Elevage du Jade : des chevaux de dressage qui allient modernité et performances

Gesves, Libramont, Vechta, Dorsten… Ces dernières années, les jeunes chevaux de dressage de l’élevage du Jade font parler d’eux dans diverses compétitions en Belgique comme à l’étranger. Ces résultats sont le fruit d’une longue sélection débutée il y a près de 20 ans par Francis Carlens, figure bien connue dans le milieu équestre wallon, et son épouse Jessie Marchand, cavalière de dressage. Leur objectif : faire naître des chevaux de dressage modernes et continuer à les voir évoluer dans le sport.

Elevage du Jade
Francis Carlens et Jessie Marchand (© Christophe Bortels)

Chez les Carlens, la passion des chevaux unit la famille et rythme le quotidien depuis de longues années. Francis Carlens, son épouse Jessie Marchand et leurs fils Olivier Carlens sont en effet tous actifs de diverses façons dans le monde équestre. Francis Carlens a par exemple toujours fréquenté les chevaux et notamment le monde des trotteurs, puis il s’est orienté vers le dressage en rencontrant Jessie Marchand, cavalière de longue date dans cette discipline. Alors qu’Olivier Carlens, le fils du couple, a suivi les traces de sa mère en devenant lui aussi cavalier de dressage, Francis Carlens a choisi de s’impliquer dans la discipline et plus largement dans les sports équestres d’une autre façon. Aujourd’hui et depuis plusieurs années, il est Secrétaire général du GEPL (Groupement Equestre de la Province de Liège), membre du Conseil d’Administration et Président de la Commission dressage de la LEWB, ou encore membre de la cellule de détection Equicadets.

Les chevaux ont aussi toujours été présents dans le quotidien de la famille Carlens grâce à son écurie à Remicourt, qui fut d’abord une école d’équitation avant de devenir une infrastructure privée. Depuis le début des années 2000, l’endroit héberge par ailleurs l’élevage du Jade, qui est orienté vers les chevaux de dressage. Pour débuter sur des bases solides, Jessie Marchand a souhaité acquérir d’emblée une bonne jument. Son choix s’est porté sur Donna Ferra du Jade (2000, Dr Jackson D x Gloster), une pouliche allemande fille de Dr Jackson. La jument a été vendue il y a quelques années et est malheureusement décédée, mais elle a apporté à l’élevage de très bon produits. Up to Date du Jade (Kostolany), sa première fille née en 2004, a par exemple tourné en CCI* et a donné naissance à Hizzygoing (2013, L’Arc de Triomphe), une autre jument qui a pratiqué le complet au niveau international. Armani du Jade (2006, Fuerstenreich), fils de Donna Ferra, a quant à lui été champion de Belgique des jeunes chevaux de dressage à 6 ans et a participé à quelques épreuves Inter I avec Olivier Carlens.

Elevage du Jade
Ewaldress Diva di Danone du Jade et Jessie Marchand. (© Christophe Bortels)

Donna Ferra a également laissé une marque durable au sein de l’élevage du Jade grâce à sa fille Destinée du Jade (2009, Quaterback), qui a participé à quelques concours pour jeunes chevaux sous la selle d’Olivier Carlens puis s’est orientée avec succès vers la reproduction. Elle est enregistrée au SBS mais sa descendance compte des poulains primés et Elite au Oldenbourg, comme par exemple Vittoria du Jade (2021, Vaderland) qui a remporté le championnat des poulains à Dorsten en Allemagne l’an dernier. On peut aussi citer Freya du Jade (2016, Floriscount), poulain Elite Oldenbourg qui a été rebaptisée Zeppelin’s Lillet et tourne en dressage en Allemagne, ou encore Universum du Jade (2020, Uphill), vainqueur du championnat des chevaux de dressage de 2 ans à Libramont cette année. Destinée est aussi et entre autres la mère de Ewaldress Diva di Danone du Jade (2017, Danone I), pouliche Elite Oldenbourg. Elle est désormais âgée de 5 ans et tourne en compétition avec Jessie Marchand, avec qui elle était finaliste du championnat de Belgique des jeunes chevaux dans sa catégorie d’âge cette année. 

Donna Ferra a aussi donné à l’élevage du Jade une autre bonne poulinière : Grandezza II du Jade (2012, Johnshon). Comme sa sœur utérine Destinée, cette jument SBS a produit quelques jeunes chevaux prometteurs tels que Granada du Jade (2018, Rubin Royal), pouliche Elite Oldenbourg et gagnante d’épreuves pour 4 ans en Allemagne, ou Rubin Gold du Jade (2017, Rubin Royal), finaliste de la Coupe de Belgique des 4 ans l’an dernier.

Elevage du Jade
Vittoria du Jade, gagnante du championnat des poulains à Dorsten en Allemagne en 2021. (© Christophe Bortels)

Des courants de sang variés

Généralement, ces jeunes chevaux prometteurs sont vendus et quittent l’élevage du Jade lorsqu’ils sont poulains, mais Jessie Marchand et Francis Carlens conservent néanmoins quelques produits pour la reproduction ou pour le sport. Les chevaux du couple sortent par ailleurs régulièrement dans les concours d’élevage en Belgique et à l’étranger, ce qui permet leur valorisation mais pas seulement : « Pour moi, c’est très important de participer à ces compétitions », souligne Jessie Marchand. « En tant qu’éleveurs, cela rend nos idées plus performantes et nous rassure dans nos choix. »

Pour faire évoluer l’élevage du Jade, le couple achète aussi régulièrement des pouliches dont les meilleures contribuent à varier les courants de sang. C’est par exemple le cas de Dolce Weltina du Jade (2015, Dante Weltino x Kansas C) qui a été acquise spécifiquement pour la reproduction. Jusqu’à présent, elle a donné plusieurs produits intéressants comme Mia Moccacina du Jade (2018, Sensation), SBS championne de Belgique des poulains de dressage, Paso Doble du Jade (2021, Floricello), SBS championne des yearlings de dressage à Libramont, ou encore Beau de Jour du Jade (2022), poulain Elite au show Oldenbourg de Vechta et admis à la vente publique au même endroit.

Elevage du Jade
Scarlett O’Hara du Jade (© Christophe Bortels)

Outre de jeunes juments qui doivent encore faire leurs preuves, le cheptel de poulinières de l’élevage de Jade compte aussi Scarlett O’Hara du Jade (2011, Wynton x Sir Donnerhall), qui a débuté la reproduction sur le tard mais satisfait pleinement ses propriétaires. Elle est notamment la mère de Servantes du Jade (2017, Skovens Rafael), lui aussi poulain Elite Oldenbourg admis à la vente publique de Vechta, ou encore de EwalDress Wonder Women du Jade (2018, Fürst Jazz), qui a participé au championnat de Belgique des 4 ans et tourne avec succès dans les épreuves pour jeunes chevaux sous la selle de la jeune Belge Suraya Hendrickx.

Répondre aux critères modernes du dressage

En ce qui concerne les étalons, Jessie Marchand et Francis Carlens se tournent généralement vers des reproducteurs de dressage allemands et néerlandais, mais ils n’hésitent pas non plus à choisir des chevaux basés en Belgique comme Zonik Plus. « Qu’ils soient jeunes ou expérimentés, je sélectionne toujours les étalons en fonction de mes juments », précise Jessie Marchand. « Ce qu’on cherche à faire naître, ce sont des chevaux qui répondent dès le départ aux critères modernes du dressage. On essaye d’obtenir des produits aux modèles ni trop légers ni trop lourds, avec trois bonnes allures dès le départ, de la souplesse, de l’expression et du rebond. Bref, des chevaux gracieux. »

En parallèle de la sélection, le couple d’éleveurs accorde beaucoup d’importance à la qualité de vie de ses chevaux. Les juments et poulains passent par exemple un maximum de temps à l’extérieur et disposent d’écuries à part des autres chevaux pour éviter les risques sanitaires. « On est très attentifs par rapport aux normes de bien-être, c’est pourquoi les poulinières ont des grands boxes avec des paddocks individuels, et nous avons aussi construit une nouvelle infrastructure pour les poulains », souligne Francis Carlens. Lorsqu’ils ne sont pas au pré, les poulains de l’élevage sont en effet hébergés dans des stabulations avec espaces intérieur et extérieur, et qui leur permettent d’entretenir des contacts sociaux.

Elevage du Jade

Qu’il s’agisse du choix des reproducteurs, de la gestion quotidienne de l’écurie, des soins, etc, la passion et le perfectionnisme du couple guident l’ensemble de l’élevage du Jade. Cette activité qui était plutôt discrète au début a ainsi pris de l’ampleur progressivement et s’est intensifiée ces dernières années, tant en termes de nombre de chevaux que de résultats. « C’est parce que la passion de l’élevage s’enracine de plus en plus », justifie Jessie Marchand.

Aujourd’hui, le principal souhait de l’éleveuse est que ses produits partent dans de bonnes mains et puissent être valorisés au mieux sur les carrés, peu importe le niveau du cavalier. Il y a d’ailleurs de bons espoirs que les chevaux de l’élevage du Jade vendus ces dernières années en Belgique, en France ou encore en Allemagne continuent à faire parler d’eux prochainement. « Nous avons vendu trois jeunes chevaux à Suraya Hendrickx, dont EwalDress Wonder Women du Jade qui tourne déjà en concours », précise Jessie Marchand. « Il y a aussi Foxtrott du Jade (2011, Floriscount x Rubinstein I), étalon approuvé au SBS qui a été champion de Belgique et de France à 3 ans puis vice-champion de Belgique à 4 ans. Il est maintenant sous la selle de Diana Bottger, qui vise avec lui les jeux paralympiques de 2024. »

Retrouvez plus d’infos sur l’élevage du Jade sur sa page Facebook.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !