Francis Geeroms, l’art de figer les chevaux dans le bronze
Sculpteur belge, Francis Geeroms crée des bronzes équestres d’un réalisme étonnant. Ses pièces représentent en effet parfaitement l’anatomie des équidés de toutes races et toutes disciplines, à tel point qu’elles semblent souvent douées de vie ! Rencontre dans l’atelier de cet artiste perfectionniste et évidemment amoureux des chevaux.
Autodidacte, Francis Geeroms a toujours beaucoup aimé dessiner. En 2015, inspiré par une exposition, il décide de se mettre à la sculpture et commence ainsi à créer des pièces en bronze. Ce n’est que deux ans après, en 2017, qu’il décide de réaliser son premier cheval. A croire que ces majestueux animaux lui manquaient ! Le Bruxellois a en effet grandi dans le centre équestre de ses parents puis a professé dans la maréchalerie avant de quitter le monde équestre pour devenir agent de sécurité dans le transport de fonds. Une carrière qu’il exerce depuis 30 ans.
À côté de ce métier, Francis a envahi la cuisine de sa passion. Au cœur de sa maison, se trouve en effet son atelier, un espace aménagé exprès pour qu’il puisse y faire naître son art. Un plaisir pour Pascale, sa femme, qui aime suivre l’évolution des œuvres de son mari et le voir s’épanouir. « Elle m’aide beaucoup, elle apporte du recul à mes pièces quand je suis trop longtemps le nez dessus », confie Francis Geeroms.
Pour arriver au résultat final, le processus est très long. Tout d’abord, Francis Geeroms réalise un travail de recherche et d’observation : « Je vais prendre des photographies dans des écuries par exemple pour étudier la morphologie. Pour chaque race c’est très différent. Chacune a ses caractéristiques particulières », explique-t-il. « Chaque position est un nouveau challenge. Je dois être polyvalent si je veux aller dans le détail pour chaque pièce. Celle dont je suis le plus fier est d’ailleurs un cheval de course, élancé au galop. C’était un véritable défi. »
Après ce travail d’étude, Francis réalise des croquis. Il dessine sa pièce dans tous les sens afin de se l’approprier avant de passer à la réalisation du premier modèle. Réalisé en plastiline (sorte de pâte à modeler), celui-ci doit comprendre les moindres détails de l’œuvre et être à l’échelle car c’est sur celui-ci que va se baser le premier moule. Une fois la sculpture en plastiline terminée, elle part à la fonderie de Tubize avec laquelle Francis Geeroms collabore. C’est là-bas que les pièces finales seront moulées.
Un moule en silicone est d’abord réalisé, ensuite une pièce en cire est moulée dans ce dernier. Le modèle de cire servira, après retouches, à créer un moule final en céramique. Cette étape, le sculpteur ne peut pas la réaliser dans son four ménager car il faut faire monter la température entre 600 et 1200°C pour cuire le moule de céramique. De plus, certains modèles étant à taille réelle, les fours doivent pouvoir accueillir de grandes pièces. En fonction de leur taille, les sculptures sont réalisées en plusieurs morceaux qui sont ensuite soudés pour former l’équidé.
Polyvalent et perfectionniste
Dans son domaine, le Bruxellois Francis Geeroms est polyvalent : ses œuvres vont de l’âne au cheval de sport en passant par le cheval de trait et il peut aussi bien travailler sur des pièces de 10 cm que sur des chevaux grandeur nature. C’est le cas d’un projet en cours, une pouliche Pur-sang arabe en taille réelle qu’il est en train de sculpter trait par trait.
Pour le superviser dans ce grand projet, Francis a demandé à un ami juge de venir coter son cheval. De cette façon, le sculpteur espère représenter au mieux les caractéristiques du cheval Pur-sang arabe, mais aussi créer un cheval qui répond aux critères pointilleux des juges. « Je suis très perfectionniste au niveau de la morphologie. Je me suis essayé à l’art abstrait et ce n’est pas ce que j’aime. Alors je veux pousser le plus loin possible le réalisme de mes pièces. J’essaie même d’aller vers la perfection de la race », avoue Francis Geeroms.
Un public essentiellement cavalier
Francis Geeroms a commencé à réaliser ses chevaux en 2017 et en 2019 Charlie Watts, batteur des Rolling Stones, lui achetait un buste grandeur nature. Malheureusement, les ventes n’ont pas toujours été idylliques pour le sculpteur : « Pendant deux ans, nous n’avons plus pu exposer à cause de la pandémie. Et clairement, les expositions, c’est là où nous faisons toutes nos ventes. Les gens veulent voir l’œuvre de leurs propres yeux avant de l’acheter », explique Francis.
Heureusement, cela fait quelques mois que lui et sa femme ont pu retourner sur les terrains de concours et dans les salons pour exposer les sculptures. « C’est très gai de retrouver l’ambiance des compétitions que l’on connaissait lorsque Francis était cavalier », confie Pascale. « En plus, les habitués des terrains commencent à reconnaître son travail au fil des expositions. » Parmi les amateurs des œuvres de Francis Geeroms, la plupart sont des cavaliers ou autres amoureux des chevaux qui évoluent au quotidien dans le monde équestre. Mais il arrive aussi de temps en temps qu’un public non initié apprécie l’élégance et la puissance des animaux de bronze auxquels l’artiste donne vie…
Pour en savoir plus sur Francis Geeroms, rendez-vous sur son site web.