La myopathie atypique en 5 questions
Maladie dangereuse et souvent mortelle, la myopathie atypique menace les équidés à l’automne et au printemps. Depuis qu’on en connait l’origine, on peut heureusement diminuer les risques et mieux protéger les chevaux. Voici tout ce qu’il faut savoir pour reconnaître la myopathie atypique, et surtout pour l’éviter :
1. Qu’est-ce que la myopathie atypique ?
La myopathie atypique est une maladie qui détruit les muscles posturaux, respiratoires et du myocarde (tissu musculaire du coeur), c’est pourquoi elle est dangereuse et souvent mortelle. Les chevaux atteints sont en fait victimes d’intoxications sévères liées à l’ingestion de samares (fruits en forme d’hélices) et de plantules provenant de certaines espèces d’érables. En Europe, il s’agit principalement des érables sycomores. La myopathie atypique survient de façon saisonnière, essentiellement en automne et au printemps lorsque l’environnement et les conditions climatiques (vent, humidité, chute des samares, pousse des plantules,…) favorisent la dissémination des toxines.
La maladie touche des équidés de tous types, races et âges et elle affecte particulièrement ceux qui vivent principalement au pré et sont donc susceptibles d’ingérer les fruits et plantules toxiques. La myopathie atypique n’est pas contagieuse, mais comme elle est liée à l’environnement elle peut toucher plusieurs équidés vivant dans un même pré. Enfin, il faut savoir que les chevaux qui ont déjà développé cette intoxication et y ont survécu ne sont pas pour autant immunisés.
2. Quels sont les symptômes de la maladie et les signaux d’alerte ?
La myopathie apparait souvent de manière brutale : le cheval est par exemple dans un état tout à fait normal et le lendemain il est retrouvé couché sur le flanc. L’évolution de la maladie est également rapide puisque selon l’ULiège, dans les cas mortels l’euthanasie ou le décès survient généralement 3 à 10 jours après les premiers symptômes d’intoxication. La récupération est quant à elle variable et va de 1 à 30 jours, avec une moyenne d’une dizaine de jours.
En tant que propriétaire, voici les signaux les plus fréquents de la myopathie atypique, et donc ceux qui doivent vous alerter :
- Les urines foncées : lorsque les fibres musculaires sont endommagées par la maladie, elles libèrent une protéine qui colore les urines. Cette « pigmenturie » est le signe clinique le plus spécifique de la myopathie atypique, comme le précise l’ULiège.
- Une faiblesse généralisée, de la raideur, des tremblements.
- Une position couchée (le plus souvent sur le flanc) et le cheval refuse ou est incapable de se relever. De manière globale, l’équidé a du mal à se mouvoir.
- Un psychisme déprimé, c’est-à-dire une attitude de dépression.
- Une transpiration anormale, en dehors d’un effort physique.
- Un appétit conservé, voire exacerbé.
En dehors de ces signes particulièrement visibles, l’examen réalisé par le vétérinaire révèle souvent chez les chevaux atteints de myopathique atypique une température rectale normale (37-38°C), mais une fréquence cardiaque augmentée (plus de 45 battements/minute au repos), des muqueuses de couleur rouge ou encore une distension de la vessie. De manière moins fréquente (moins de 50% des cas), la maladie peut aussi se manifester par de l’hypo- ou hyper-thermie, des difficultés respiratoires, des difficultés à déglutir, ou encore de l’anorexie.
3. Que faire si mon cheval semble atteint de myopathie atypique ? Quels sont les traitements qui existent ?
En cas de suspicion, le premier réflexe est évidemment de contacter un vétérinaire. Les chevaux atteints de myopathie atypique ont généralement besoin d’une prise en charge intensive, c’est pourquoi l’hospitalisation est souvent nécessaire. Il n’existe pas d’antidote à la toxine responsable de la maladie, donc le traitement vise surtout à soigner les symptômes via l’administration d’antioxydants, d’anti-inflammatoires, de vitamines ou encore de glucose pour soutenir l’organisme. Même si le cheval est bien pris en charge, les décès surviennent hélas dans environ 75% des cas selon une étude (datant de 2012). Les équidés qui survivent ne gardent par contre pas de séquelles, à l’exception parfois d’une arythmie cardiaque.
Si votre cheval est bel et bien atteint de myopathie atypique, il est recommandé de signaler son cas via ce formulaire du réseau européen d’alerte AMAG (Atypical Myopathy Alert Group). Cela permet de faire avancer la recherche mais aussi de favoriser la prévention auprès des propriétaires et vétérinaires, notamment via des appels à la vigilance lorsque les conditions environnementales contribuent au développement de la maladie.
4. Comment éviter que mon cheval contracte la maladie ?
Comme il n’existe pas de traitement curatif contre la myopathie atypique, le remède le plus efficace reste la prévention. Il faut être particulièrement vigilant à l’automne et au printemps car la maladie se développe surtout à ces périodes. Selon l’ULiège, 94% ces cas surviennent plus exactement entre le 1er octobre et le 31 décembre, ainsi qu’entre le 1er mars et le 31 mai. La toxicité des hélices et plantules d’érables est cependant variable d’une année à l’autre en fonction de différents facteurs (notamment climatiques), il reste donc utile d’être vigilant aux alertes lancées par l’AMAG ou d’autres professionnels du secteur équin.
Voici quelques-unes des actions utiles à mettre en place pour éviter cette fameuse intoxication aux hélices et jeunes pousses d’érables :
- Empêcher le contact avec la plante toxique : en automne, les samares d’érables peuvent voyager grâce au vent, donc même si la prairie n’est pas entourée d’arbres, elle peut se retrouver contaminée par des fruits provenant d’érables plus lointains. Les chevaux peuvent aussi ingérer les graines d’érables via des feuilles mortes, des plantules, etc. Il est donc important de vérifier régulièrement sa prairie et soit d’en enlever les samares et plantules, soit de réduire l’accès aux zones qui sont contaminées par ces fruits et pousses d’érables. Il est également recommandé d’éviter le hersage ou l’épandage de fumier dans le pré, car cela peut favoriser la propagation des toxines.
- Complémenter les chevaux vivant au pré : Une bonne alimentation permet de supporter le métabolisme du cheval, et donc d’augmenter son taux de survie s’il est touché par la myopathie atypique. Par ailleurs, les chevaux au pré qui sont complémentés avec des aliments concentrés ont moins tendance à ingérer les fameux samares ou plantules d’érables toxiques. Le fait de donner du foin en automne est par contre controversé, car le fourrage peut se retrouver contaminé lui aussi s’il a été produit dans un pré intoxiqué ou s’il entre en contact avec des samares ou des plantules d’érables. Il est donc utile de vérifier l’origine de son foin, et d’éviter de le placer au sol ou sous un érable. La présence d’une pierre à sel est également recommandée pour assurer un bon apport en vitamines et minéraux.
- Réduire le temps de pâturage : la myopathie atypique touche dans presque 100% des cas les chevaux qui vivent au pré. Une solution pour prévenir la maladie serait donc de les rentrer au boxe durant l’automne et le printemps ou du moins lorsque les conditions climatiques augmentent les risques de contamination (vent, pluie,…), mais ce n’est pas toujours possible ni souhaitable pour leur bien-être. Une alternative peut alors être de limiter le temps au pré à 6 heures par jour pendant les périodes à risques, car en réduisant la durée d’exposition à la toxine on limite aussi le risque pour les chevaux de développer la myopathie atypique.
- Abreuver avec l’eau du réseau de distribution : comme le foin, l’eau peut être contaminée par les samares et même par les fleurs des érables sycomores. Pour éviter toute intoxication par ce biais, il est donc préférable d’utiliser de l’eau du réseau, et de nettoyer régulièrement les abreuvoirs.
5. Comment reconnaître les variétés toxiques d’érables ?
Parmi les nombreuses espèces d’érables qui existent, seules quelques-unes produisent la fameuse toxine à l’origine de la myopathie atypique. En Europe, il s’agit de l’érable sycomore reconnaissable notamment à ses fleurs en grappes pendantes, ses feuilles avec 5 lobes à bords dentés et ses samares dont l’angle est aigu. Parce que des images valent mieux que de longues phrases, voici ci-dessous un visuel diffusé par l’ULiège en collaboration avec les autorités Wallonnes. Pour davantage d’informations, nous vous recommandons aussi de consulter ce document « Foire aux questions » illustré par de nombreuses photos de plantules, samares, etc : cliquez ici.