Alexis Kozma : « L’équitation doit être bénéfique pour le cheval »
Alexis Kozma a un profil un peu particulier dans le monde équestre, puisqu’elle accompagne cavaliers et chevaux en tant qu’instructrice mais aussi ostéopathe. Cette double casquette lui a permis d’acquérir une meilleure compréhension du cheval et de multiples connaissances – notamment en biomécanique – qu’elle partage volontiers au travers de cours, stages ou encore programmes en ligne. Son but : former et informer les cavaliers dans l’intérêt de l’équidé, sans négliger bien sûr le facteur humain. Rencontre avec cette jeune femme en quête constante d’évolution.
Il y a généralement deux grandes catégories de professionnels équestres : ceux qui œuvrent en piste et ceux qui travaillent plutôt en coulisses. Alexis Kozma, elle, joue sur les deux tableaux ! La jeune femme accompagne en effet les cavaliers et leurs chevaux en tant qu’ostéopathe et instructrice, deux métiers qui se complètent et qui lui permettent d’avoir une approche bien à elle de l’équitation.
Alexis Kozma a pourtant débuté son parcours équestre de façon tout à fait classique, avec des cours en poney club dès l’âge de 7 ans, puis une formation à l’IPEA de La Reid durant ses humanités. « Il n’y avait pas trop d’équitation dans ma famille et mes parents auraient préféré que je fasse un sport avec moins de risques, mais ils m’ont toujours soutenue dans mon parcours », se remémore la jeune femme. « Dès petite, je savais que je voulais passer mes journées avec les chevaux ! »
Après son cursus à La Reid, Alexis Kozma a eu l’occasion de passer plusieurs années à Saumur. Elle y a d’abord obtenu un BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport), puis elle est devenue cavalière d’écurie pendant trois ans et a passé en parallèle son instructorat BE2. Alexis Kozma a poursuivi sa carrière de cavalière pendant un an au sein d’une écurie de dressage du sud de la France, et c’est suite à cela qu’elle a « bifurqué » selon ses propres mots. « Cette expérience était intéressante car j’avais un piquet de jeunes chevaux mais contrairement à ce que j’avais connu à Saumur, il y avait des contraintes financières et commerciales qui ne permettaient pas de respecter l’intégrité des chevaux selon moi. J’aime profondément les chevaux donc je ne m’y retrouvais pas, je devais changer quelque chose. »
« Une fois qu’on s’intéresse à l’anatomie, la physiologie et la biomécanique, c’est beaucoup plus clair de savoir comment on peut entrainer un cheval pour qu’il soit bien dans son corps. »
Alexis Kozma a profité d’un accident et un arrêt de travail pour s’inscrire à l’école d’ostéopathie animale à Rennes, une voie qu’elle a choisie car elle souhaitait « donner » quelque chose aux chevaux. Pendant sa formation, l’instructrice a continué à dispenser des cours et petit à petit, ses deux activités ont commencé à se mélanger. Aujourd’hui, Alexis Kozma accompagne ainsi beaucoup de couples en tant qu’ostéopathe et coach. Cela lui permet d’avoir une meilleure lecture du fonctionnement du cheval pendant les séances d’ostéopathie, et de mieux conseiller et accompagner ses élèves. « L’ostéopathie a vraiment changé ma façon de voir et de travailler les chevaux. Auparavant j’étais par exemple frustrée de ne pas comprendre pourquoi un cheval avait du mal à galoper à droite et l’autre pas, et l’ostéopathie m’a permis de comprendre et de trouver énormément de solutions aux problèmes que je rencontre. Une fois qu’on s’intéresse à l’anatomie, la physiologie et la biomécanique, c’est beaucoup plus clair de savoir comment on peut entrainer un cheval pour qu’il soit bien dans son corps. »
Allier équitation et compréhension du cheval
Sans renier ce qu’elle faisait avant, Alexis Kozma a donc fait évoluer ses méthodes de coaching et d’entrainement à l’aide de ses nouvelles connaissances. « S’intéresser à la biomécanique, c’est-à-dire au fonctionnement du cheval et de sa locomotion, permet par exemple de savoir ce qu’un cercle, une épaule en dedans ou un autre exercice peut apporter à son cheval. Dans mon travail je tiens aussi beaucoup compte de l’asymétrie, et en fonction du fait qu’un cheval soit droitier ou gaucher je ne fais pas forcément le même exercice de la même façon à main droite ou à main gauche. Les connaissances biomécaniques offrent en effet cette possibilité de sortir du « on le fait parce qu’on a toujours fait comme ça » et de trouver plus facilement des solutions quand on rencontre un problème. »
L’ostéopathe et coach constate aussi qu’allier équitation et compréhension du fonctionnement du cheval permet aux cavaliers de ne pas s’enfermer dans des idées reçues telles que « mon cheval ne veut pas le faire ». « En général, quand un cheval ne fait pas ce qu’on lui demande c’est soit parce qu’il n’a pas compris, soit parce qu’il n’est pas capable physiquement de réaliser l’exercice. Quand je coache, il peut ainsi m’arriver d’interrompre la séance en cas de problème car je me rends compte que le cheval n’est juste pas capable de faire ce qu’on lui demande, et qu’il faut plutôt régler le souci via l’ostéopathie ou autre. Cette approche est bénéfique pour les chevaux mais aussi pour les cavaliers, car ça leur évite de croire qu’ils ne savent pas monter alors que le problème peut tout simplement venir du physique du cheval. »
Grâce à cette façon de procéder, Alexis Kozma constate qu’au fil des ans, elle doit intervenir moins régulièrement en tant qu’ostéopathe sur les chevaux de ses élèves. « En veillant à avoir un entrainement correct, combiné à un bon suivi au niveau des pieds, de l’adaptation de la selle, de l’alimentation, etc, on parvient à avoir des chevaux qui vont toujours bien. »
Une pratique en constante évolution
La découverte de l’ostéopathie a marqué un tournant important pour Alexis Kozma, mais depuis lors cette dernière ne cesse de développer ses connaissances et de faire évoluer sa pratique. Récemment, elle a par exemple commencé à se former à la fasciathérapie, une thérapie manuelle axée sur le fascia, cette membrane fibro-élastique qui entoure de nombreux muscles et organes et est présente de manière ininterrompue dans tout le corps. « Ce tissu est richement innervé et intervient entre autres dans la proprioception, le glissement des tissus, la répartition et la transmission des forces à travers l’organisme, l’hydratation des tissus,… Il peut aussi se contracter mais pas de manière volontaire comme un muscle, et c’est ce qui peut créer du mal-être et des douleurs. La fasciathérapie permet de travailler sur ces tensions afin de rééquilibrer les tonicités du fascia et ainsi améliorer le bien-être global. Chez les chevaux, la technique m’apporte des solutions par rapport à des engorgements, déchirures musculaires et autres soucis pour lesquels je n’avais pas vraiment d’outils en ostéopathie. La fasciathérapie permet aussi de toucher au bien-être mental, car le fascia est relié à tout le corps et aux émotions. Les résultats sont souvent bluffants ! »
Certains cavaliers observent par exemple que leurs chevaux semblent mieux dans leur corps mais aussi dans leur tête après une séance de fasciathérapie. Alexis Kozma utilise aussi cette thérapie manuelle sur les humains, notamment pour traiter des douleurs de longue date et améliorer le bien-être en selle comme dans la vie de tous les jours. « Il y a quelques années j’étais très branchée cheval et je ne prenais pas toujours conscience que si le cavalier dessus n’est pas tout à fait équilibré, c’est plus compliqué pour l’équidé », observe-t-elle. « Maintenant, lors de l’entrainement, je fais davantage attention au fonctionnement du cavalier et je n’hésite pas à envoyer mes cavaliers chez l’ostéopathe ou un autre thérapeute. L’idée est de prendre soin de soi pour en même temps prendre soin de son cheval et des autres. »
Coaching, séances d’ostéopathie, stages, capsules sur les réseaux sociaux, plateforme de cours en ligne,… Alexis Kozma a développé différents canaux de diffusion et activités dans un seul et même but : former et informer les cavaliers dans l’intérêt du cheval. « C’est important d’allier sa pratique à la compréhension de l’animal car l’équitation doit être bénéfique pour le cheval tant au niveau physique que mental », souligne-t-elle. « Je dis en effet à mes cavaliers qu’ils doivent être le kiné ou le coach de leur cheval. Et pour ce qui concerne l’aspect mental, j’utilise beaucoup le renforcement positif et le clicker training car cela permet de gagner du temps et de motiver les chevaux. Ceux-ci aiment en effet faire des choses avec nous, mais cela dépend de la façon dont on le fait. Bref, en tant que cavalier on peut vraiment agir pour rendre l’équitation intéressante et utile, et surtout pas délétère pour le cheval. »
Vous pouvez suivre l’actualité et les conseils d’Alexis Kozma sur son site, sa page Facebook ou encore sur son compte Instagram.