Comment utiliser l’argile, remède naturel aux nombreuses vertus ?

L’argile est un remède naturel et efficace non seulement chez les humains, mais aussi chez les chevaux. Ses propriétés absorbantes, cicatrisantes ou encore minéralisantes en font notamment un traitement de choix en cas d’atteintes tendineuses, de plaies ou encore de troubles digestifs. L’argile est par ailleurs très simple à utiliser, à condition toutefois de respecter quelques précautions. Coralie Vicente Perez, ostéopathe et phytothérapeute équin, nous explique comment soigner son cheval à l’aide de ce produit naturel.

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© Christophe Bortels

Cosmétique, fabrication de poteries et autres objets, construction, soins pour les humains ou les animaux,… L’argile est utilisée depuis des siècles dans de nombreux domaines. Cette matière rocheuse et meuble a en effet l’avantage d’être présente dans de nombreux sols, mais aussi et surtout d’offrir plusieurs propriétés intéressantes, y compris pour les équidés. « On dit de l’argile qu’elle « absorbe le mal », car elle a un grand pouvoir absorbant – notamment par rapport à certaines substances nocives. », illustre Coralie Vicente Perez, ostéopathe et phytothérapeute équin. On peut ajouter à cela des propriétés cicatrisante, couvrante ou encore adsorbante, c’est-à-dire que tel un aimant, l’argile peut attirer et retenir à sa surface différentes particules (microbes, toxines,…). « En parallèle, l’argile donne également ses minéraux et oligo-éléments », ajoute Coralie Vicente-Perez qui souligne par ailleurs qu’en plus d’être polyvalent, « c’est un produit très peu cher ».

Les différentes propriétés peuvent être plus ou moins importantes selon le type d’argile, car il en existe de différentes couleurs (verte, rose, blanche – aussi appelée kaolin, rouge, jaune) en fonction de leur origine et leur composition. « L’argile blanche et la verte sont celles les plus utilisées chez les chevaux : la première pour les usages internes, la seconde plutôt pour les usages externes », précise Coralie Vicente Perez. « Personnellement, je travaille essentiellement avec l’argile verte type Montmorillonite car ses propriétés sont tellement larges et intéressantes qu’on peut déjà faire beaucoup de chose avec. »

On peut donc se contenter d’avoir en réserve un seul type d’argile pour plusieurs usages. La forme la plus polyvalente est la poudre pure qu’on mélange avec de l’eau, mais l’argile peut aussi se décliner en granulés ou encore en préparations prêtes à l’emploi. Dans ce dernier cas, l’argile est parfois associée à des huiles essentielles afin d’y apporter des propriétés supplémentaires.

Les usages externes

Comme expliqué précédemment, on privilégiera plutôt l’argile verte pour les usages externes. Chez le cheval, le produit peut notamment servir :

  • Pour soigner les plaies : « l’argile a un pouvoir cicatrisant et a la capacité d’absorber toutes les impuretés présentes dans les blessures », explique Coralie Vicente Perez. « Avant d’apposer l’argile, il est cependant nécessaire de bien nettoyer la plaie. » On peut opter pour l’application directe d’une couche épaisse (1 cm minimum) de produit ou pour une compresse imbibée d’argile et tenue par un bandage. Dans le deuxième cas, on ajoutera un peu plus d’eau à la préparation afin que la compresse absorbe bien l’argile. « Lorsque la localisation de la blessure le permet, mieux vaut privilégier les compresses au début car cela sera plus facile à retirer et à nettoyer. Par ailleurs l’argile sèchera moins vite de cette façon et aura plus de temps pour faire son travail et libérer ses propriétés », précise la phytothérapeute. Cette dernière souligne aussi que pour les plaies ouvertes, il faut à tout prix éviter les argiles contenant des huiles essentielles : « Certaines huiles sont photosensibilisantes ou dermocaustiques donc cela peut être dangereux. »
  • Pour traiter les pathologies tendineuses et autres atteintes des membres : « L’argile aide à cicatriser en surface comme en profondeur », souligne Coralie Vicente Perez. « Elle favorise la circulation sanguine qui est nécessaire pour la guérison, et contribue à éliminer les toxines que produisent les atteintes aux tendons. » Dans ce genre de cas, on appliquera l’argile sous forme de cataplasme sur le membre atteint, en n’hésitant pas à répéter l’opération plusieurs fois par jour et pendant plusieurs jours (voir ci-dessous). La première couche sera toujours posée délicatement à rebrousse-poils, afin de favoriser la pénétration du produit. On peut ensuite bander le cataplasme afin que l’argile sèche moins vite et ait plus de temps pour libérer ses propriétés. « Une fois sèche, l’argile a en effet fini son travail et peut être retirée », précise la phytothérapeute.
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La première couche d’argile s’applique à rebrousse-poil, ensuite on peut l’apposer dans le sens du poil. (© Christophe Bortels)
  • Pour compléter le travail de l’ostéopathe : lorsque le professionnel effectue des manipulations importantes, cela peut libérer beaucoup de toxines dans le corps du cheval. Après certaines séances d’ostéopathie, Coralie Vicente Perez applique donc un cataplasme d’argile sur la zone traitée afin de favoriser l’élimination de ces toxines. « Si le cheval est habitué, on peut laisser le cataplasme toute une nuit, si pas on se limitera à deux heures », précise-t-elle.
  • Pour traiter les dermites : l’argile va notamment permettre d’apaiser les lésions. On peut l’appliquer directement sous forme de poudre sur la zone concernée, après quoi on passera un coup de brosse.

Peu importe le cas de figure, il est important de ne pas laisser l’argile trop longtemps, surtout lorsque le cheval n’est pas habitué. « Chaque cheval a son seuil de tolérance mais l’argile peut parfois causer des sensations de chaleur voire de légères douleurs tellement son pouvoir d’action est important », précise Coralie Vicente Perez. « Par précaution, il vaut donc mieux limiter l’application à deux heures maximum au début, et répéter l’opération deux à quatre fois par jour si on peut se le permettre. » La phytothérapeute conseille surtout d’être attentif avec les chevaux atteints de problèmes tendineux, afin de ne pas ajouter d’inconfort à leur pathologie : « Si l’argile est déjà très chaud après 30 minutes ou 1 heure, mieux vaut l’enlever et recommencer l’opération plus tard, en augmentant progressivement le temps de pause. Et une fois que la substance est sèche, elle a effectué son travail donc on peut également la retirer.»

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Une fois sèche, l’argile n’agit plus donc on peut l’enlever en la rinçant simplement à l’eau (© Christophe Bortels)

L’argile se rince simplement à l’eau et « ne peut en aucun cas être réutilisée car elle est chargée des substances qu’elle a absorbées », souligne Coralie Vicente Perez. Si l’on prépare soi-même son mélange à l’aide d’une poudre, il faudra par ailleurs éviter les récipients et ustensiles en métal – et idéalement ceux en plastique – car ces matières peuvent altérer les propriétés du produit.

Enfin, le traitement à l’argile peut s’étendre sur quelques jours ou davantage selon les problématiques, et il ne faut pas hésiter à diminuer progressivement le nombre d’applications ou à faire des pauses. « J’ai pour habitude d’utiliser l’argile 5 jours par exemple, puis d’arrêter 1 ou 2 jours pour observer s’il y a une amélioration ou s’il vaut mieux reprendre le traitement. Pour les tendinites par contre, l’application se fera plutôt sur le long terme. Soigner avec de l’argile peut prendre du temps, mais les résultats sont parfois extraordinaires ! », précise Coralie Vicente Perez.

Les usages internes

Pour les usages internes, l’argile blanche est plus appropriée mais la verte peut également convenir. On se limitera par contre à un produit pur, sous forme de poudre. Le plus simple selon Coralie Vicente Perez est de recourir à ce qu’on appelle l’eau argileuse, c’est-à-dire de l’eau dans laquelle on aura préalablement versé le produit. « L’idéal est de préparer le mélange la veille, en utilisant l’équivalent d’une cuillère d’argile pour un litre d’eau. On évite bien sûr les récipients en métal (voir ci-dessus) et on attend que l’argile se dépose dans le fond pour que le cheval ingère l’eau argileuse. Au début c’est en effet préférable qu’il ne prenne que l’eau et pas le résidu d’argile dans le fond du récipient, afin qu’il s’habitue aux pouvoirs importants que le produit peut avoir. »

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Pour les usages internes, on choisira de l’argile pure en poudre, verte ou blanche. (© Christophe Bortels)

L’eau argileuse a des propriétés minéralisantes et absorbantes, donc elle aide l’organisme à se débarrasser des mauvais résidus. Il faut cependant éviter l’usage interne de l’argile en même temps que les médicaments pris par voie orale, au risque qu’elle interfère avec leurs effets. L’ingestion d’argile a néanmoins d’autres bienfaits, comme une action vermifuge – qui ne remplace toutefois pas un vermifuge classique. Elle aide également à soulager les problèmes gastriques (notamment les ulcères), à réguler le système digestif et est un atout indéniable contre la diarrhée. Lorsqu’il n’y a pas de contre-indications, Coralie Vicente Perez recommande de faire annuellement 1 à 4 cures d’eau argileuse pendant 3 à 4 semaines.

L’argile se conserve longtemps dans un endroit sec, il est donc toujours utile d’en avoir à disposition dans sa sellerie, que ce soit pour soigner les blessures, problèmes tendineux ou tout simplement pour réaliser des cures d’eau argileuse. Les seules précautions à suivre sont évidemment de respecter les durées d’application et le mode de préparation.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !