Charlotte Defalque et Botticelli : des jeunes chevaux aux championnats du monde
Bien qu’elle ne soit pas professionnelle, Charlotte Defalque fait aujourd’hui partie des meilleurs cavaliers belges de dressage. La jeune femme a passé les dix dernières années à franchir un à un les échelons vers le haut niveau avec son cheval Botticelli, décrochant au passage plusieurs titres nationaux et des performances en championnats d’Europe. Cette année, le couple fait preuve d’une remarquable régularité en Grand Prix et participera pour la première fois aux championnats du monde à Herning. Retour sur une belle histoire qui est encore en train de s’écrire…
Charlotte Defalque et son cheval Botticelli ont fait parler d’eux il y a quelques jours, lors de l’annonce des cavaliers belges sélectionnés pour les championnats du monde de Herning. Certains ont peut-être été surpris par ce nom moins connu que ceux d’autres membres de l’équipe de dressage comme Larissa Pauluis et Domien Michiels, mais Charlotte Defalque est loin d’être une novice dans la discipline ! Elle a entamé son ascension vers le haut niveau il y a de nombreuses années, avec comme point de mire l’ambition d’être toujours meilleure. Le talent et la chance lui ont évidemment donné quelques coups de pouce, mais son parcours est aussi et surtout marqué par beaucoup de travail et de persévérance…
Charlotte Defalque a également toujours été animée par la passion des chevaux, dont elle a hérité de sa famille. Sa grand-mère puis son oncle ont en effet longtemps élevé des chevaux d’endurance au sein du célèbre Haras des Iviers, alors que sa mère Marie-France Scohier était plutôt passionnée de dressage, mais aussi avec des chevaux arabes.
« Je suis pour ainsi dire née à cheval », résume Charlotte Defalque. « Petite, j’ai rapidement eu un Shetland puis nous avons eu pendant quelques années un petit poney club informel à la maison, à Nalinnes. J’y montais avec ma mère et mes amies mais nous avons arrêté cette activité une fois que j’ai commencé à sortir plus sérieusement en compétition de dressage. » Charlotte Defalque a débuté sur les carrés à poney, d’abord avec Milkshake, puis Rasputin et enfin Epiascer. « C’est un poney que j’adorais même si au début nous finissions presque toujours derniers », raconte la cavalière à propos de ce dernier. « A force de travail, Epiascer m’a offert mes premières performances plus importantes comme un titre de championne de Belgique poneys en 2011 et une dixième place au championnat d’Europe la même année. »
« Botticelli avait 5 ans et moi 16 donc j’ai hésité, mais je suis quand même allée l’essayer et ça a été un coup de cœur ! »
Après ces années réussies à poney, Charlotte Defalque est passée à cheval lorsque sa route a croisé par hasard celle de Botticelli. Elle ne se doutait pas à l’époque qu’il s’agissait du début d’une longue et belle aventure… « Je ne cherchais pas forcément une nouvelle monture mais Dominique Mohimont est venue me trouver en me disant qu’elle avait un petit cheval idéal pour moi. Botticelli avait 5 ans et moi 16 donc j’ai hésité, mais je suis quand même allée l’essayer et ça a été un coup de cœur ! » La cavalière et son alezan ont débuté dans les épreuves pour chevaux de 6 ans puis ont grandi ensemble dans les compétitions juniors, young riders et U25 avant d’arriver aujourd’hui en Grand prix chez les seniors.
Charlotte Defalque a été accompagnée dans ce parcours par sa maman, ainsi que par ses coaches de longue date Jeroen Devroe (multiple champion de Belgique de dressage) et Carmen De Bondt. « Carmen a été fort présente durant mes années poneys, elle était comme ma deuxième maman. Elle et son époux sont très complémentaires car Jeroen s’intéresse davantage au travail du cheval alors que Carmen est plus axée sur la combinaison et les détails qui font la différence au concours. C’est grâce à eux que j’en suis arrivée là. »
Une passion très prenante
Au fil de leurs dix années ensemble, Charlotte Defalque et Botticelli ont notamment décroché de multiples victoires et podiums internationaux, ainsi que 3 titres de champions de Belgique en juniors et U25. La route n’a cependant pas toujours été facile… « Botticelli est un cheval assez indépendant et atypique », confie Charlotte Defalque. « Il est très dominant, ultra intelligent et surdoué pour les exercices. Cependant, il lui est arrivé plusieurs fois de me laisser tomber complètement en concours, c’est dans son caractère. » Le couple a ainsi connu des hauts et des bas mais la cavalière n’a jamais songé à abandonner : « Mes parents m’ont appris à persévérer, donc laisser tomber n’est pas dans ma nature. J’ai bien connu des difficultés et des remises en questions, mais cela rend les résultats plus gratifiants au final. Ces derniers temps, Botticelli commence en effet à être plus stable et plus régulier, peut-être grâce à la maturité. »
« Je ne me vois pas lever le pied au niveau équestre car cela créerait un vide, et puis je veux vivre pleinement cette expérience qui m’apporte énormément. »
Depuis le début de l’année, le couple a franchi une étape supplémentaire et a notamment terminé deuxième du Grand Prix Special au CDI 5* de Doha, septième de la Kür au CDIO 5* de Rotterdam ou encore troisième du championnat de Belgique seniors. Charlotte Defalque et Botticelli figurent aussi dans le cadre A de dressage aux côtés de Larissa Pauluis et Flambeau. Un bel accomplissement pour un couple qui a grandi ensemble, et une cavalière qui n’est pas professionnelle et monte avant tout pour son plaisir. Charlotte Defalque mêle en effet la compétition de haut niveau avec un emploi à temps plein dans le secteur de la consultance, donc son programme hebdomadaire est bien chargé ! « Combiner vie privée, professionnelle et équitation demande une organisation bien rodée mais j’ai la chance de travailler pour une entreprise qui valorise les carrières atypiques comme la mienne. Je peux aussi compter sur une super équipe aux écuries pour m’aider lorsque j’en ai besoin. Je ne me vois pas lever le pied au niveau équestre car cela créerait un vide, et puis je veux vivre pleinement cette expérience qui m’apporte énormément, me permet de me dépasser et de vivre des moments inédits. »
En route pour Herning
Agé de 16 ans, Botticelli est encore en pleine forme et sa cavalière aménage son planning pour le préserver au mieux, mais il faudra bientôt penser à la relève… « J’avoue qu’il n’y a encore rien de concret à ce niveau. Je me pose diverses questions, notamment par rapport à l’aspect financier car le haut niveau est très coûteux. Comme Botticelli prend de l’âge, c’est maintenant que je dois profiter des opportunités qu’il m’apporte et c’est ce que je compte faire. »
Le parcours du couple est en effet loin d’être terminé, et le meilleur semble encore à venir pour la cavalière et son hongre alezan. Cet été, le couple participera par exemple à ses premiers championnats du monde puisqu’il fait partie de la sélection belge pour Herning. Charlotte Defalque ne pensait pas forcément à cet objectif il y a deux ou trois ans, mais il est devenu réalisable à force de travail : « Je suis plutôt quelqu’un qui vit au jour le jour, donc avant de penser aux championnats du monde j’étais surtout concentrée sur le fait de ne plus subir les Grands prix, mais de vraiment savoir les monter. A partir de fin 2021 et début 2022, Botticelli a commencé à se montrer plus constant, plus mature, et j’ai alors su qu’on pouvait viser une sélection. »
Les objectifs précis de l’équipe belge de dressage n’ont pas encore été définis, mais Charlotte Defalque ne compte pas se rendre au championnat du monde juste pour participer : elle souhaite réaliser la meilleure performance possible, et pourquoi pas égaler ou dépasser un record personnel en Grand Prix. « Ce sera notre premier championnat du monde à tous les quatre et je suis ravie d’être dans cette chouette équipe. J’ai eu l’occasion de monter avec Larissa et Domien à Doha, puis avec Lore dans l’équipe à Rotterdam. Même si j’ai déjà participé à plusieurs championnats d’Europe, les mondiaux représentent encore une autre dimension. J’ai hâte d’y être, d’autant plus qu’il y aura des cavaliers et épreuves d’autres disciplines. Je me sens très chanceuse que Botticelli ait pu m’amener à ce niveau ! »