La complexité des troupeaux de chevaux sauvages révélée par des drones (vidéo)
Les chevaux sauvages vivent selon une organisation particulièrement complexe, dont de nombreux éléments échappent encore à la connaissance des humains. L’observation d’un troupeau via des drones a néanmoins permis à des scientifiques hongrois de faire des découvertes intéressantes. L’expérimentation donne également lieu à de très belles images compilées dans une vidéo :
Implanté en Hongrie, le parc d’Hortobágy a la particularité d’héberger une grande population de chevaux de Przewalski, lesquels sont considérés comme la dernière sous-espèce de chevaux sauvages présente sur Terre. Ce vaste troupeau a permis à un groupe de scientifiques hongrois de mener des observations intéressantes sur la structure et les dynamiques des sociétés équines.
Les chercheurs ont basé leur étude sur le suivi de 238 chevaux identifiés individuellement (plusieurs mâles célibataires n’ont pas été identifiés) grâce à des vidéos de drones, et ont combiné les brèves analyses de ces mouvements avec des données démographiques issues de 23 ans de surveillance de cette population d’équidés. Cela leur a permis de découvrir que, comme chez les humains ou les primates, il existe aussi des sociétés à plusieurs niveaux chez les chevaux.
Chez les Przewalski de Hongrie, les scientifiques ont établi que le troupeau d’environ 250 chevaux se composait de 28 plus petites unités, les harems. Les chercheurs hongrois précisent que « certains harems existent depuis plus d’une décennie et leur composition évolue généralement lentement au fil du temps ». Ils ont observé une certaine cohésion au sein des harems, qui se manifestait principalement au travers d’une certaine proximité entre membres, et d’une similarité de mouvements plus importante qu’à l’échelle du troupeau entier. Ces deux éléments étaient encore plus marqués au sein de ce que les scientifiques ont qualifié de « familles », c’est-à-dire des poulains presque adultes vivant encore avec leurs mères au sein d’un même harem.
L’importance des liens de parenté des chevaux sauvages
Les liens de parenté influencent aussi la distance entre les différents harems : ceux composés d’étalons ou de juments apparentés sont situés plus près les uns des autres que les harems dont les liens familiaux sont plus éloignés. Par ailleurs, les harems comptant des frères et sœurs sont encore plus proches que ceux rassemblant des demi-frères et demi-sœurs. Les analyses des mouvements et distances ont aussi révélé que les transferts de juments s’effectuaient couramment entre harems proches, et les scientifiques estiment même pouvoir prédire ces changements en suivant l’évolution de la proximité et des rapports entre individus de différents groupes.
Les chercheurs hongrois ont aussi observé que les harems plus anciens et plus grands ont généralement une place plus centrale dans le troupeau, et appartiennent souvent à des étalons plus âgés ou plus expérimentés. La centralité au sein du troupeau peut être une place intéressante pour plusieurs raisons, à commencer par la protection par les autres harems vis-à-vis des étalons célibataires qui peuvent à la fois menacer l’étalon mais aussi les juments et leurs poulains. Figurer au centre peut aussi permettre au harem d’être moins exposé aux insectes piqueurs comme les taons. Par ailleurs, comme les nouveaux harems ont tendance à être temporairement isolés dans un premier temps, il semble logique que les harems plus anciens aient une place centrale dans le troupeau.
En bref, même si de l’extérieur les mouvements des chevaux sauvages peuvent sembler aléatoires, il n’en est rien ! Le troupeau et sa division en harems sont en effet régis par certaines règles sociales et influencés par les liens de parenté. Ces derniers pourraient être l’un des facteurs conduisant à la création de troupeaux massifs issus de harems indépendants, mais selon les scientifiques hongrois des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer les différents facteurs et conditions à l’origine de ce genre de structure équine.