Comment réussir ses départs pas-galop ?

Simples pour certains, complexes pour d’autres, les départs pas-galop réclament réactivité et précision. Lorsqu’on les exécute correctement, ils constituent un exercice idéal pour améliorer l’engagement des postérieurs et progresser petit à petit vers les changements de pied. Françoise Hologne, cavalière et coach de dressage, nous explique comment réussir cet exercice bénéfique et utile pour toutes les disciplines.

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© Christophe Bortels

Une fois que vous maitrisez bien les départs au galop depuis le trot, pourquoi ne pas essayer de les effectuer depuis le pas ? En plus de varier le travail, cela contribuera à améliorer l’équilibre de votre cheval en l’encourageant à engager davantage ses postérieurs et à reporter du poids sur son arrière-main. En tant que cavalier, les départs pas-galop vous permettront notamment de vérifier si votre cheval est réactif et à l’écoute, et si vos aides sont assez précises. C’est aussi un exercice utile à maitriser en dressage, car il est demandé dans certaines reprises dès le niveau 1 ou les 5 ans.

Avant de démarrer, quelques prérequis s’imposent : « Il faut non seulement que les départs trot-galop soient confirmés, mais aussi que le cheval soit droit dans ses aides, c’est-à-dire aligné d’épaules et de hanches », souligne Françoise Hologne, coach et cavalière de dressage. « Il faut également que le cheval soit un minimum à l’écoute, qu’il accepte les aides du cavalier et y soit réactif. »

Si ces cases sont bien cochées, vous pouvez commencer par travailler les départs pas-galop sur une courbe comme un coin ou encore une portion de cercle menant à la piste. Cela favorisera la prise de galop sur le bon pied, mais aussi un départ plus contrôlé. « La courbe empêche le cheval de prendre de la vitesse et de se précipiter dans le galop », souligne Françoise Hologne. « Ce tracé aide aussi à maintenir le cheval incurvé et rond dans son départ, à condition bien sûr d’éviter que le cheval tombe avec ses épaules vers l’intérieur ou laisse déraper ses hanches vers l’extérieur. »

Une fois les transitions pas-galop maitrisées sur la courbe, on pourra évidemment varier et compliquer un peu l’exercice en l’exécutant sur la ligne droite.

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Une fois le départ pas-galop maitrisé sur une courbe, on peut l’effectuer en ligne droite. © Christophe Bortels

Soigner ses aides et sa transition pas-galop

Pour demander le départ au galop depuis le pas, les aides sont exactement les mêmes que depuis le trot : la jambe intérieure reste à la sangle et maintient l’incurvation et la trajectoire, tandis que celle extérieure recule mais brièvement afin d’éviter que le cheval la confonde avec une jambe isolée et décale ses postérieurs. Françoise Hologne conseille également d’être attentif aux mains : « Elles doivent rester ensemble et maintenir le contact sans tirer ou lâcher afin que le cheval reste en équilibre. Pour ne pas déséquilibrer sa monture, le cavalier doit aussi veiller à garder son buste droit et à regarder devant lui. »

Vous l’aurez compris : l’objectif n’est pas de partir au galop coûte que coûte depuis le pas, mais d’effectuer une transition soignée dans laquelle le cheval est réactif, en équilibre et aux aides. La réussite du départ pas-galop commence donc par une préparation préalable que nous avons déjà évoquée, ainsi que par un pas de qualité. « On marche généralement au pas moyen pour que le cheval soit actif, et il faut aussi faire attention à ce que le pas soit bien cadencé et à quatre temps », explique la coach et cavalière. « Avant le départ au galop, on veillera aussi à ce que le cheval n’augmente pas la fréquence de ses foulées et qu’il reste droit. »

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© Christophe Bortels

Consolider les bases pour régler les problèmes

Si le cheval tombe sur l’épaule intérieure au moment du départ au galop, il faudra agir avec la jambe intérieure pour remettre ses épaules devant ses hanches, et veiller à ne pas trop intervenir avec la jambe extérieure pour éviter que les hanches se décalent vers l’intérieur de la piste. Si par contre les hanches dérapent vers l’extérieur, le réflexe du cavalier sera alors de les maintenir avec sa jambe extérieure. Dans certains cas (par exemple si le cheval rentre les hanches vers l’intérieur de la piste), il peut aussi être utile d’effectuer une légère épaule devant avant le départ, de sorte à ce que le cheval soit plus droit.

D’autres difficultés peuvent également survenir au moment de la transition pas-galop, comme par exemple un départ sur le mauvais pied. « Dans ce cas, le cavalier doit veiller à être clair et précis dans ses aides, et peut s’aider d’une courbe un peu plus serrée pour demander la transition », précise Françoise Hologne. Si le cheval a plutôt tendance à effectuer sa transition par perte d’équilibre et à trotter quelques foulées avant de partir au galop, il peut être nécessaire de retravailler la réactivité à la jambe, par exemple avec des transitions simples (pas-trot, trot-galop, etc).

Enfin, si le cheval lève la tête ou lâche la main au moment du départ, mieux vaut également revenir à des transitions simples. Ce genre de réaction est souvent le signe d’un manque de propulsion, donc il peut être utile de retravailler cela et l’équilibre, par exemple en utilisant l’épaule en dedans avant le départ.

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© Christophe Bortels

En bref, la réussite du départ pas-galop demande de la précision de la part du cavalier, mais aussi de bonnes bases en matière d’impulsion, de rectitude et de réactivité aux aides. Si des problèmes se présentent, les solutions sont donc généralement à chercher de ce côté. Françoise Hologne souligne aussi qu’il est important « d’adapter son degré d’exigence en fonction de l’âge du cheval et de son niveau ». Avec un cheval jeune ou inexpérimenté par exemple, on sera un peu moins strict par rapport à l’équilibre ou la propulsion des postérieurs au moment du départ. Les transitions pas-galop vont d’ailleurs contribuer à améliorer l’engagement des postérieurs et le report du poids vers l’arrière-main, deux ingrédients qui contribuent à tendre progressivement vers des attitudes plus rassemblées. Et puis surtout, les départs pas-galop sont une étape indispensable pour maitriser les changements de pied de ferme à ferme, lesquels permettent ensuite d’évoluer vers les changements de pied en l’air (voir notre article à ce sujet).

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !