’est pourquoi les chercheurs à l’origine de l’étude estiment qu’être attentif à ces signes d’inconfort « peut contribuer à adapter l’entrainement afin de limiter une fatigue excessive et une perte de poids les jours suivant l’entrainement ».
L’étude concernait ici uniquement des chevaux trotteurs, mais l’on peut sans trop de risque envisager que des résultats assez similaires pourraient être obtenus avec des chevaux de dressage, d’obstacles ou d’autres disciplines. Les cavaliers soucieux de bien gérer l’entrainement et la fatigue de leurs chevaux ont donc tout intérêt à s’intéresser à leurs comportements après la séance, mais aussi pendant !
* Noémie Hennes1,2 , Christine Briant1,3 , Camille Lorcet1,3, Arnaud Duluard4 , Alice Ruet1,3 , Léa Lansade1,3 (1 INRAE, UMR 85 Physiologie de la Reproduction des Comportements, 2 Université François Rabelais, 3 IFCE, 4 Le Trot) « Les comportements manifestés pendant l’entraînement prédisent une fatigue physique chez les chevaux trotteurs attelés »