Comment détendre son cheval pendant un transport ?
Claustrophobe par nature, le cheval est rarement à l’aise en transport car cela implique pour lui d’être enfermé dans un espace réduit. En tant que propriétaire ou cavalier, on peut cependant mettre des choses en œuvre pour que son compagnon voyage avec le moins de stress possible, ce qui est aussi un gage de sécurité. Nous avons rassemblé quelques conseils avec Sarah Jaumotte, transporteuse de chevaux depuis plusieurs années.
Entre l’embarquement, le trajet, puis ensuite l’arrivée dans un lieu parfois inconnu, le transport en camion ou en van est souvent source de stress pour les chevaux. Il est donc important de veiller à ce que les choses se déroulent au mieux car si les mauvaises expériences s’accumulent, le cheval risque d’être de plus en plus difficile à gérer lors de l’embarquement puis durant le voyage. Par ailleurs, un cheval fort stressé en transport aura plus de risques de se blesser, de déclencher des diarrhées ou autres troubles digestifs (coliques,…), etc.
On peut heureusement agir pour limiter le stress, l’inconfort et les risques. Selon Sarah Jaumotte, transporteuse, un voyage serein commence par un chargement dans de bonnes conditions. « Si l’embarquement se fait dans le stress et/ou la contrainte, le cheval va associer le transport à quelque chose de négatif et ne sera pas détendu pendant le voyage », explique-t-elle. « Voyager dans de bonnes conditions dépend au moins à 50% de la manière dont se passe le chargement. » Certains chevaux montent plus facilement que d’autres en transport, mais pour mettre toutes les chances de son côté il n’y a pas de secret : il faut anticiper et s’y prendre correctement. « Lorsqu’on part en concours, on a souvent peur d’être en retard donc on referme rapidement la paroi de séparation et le tape-cul dès que le cheval est monté. Le cheval ressent cette précipitation et ce stress, donc il se dit qu’il y a quelque chose de stressant dans le camion. »
Pour que le cheval associe plus facilement le moyen de transport à quelque chose de positif, mieux vaut travailler l’embarquement en amont du voyage, lorsqu’on a du temps et qu’on est détendu. « On peut par exemple consacrer plusieurs séances à simplement faire monter et descendre le cheval calmement dans le camion ou le van, tout en le récompensant une fois qu’il est dedans. Il y a plein de petites astuces pour aider les équidés à comprendre que c’est agréable d’aller dans le camion, et pas l’inverse », souligne Sarah Jaumotte. L’approche « éthologique » offre notamment diverses solutions et, si l’on n’est pas soi-même à l’aise avec cela, il ne faut pas hésiter à se faire aider d’un professionnel. En général quelques séances suffisent à résoudre la problématique de l’embarquement.
Un moyen de transport adapté au cheval
En parallèle du chargement, un bon transport dépend aussi du moyen utilisé. Il faut bien sûr que le van ou le camion soit en ordre d’un point de vue sécuritaire et technique, mais il faut également qu’il soit adapté à l’équidé. « Si l’on fait voyager un cheval de 1m80 dans un van de 1,5 place, il risque de se sentir serré et d’être dans l’inconfort », souligne Sarah Jaumotte avant d’ajouter : « Concernant les poulains âgés jusque 1 an ou 18 mois, on recommande de les laisser en liberté et de leur offrir un peu d’espace (par exemple en enlevant une paroi) afin qu’ils puissent se mettre dans la position qu’ils veulent. Tout dépend du degré de manipulation, mais souvent lorsqu’on attache un jeune poulain il peut se sentir coincé et garder un mauvais souvenir du transport. C’est encore plus dangereux s’il s’agit d’un van avec une barre de poitrail, car en tirant sur la corde le poulain peut passer ses jambes par-dessus et se coincer. »
Peu importe l’âge du cheval, il faut aussi éviter les expériences désagréables qui seraient liées à une mauvaise conduite du chauffeur. Si vous êtes au volant, adoptez une conduite souple et anticipez les dangers. Le cas échéant, veillez à confier votre cheval à un chauffeur prudent.
L’occuper pendant le voyage
L’une des raisons pour lesquelles les chevaux aiment rarement les transports est liée au fait que ce sont des espaces confinés, or en tant qu’animaux de proie les équidés sont par nature un peu claustrophobes. Une fois qu’ils ont embarqué, on peut essayer de les distraire et les occuper avec du foin, à condition que celui-ci soit de bonne qualité. Un foin poussiéreux distribué dans un espace clos comme un camion pourrait en effet favoriser les maladies respiratoires. Sarah Jaumotte précise aussi que « le foin ne fonctionne pas avec tous les chevaux, mais on ne perd rien à essayer car les comportements peuvent évoluer. J’ai déjà remarqué que certains chevaux stressés se mettaient à manger seulement après 1h30-2h de trajet. »
Outre le foin, on peut aussi favoriser la détente du cheval en le transportant avec un congénère. Pour que cette présence soit bénéfique, il faut cependant « que le cheval soit sociable ou du moins apprécie la compagnie, et que l’équidé qui l’accompagne ne soit pas stressé sinon cela peut empirer la situation », précise Sarah Jaumotte. Par ailleurs, cette solution peut être utile de manière temporaire, mais comme pour les promenades il est préférable d’habituer son cheval à également être seul. C’est notamment pourquoi Sarah Jaumotte travaille toujours l’embarquement de façon individuelle. En alternative à un compagnon, on peut aussi placer un miroir à l’intérieur du véhicule car des études ont démontré que ceci pouvait diminuer le stress des chevaux. Attention toutefois à protéger l’objet ou à le placer de façon à ce qu’il ne puisse pas se rompre ni blesser le cheval.
Recourir aux sédatifs ?
Enfin, avec les chevaux particulièrement stressés en transports, la question de la sédation peut parfois se poser. Il existe différents types de calmants ou relaxants plus ou moins forts prescrits par les vétérinaires ou directement disponibles dans le commerce : compléments, gels ou pâtes en seringues, plantes,… Sarah Jaumotte recommande de choisir de préférence des plantes ou des produits très légers, et de ne pas compter sur cette solution à long terme : « Souvent les chevaux trop tranquillisés sont plus difficiles à manipuler, et comme ils ne se rendent pas vraiment compte de ce qu’il se passe l’expérience de transport sous sédation n’est pas bénéfique ou utile pour la suite. En bref, ces produits peuvent atténuer le stress mais ne règlent généralement pas la source des problèmes. »
Les calmants sont donc plutôt une solution à garder en dernier recours, ou en complément d’un travail plus global sur l’embarquement, la mise à l’aise du cheval dans le transport, etc. Certains équidés mettent plus de temps que d’autres pour être à l’aise en voyage donc ne vous découragez pas, mais n’hésitez également pas à vous faire aider si vous ne constatez pas d’amélioration malgré vos efforts.