Cheval en boxe : comment améliorer ses conditions de vie ?

Même s’il est très répandu et pratique, l’hébergement en boxe est loin de répondre aux principaux besoins du cheval. Heureusement, il existe des solutions pour pallier ces lacunes et améliorer les conditions de vie des équidés en boxes, même si l’on dispose de peu de terrain. Louise L’hermitte, consultante en bien-être équin, nous livre ici quelques idées simples à mettre en place et adaptables selon chaque cheval.

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© Pixabay

Pour nous humains, héberger les chevaux en boxe est très commode : cela permet d’individualiser l’alimentation, de manipuler plus facilement les équidés ou encore de les maintenir propres. Hélas, le boxe est moins idéal pour les chevaux car il implique des conditions de vie éloignées de leurs besoins fondamentaux. « Les chevaux sont des animaux grégaires, mais lorsqu’ils vivent en boxes individuels leurs contacts sociaux sont restreints – voire inexistants », illustre Louise L’hermitte, consultante en bien-être équin. « De par sa superficie, le boxe limite aussi le mouvement des équidés alors qu’à l’état naturel ils passent leurs journées à marcher et peuvent parcourir quotidiennement 8 à 10 kilomètres. » Enfin, le boxe permet difficilement de reproduire le mode d’alimentation naturel du cheval qui consiste à se nourrir principalement d’herbes, de feuillages etc pendant une bonne partie de la journée (environ 16 heures).

On a parfois tendance à l’oublier ou à ne pas le voir, mais ces éléments peuvent avoir de lourdes conséquences. « Au-delà de restreindre les mouvements, la vie en boxe joue sur le mental du cheval et cela peut entrainer des comportements dangereux pour l’homme », souligne Louise L’hermitte. « La privation par rapport à certains besoins peut aussi coûter cher en soins, parce qu’elle favorise par exemple les stéréotypies, les coliques, les problèmes locomoteurs,… »

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Le boxe ne répond malheureusement pas complètement aux besoins de mouvement, d’alimentation et de contacts sociaux. (© Pixabay)

Faut-il pour autant bannir complètement l’hébergement en boxe ? Ce n’est pas si simple… On considère en effet généralement que la vie en extérieur (pré, paddock paradise, écurie active,…) est celle qui répond le mieux aux besoins des chevaux, mais il n’est pas toujours possible de l’adopter pour des raisons pratiques, de sécurité, de disponibilité des terrains, de santé du cheval,… Le boxe peut alors être utile ou nécessaire, mais dans ce cas il faut veiller à apporter des solutions aux manquements qu’il implique par rapport aux besoins fondamentaux des équidés.

« Il faut vraiment faire une analyse au cas par cas, car deux chevaux voisins dans une même écurie n’auront pas forcément les mêmes problèmes ou besoins prioritaires. »

Pour ce faire, Louise L’hermitte conseille de commencer par faire le point sur les conditions de vie du cheval. Comment est-il alimenté ? A-t-il des contacts sociaux et lesquels ? Quelle est sa relation à l’humain ? A quelle fréquence sort-il et comment ? Présente-t-il des stéréotypies ?  « Il faut vraiment faire une analyse au cas par cas, car deux chevaux voisins dans une même écurie n’auront pas forcément les mêmes problèmes ou besoins prioritaires », explique la consultante. « Sur base de ce constat, on peut ensuite se demander ce qu’on peut améliorer et commencer à apporter des changements. » Ci-dessous, voici quelques idées d’initiatives à mettre en place dans trois grandes catégories que sont l’alimentation, les sorties ou encore les contacts sociaux.

Alimentation : diversifier et allonger les repas

Même au boxe, on peut faire en sorte que le cheval passe plus de temps à s’alimenter sans pour autant augmenter sa ration et risquer qu’il prenne du poids. « Si le cheval reçoit deux gros repas de foin, on peut distribuer la même quantité sur la journée mais en la répartissant sur 3 ou 4 repas », propose Louise L’hermitte. « On peut aussi utiliser des dispositifs comme des râteliers ou filets à foin pour ralentir l’ingestion et éviter le gaspillage. Mais attention : selon certaines études, les chevaux peuvent adopter de mauvaises postures à cause des râteliers, donc il faut analyser au cas par cas s’il y a plus d’avantages ou d’inconvénients à les utiliser. »

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(© Christophe Bortels)

Pour les chevaux qui vivent en boxe sur une litière de copeaux, on peut également distribuer un peu de paille (s’il n’y a pas de contre-indication vétérinaire). « Cela permettra d’occuper le cheval, tout en diversifiant son alimentation car dans la nature, les équidés peuvent ingérer jusqu’à 50 essences par jour (ndlr : voir notre article sur les haies fourragères) », souligne Louise L’hermitte.

Enfin, si l’on a difficilement accès à des prairies pour lâcher son cheval, une alternative peut être de sortir le faire brouter en choisissant bien sûr un endroit sécurisé. « On ne parle pas de brouter 10 minutes, mais d’accorder à son cheval une vrai séance d’environ une heure, qui peut même être intégrée à une promenade », conseille la consultante en bien-être.

Une séance de broutage est un bon moyen de varier l’alimentation et améliorer le moral du cheval. (© Jeroen Willems/Knokke Hippique)

Sorties : passer plus de temps hors du boxe

Les chevaux vivant au boxe sortent parfois seulement pour travailler, ce qui n’est pas suffisant pour répondre à leurs besoins en matière de mouvement. Il faut donc essayer de multiplier et varier ces sorties, si possible de façon quotidienne ou au moins plusieurs fois par semaine. « L’idéal est par exemple que les chevaux passent une demi-journée au paddock ou au pré par groupes de 2 ou de 3 », illustre Louise L’hermitte. « Si l’écurie n’est pas équipée de paddocks dédiés à cela, on peut toujours lâcher son cheval (avec des copains) dans le manège couvert pour lui permettre d’explorer et de se rouler – de préférence sans couverture. On peut aussi ajouter des objets (cônes, balle,…) et observer si cela intéresse et stimule le cheval. »

Évidemment, sortir davantage les chevaux demande du temps, mais on peut limiter cet inconvénient en instaurant par exemple une tournante entre propriétaires. Selon Louise L’hermitte, ce temps perdu en manutention est largement compensé par d’autres bénéfices : « Sortir davantage son cheval améliore généralement la relation, le rend plus disponible au travail et permet de limiter les blessures – et donc les frais vétérinaires. »

Les chevaux apprécient de pouvoir se rouler sans couverture. (© Pixabay)

Certains propriétaires redoutent toutefois de lâcher leur cheval en liberté (seul ou avec des congénères) de peur qu’il se blesse. Ce risque est inévitable mais l’on peut fortement l’atténuer grâce à quelques précautions et surtout grâce à une approche progressive. « Si le cheval n’a pas l’habitude d’être lâché et qu’on le laisse soudain en liberté avec des copains, le risque de catastrophe est élevé », souligne Louise L’hermitte. « Mieux vaut commencer par lâcher son cheval seul dans le manège après le travail, et si ça se passe bien on peut essayer dans un paddock ou pré avec un environnement calme et sécurisé. Ensuite on pourra ajouter un autre cheval dans un enclos voisin, avant d’éventuellement mettre ces équidés ensemble s’ils s’entendent bien. »

« Le plus souvent, les débordements se produisent quand les chevaux ont manqué de liberté. »

Comme le précise la consultante en bien-être équin, il faut de la continuité et de la patience pour parvenir à ce que les choses se passent au mieux. « A un moment, il faut accepter le risque que le cheval explose pendant quelques minutes, ce qui ne veut pas forcément dire qu’il va se blesser. Le plus souvent, les débordements se produisent quand les chevaux ont manqué de liberté, et ils s’atténuent fortement lorsqu’ils sont lâchés régulièrement. »

Les premières fois, mieux vaut lâcher son cheval dans un environnement calme et sécurisé (© Pixabay)

Un dernier conseil pour les propriétaires qui redoutent que leur cheval se déferre en liberté : tester les premières sorties en fin de ferrure afin d’éviter un passage supplémentaire du maréchal-ferrant en cas de perte de fer.  

Contacts sociaux : diverses solutions pour plus d’interactions

Le boxe est un hébergement individuel et par conséquent, il ne répond pas à l’instinct grégaire du cheval. Il faut donc veiller à offrir autrement des contacts sociaux aux équidés vivant en boxe, par exemple grâce à des sorties en liberté avec d’autres chevaux. Comme expliqué ci-dessus, la clé pour éviter les accidents est la progressivité, en lâchant d’abord le cheval seul, puis avec un congénère à côté et enfin ensemble dans le même pré ou paddock si les équidés semblent s’entendre. Louise L’hermitte recommande aussi de changer les groupes le moins possible et de ne pas hésiter à remettre en question ses habitudes, par exemple par rapport au ferrage. « Pour des raisons de sécurité, on évite généralement de mettre en groupe des chevaux qui sont ferrés à l’arrière. Or, certains équidés vivent très bien pieds nus donc on peut se demander s’il n’est pas plus bénéfique d’enlever au moins les fers aux postérieurs afin de leur offrir davantage de contacts sociaux… »

Les sorties en groupe doivent se préparer progressivement. (© Pixabay)

Outre les sorties en groupe, on peut aussi offrir des contacts sociaux à son cheval grâce à des boxes dans lesquels les parois sont ouvertes ou grillagées plutôt que fermées. Les équidés voisins peuvent alors se voir et se sentir, ce qui est bénéfique à condition qu’ils s’entendent… En boxe comme au paddock, il faut en effet privilégier les contacts sociaux positifs, au risque que ceux-ci soient contre-productifs et amènent davantage de stress au cheval. Selon Louise L’hermitte, « on reconnait les chevaux qui s’entendent bien non pas parce qu’ils se font du grooming ou se touchent, mais parce qu’ils passent beaucoup de temps à proximité l’un de l’autre ».

Plutôt que des parois de boxe ouvertes, certains propriétaires préfèrent que leurs chevaux profitent d’une ou plusieurs fenêtres, mais l’intérêt de celles-ci est relatif : « Pour certains équidés qui ne sont pas habitués, voir soudainement de l’animation depuis le boxe peut être source de stress ou même de frustration – par exemple si la fenêtre donne sur des paddocks », précise la consultante en bien-être équin. « Il en va de même avec les jouets qu’on place dans les boxes pour distraire les chevaux : généralement les comportements exploratoires ne durent pas et parfois, les accessoires alimentaires desquels il faut extraire de l’alimentation peuvent aussi frustrer les chevaux. »

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Les boxes sans parois fermées (comme ici à Aquila Farm) sont idéaux pour permettre les contacts sociaux entre chevaux. (© Christophe Bortels)

Une approche personnalisée et patiente

Diverses solutions pour améliorer les conditions de vie au boxe peuvent ainsi convenir à certains chevaux mais pas à d’autres. C’est pourquoi il est essentiel selon Louise L’hermitte de fonctionner au cas par cas, d’observer et de se montrer patient : « La mise en place des changements est parfois compliquée et les bénéfices ne sont pas souvent visibles immédiatement car les chevaux ont besoin de temps pour s’adapter. Il vaut donc mieux instaurer une chose à la fois en commençant par ce qui est le plus fondamental pour son cheval. Ensuite, il faut se laisser du temps pour observer les résultats et analyser si par exemple la relation avec le cheval est meilleure, s’il est moins explosif sous la selle… On peut parfois se décourager mais il est toujours plus efficace de chercher la cause des problèmes (ulcères, comportements dangereux, tics…) plutôt que d’en traiter constamment les symptômes. »

En bref, il n’existe pas de recette toute faite pour offrir de meilleures conditions de vie à son cheval en boxe, par contre les possibilités sont multiples et doivent être adaptées à chaque cheval. Cela demande évidemment un peu de travail et d’attention, mais les bénéfices en termes de bien-être du cheval ou encore de relation avec l’homme en valent largement la peine. Par ailleurs, les propriétaires d’équidés et gérants d’écuries doivent garder à l’esprit que dans les années à venir, ils pourraient bien être contraints par des lois à offrir davantage de contacts sociaux et de sorties aux chevaux vivant en boxe (c.f. le projet de réglementation wallonne sur l’hébergement des équidés). Autant donc s’y mettre tout de suite !

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !