Les signes à surveiller pour un poulinage sans danger

Le printemps est annonciateur de naissances. Chez les équidés, le poulinage est généralement très attendu, en particulier à cause des quelque 11 mois que dure la gestation. Beaucoup de propriétaires souhaitent aussi être présents lors de ce moment afin de pouvoir intervenir en cas de problème. La vétérinaire Estelle Moerman nous donne ses conseils pour ne rien rater et pour s’assurer que tout se passe au mieux pour la jument et sa progéniture !

Que vous soyez propriétaire ou éleveur, la naissance d’un poulain reste toujours un moment unique. Vous découvrez à la fois le sexe, la robe et le marquage de ce nouveau compagnon. La vétérinaire Estelle Moerman nous donne ses conseils pour ne pas manquer ce moment magique : « La plupart du temps, la mise bas a lieu la nuit. Afin de ne pas louper ce moment mémorable et d’accompagner la jument, vous pouvez vous équiper d’une caméra de surveillance et/ou d’une ceinture de poulinage qui détecte la position couchée de la jument. »

poulinage
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Les signes annonciateurs de l’arrivée du poulain sont la durée de gestation qui dépasse les 320 jours, des changements dans le comportement de la jument (se couche plus souvent, est plus agitée la nuit, connaît une diminution de l’appétit), des modifications physiques comme les mamelles qui se gorgent de lait, la cire qui se forme au niveau des trayons, un allongement de la vulve et un relâchement des ligaments (visible au niveau de la croupe). Mais attention, dans certains cas, les signes sont plus subtils, comme ajoute Estelle Moerman : « Les jument primipares peuvent ne pas montrer des signes très distinctifs à l’approche de la mise bas. C’est pour cela qu’il est important de bien surveiller ces juments-là pour ne pas manquer le poulinage. »

Comment se déroule un poulinage ?

Idéalement installée dans un grand boxe propre et calme, la jument commencera par perdre les eaux. Peu de temps après, c’est l’amnios qui apparaîtra au niveau de la vulve. Il s’agit de la membrane blanche qui enveloppe le poulain. La paroi va ensuite se rompre afin de faire apparaître le poulain, les deux antérieurs vers l’avant. « Si la présentation du poulain est mauvaise, il faut en urgence appeler le vétérinaire et faire marcher la jument. Les contractions se calment alors et on peut espérer que le positionnement du poulain se modifie naturellement. Si le poulain ne rompt pas la membrane amniotique, il faut la rompre afin de dégager ses voies respiratoires », conseille la vétérinaire. Une fois le poulain sorti, la jument se lèvera et le cordon ombilical se rompra. Le placenta sera également progressivement expulsé.

Quand faut-il intervenir ?

Bien qu’on souhaite au maximum laisser la jument au calme lors de la mise bas, certains signes doivent vous alerter. Durant le poulinage, il faut particulièrement être réactif en cas :

  • d’absence de progression dans les 10min après la rupture de la poche des eaux (pas d’amnios ni de poulain qui apparaissent)
  • de contractions pas assez puissantes après la rupture de la poche
  • d’arrêt brutal de l’avancée du poulinage
  • de présence de signes de douleur anormale chez la jument
  • d’expulsion du placenta excédant les 6 heures
  • de déchirement du placenta avec la présence d’un bout de placenta restant dans l’utérus de la jument
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Une fois la mise bas terminée, il faudra surveiller que le poulain se lève durant la première heure de vie, qu’il tête durant la deuxième heure et qu’il expulse son premier crottin durant la troisième heure. En cas de problème lors d’une de ces étapes ou si le poulain semble présenter des troubles neurologiques, il est préférable de contacter le vétérinaire. Lorsqu’il nait, le poulain est dépourvu de défenses immunitaires, c’est pourquoi il est essentiel qu’il ingère un maximum de colostrum, qui est le premier lait produit par la jument, riche en anticorps. Celui-ci est produit par la jument durant les 48h qui suivent le poulinage. C’est pourquoi l’environnement dans lequel nait le poulain doit être le plus propre et sain possible, afin d’éviter les risques de maladies et d’infections.

Concernant la jument, il est important qu’elle ne présente pas de signe de douleur, que les pertes vulvaires diminuent et surtout ne deviennent pas purulentes, et qu’elle allaite correctement son poulain.

Une fois que vous vous êtes assuré(e) que tout le monde va bien durant ces premières heures, laissez-les se reposer au calme, et profitez pleinement de ce nouvel être dans l’écurie qu’il vous faudra progressivement apprivoiser !

Gaëlle Colinet

Cavalière depuis plus de vingt ans, Gaëlle a pratiqué le dressage et l'obstacle en centre équestre jusqu'à se sentir capable d'expérimenter avec son propre cheval. Journaliste équestre depuis six ans, elle est heureuse de partager ses découvertes, en particulier dans les domaines du comportement, du bien-être, de l'alimentation et de la gestion quotidienne.