Dans les coulisses de l’Académie Reda, lieu de partage et de création équestre

Le nom des Reda est associé depuis de longues années aux chevaux, et plus précisément aux spectacles. En parallèle de la scène, la famille partage aussi sa passion équestre au sein de son Académie basée à Thorembais-les-Béguines, où chacun peut s’initier à des pratiques comme la voltige, les rênes à la ceinture ou simplement le dressage. Les Reda y transmettent aussi et surtout une approche basée sur l’amour et sur un grand respect des chevaux. Visite et rencontre en compagnie de Salomé Reda, qui incarne la deuxième génération et a pris la relève de la création des spectacles.

Académie Reda
Salomé Reda (© Christophe Bortels)

Voltige, danse, liberté, maniement du feu… Les spectacles des Reda sont un harmonieux mélange d’art, de cascades et surtout de symbiose avec les chevaux. Ces derniers occupent un rôle central au sein de la famille depuis les années 1980, époque à laquelle Khalil et Chkimbo ont fait leurs premiers pas en selle. Les deux frères vivaient alors au Maroc et ils ont rapidement maitrisé plusieurs disciplines car ils montaient dans une académie mêlant entre autres la haute école, le spectacle, la voltige, le travail à pied et en liberté… Quelques années plus tard, Chkimbo a rencontré Claude, une cavalière belge qui allait devenir sa femme, et les frères ont débarqué en Belgique « avec seulement une selle et un jeans » comme on raconte souvent.

« Ils ont démarré avec rien, mais mon père était apprécié de nombreuses personnes qui le lui rendaient bien et qui lui ont permis de se lancer, d’avoir des chevaux à monter », confie Salomé Reda, la fille de Chkimbo. « A l’époque, on confiait surtout des chevaux dangereux en rééducation à mon père et mon oncle car avec leur expérience en matière de cascades, ils n’avaient pas peur de grand-chose ! » Khalil et Chkimbo Reda étaient en effet des cavaliers aguerris en voltige et cascades, ce qui était peu courant à l’époque en Belgique. En plus de leur apporter des chevaux au travail, cela leur a valu de participer à de nombreux films, publicités et tournées de spectacles.

Académie Reda
Chkimbo Reda (© Christophe Bortels)

Leurs spectacles ont notamment permis aux frères Reda de se faire connaître dans le monde équestre et auprès du grand public. Mais plutôt que de continuer à parcourir les routes pour leur métier, ils ont choisi dans les années 1990 de créer leur propre Académie en Belgique. En 1999, ils ont ainsi posé leurs valises à Thorembais-les-Béguines et ont commencé à proposer des cours et pensions, sans pour autant mettre de côté les représentations.

Un centre équestre pas comme les autres

Une vingtaine d’années plus tard, l’Académie Reda poursuit les mêmes activités, avec toutefois quelques changements au sein de l’équipe. Khalil a quitté la Belgique en 2017 pour retourner au Maroc, où il travaille toujours dans le monde du spectacle équestre avec son épouse Catherine. Chkimbo continue quant à lui à faire vivre l’Académie à Thorembais, où il est désormais accompagné par ses enfants et sa compagne Julie.

Académie Reda
Les élèves de l’Académie sont notamment encadrés par Chkimbo Reda. (© Christophe Bortels)

Les écuries hébergent une cinquantaine de chevaux, dont une bonne moitié appartient à des propriétaires et l’autre est composée de chevaux de spectacle et d’école. Plusieurs élèves et pensionnaires de l’Académie prennent évidemment part aux représentations, mais d’autres viennent simplement y apprendre à monter lors de cours et de stages. L’écurie a la particularité de proposer des activités un peu différentes des autres centres équestres, puisqu’il est notamment possible de s’y initier à la haute école, la garrocha, les longues rênes, le travail en liberté, la voltige, les rênes à la ceinture et toutes les autres disciplines et pratiques maitrisées par la famille Reda.

La famille transmet plus largement aux élèves de l’Académie sa façon d’appréhender le cheval car chez les Reda, il est loin d’être uniquement question de technique et de savoir-faire ! « En spectacle comme dans le travail quotidien, on cherche à ce que les chevaux donnent le plus beau d’eux-mêmes mais sans contrainte », souligne Salomé Reda. « On s’adapte au cavalier comme au cheval, on passe beaucoup de temps à développer le rapport entre eux afin qu’un duo et une collaboration se créent. Du coup, les chutes sont vraiment exceptionnelles ! »

La relation avant tout

Cette philosophie de travail est le fruit d’un grand amour et d’un grand respect des chevaux. « Mon père les adore tous », sourit Salomé Reda. Chkimbo et sa famille sont en effet très sensibles au sort des équidés, et l’on s’en aperçoit vite en se promenant dans les écuries. En témoigne par exemple Tchoupi, un poney welsh abandonné que les Reda ont recueilli avec d’autres poneys qu’ils ont ensuite replacés.

« Si l’apprentissage est fluide et logique, ça marche.

La contrainte ne sert à rien »

Salomé Reda

Les Reda sont également patients et persévérants, et en général leur savoir-faire est récompensé : « Lui, on l’a acheté sur photo et lorsqu’il est arrivé il était impossible à monter », raconte Salomé Reda en caressant Event, un joli crème. « Je l’ai confié à mon père lorsque j’étais enceinte et il en est tombé amoureux, donc désormais c’est son cheval ! ». Un peu plus loin, la jeune femme s’arrête devant un palomino et explique : « Il était si terrorisé qu’on le pensait incapable de monter sur scène un jour. Depuis lors, il est devenu un cheval de spectacle fantastique… »

Académie Reda
A l’Académie, l’approche est adaptée à chaque cheval et cavalier. (© Christophe Bortels)

Pour que la magie opère sur scène, les Reda accordent beaucoup d’importance à la préparation de leurs chevaux et aux relations qu’ils entretiennent avec eux. « Si l’apprentissage est fluide et logique, ça marche. La contrainte ne sert à rien », confie Salomé Reda. « D’ailleurs, lors de notre dernier spectacle, la mise en scène permettait aux chevaux de ne pas faire certains mouvements s’ils n’en avaient pas envie à ce moment-là. On fait très attention à ne pas les blaser : ils font maximum trois numéros de 3 minutes, ils sont massés avant et après,… Même si nos spectacles sont professionnels, on ne considère absolument pas les chevaux comme des outils. »

© Christophe Bortels

Il en va de même pour les membres de la troupe de spectacle, qui rassemble majoritairement des amateurs. Le noyau dur se compose depuis de nombreuses années des mêmes personnes, dont évidemment Chkimo Reda et ses enfants Salomé, Carlos (et autrefois Marie-Sara), ou encore Louise et Lulu, deux jeunes filles qui travaillent aussi aux écuries. « Nous sommes tous très amis, nous formons comme une grande famille », souligne Salomé Reda. « Plutôt que le talent, on privilégie le relationnel pour conserver cette bonne ambiance. On essaye aussi d’aider chacun à évoluer et on fait en sorte de réserver une place à chaque élève ou pensionnaire qui souhaite monter sur scène. C’est comme ça qu’on se retrouve à 25, alors qu’à la base on avait prévu un spectacle avec une dizaine de cavaliers ! (rires). »

Nouvel élan artistique

Tout en conservant les ingrédients et l’équipe qui ont contribué à leur succès, les spectacles de la famille Reda continuent à évoluer, notamment sous l’impulsion de Salomé Reda. Depuis que son oncle Khalil est retourné au Maroc, la jeune femme a pris sa succession au niveau de la création et la mise en scène des spectacles tout en apportant sa touche personnelle : « J’ai rajouté davantage de danse et de théâtre, ce qui a un peu désarçonné certains spectateurs fidèles au début mais nous avons persévéré et aujourd’hui cela paie ! Les spectacles sont pour moi un moyen d’expression. Je m’inspire des émotions de la vie et j’essaye de les raconter en proposant des images différentes de ce qu’on voit ailleurs. On fait évidemment tout cela en mettant les chevaux en avant, car ce sont eux les stars ! »

Après deux années marquées par le Covid, la troupe Reda est revenue en force sur le devant de la scène avec le spectacle Aya qui a connu un très beau succès en début d’année. Il sera à nouveau joué à Assesse fin juin, mais en parallèle Salomé Reda et les membres de la troupe préparent déjà la suite. En septembre, la nouvelle création « Nova » devrait être présentée dans les installations de l’Académie, et la famille a aussi concocté un spectacle et des animations destinés aux enfants au mois de juillet. L’été de l’Académie sera aussi rythmé par différents stages. Bref, les possibilités sont nombreuses pour ceux qui désirent découvrir l’univers artistique et équestre des Reda !

Rendez-vous sur le site de l’Académie pour en savoir plus sur les cours, stages et pensions et le site de Reda créations pour découvrir les prochaines dates de spectacles.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !