Association Takh : préserver et valoriser le patrimoine du Przewalski

«Takh» signifie cheval de Przewalski en mongol. C’est aussi le nom que s’est choisi une association aux multiples missions, dont plusieurs touchent directement ces équidés : le réapprentissage de la vie sauvage, la pérennisation de l’espèce et la réintroduction dans leur milieu naturel. Takh joue également un rôle vis-à-vis de la population mongole, mais aussi des visiteurs du hameau du Villaret en France et de son patrimoine local. Découverte :

© Takh

Fondée en 1990 par l’éthologue Claudia Feh, l’association Takh vise entre autres à la préservation du cheval de Przewalski. Cet équidé peuplait initialement les steppes d’Asie centrale où, contrairement à son cousin mongol, il n’a jamais pu être domestiqué. Eteint à l’état sauvage il y a près de soixante ans, le cheval de Przewalski ne tient sa survie qu’aux zoos et à divers programmes de préservation. Installée dans le Causse Méjean (hameau du Villaret), au coeur des Cévennes, l’association Takh héberge ces chevaux vivant en semi-liberté dans un enclos de 200 hectares.

Hélène Roche est éthologue équin et travaille depuis plus de vingt ans pour l’association en tant que consultante. Elle nous en dit plus sur le troupeau : «Il y a actuellement une trentaine de chevaux sur place. On compte quatre groupes familiaux, composés d’un étalon, de son harem et de leur progéniture, ainsi qu’un groupe de mâles célibataires. Au niveau des naissances, on en recense environ 4-5 par année.» Ce groupe de chevaux est issu uniquement de 11 individus (dont une jument pleine) originaires de différents zoos d’Europe. Ces premiers chevaux ont dû progressivement réapprendre la vie sauvage.

Le retour aux sources

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© Takh

En dehors de la préservation du cheval de Przewalski, Takh gère un projet de réimplantation de cette sous-espèce dans sa région d’origine. C’est ainsi que deux voyages ont été organisés pour emmener vingt-deux chevaux dans le parc national de Khar Us Nuur, dans le Khomyn Tal à l’ouest de la Mongolie. Sur place, les chevaux vivent dans une zone clôturée de 14.000 hectares et subviennent eux-mêmes à tous leurs besoins. Afin de mener à bien sa mission, Takh a créé un partenariat avec sa soeur mongole KTT.

Celle-ci fait de son mieux pour répondre aux besoins, même si des différences culturelles peuvent se faire sentir : «Le fait de clôturer ne fait pas partie de la culture mongole. Nos collaborateurs sur place n’ont par exemple pas le réflexe d’électrifier les clôtures, de plus, le lit de la rivière se déplace régulièrement, ce qui complique un peu la tâche. C’est avant tout pour éviter l’hybridation avec les chevaux domestiques que nous devons mettre cela en place, car un cheval issu du croisement entre les deux sous-espèces n’est pas stérile », explique Hélène Roche.

Actuellement, il n’est pas possible de venir observer la centaine de chevaux présente en Mongolie, mais c’est un projet en cours de développement. De plus, «Takh et KTT cherchent à développer l’écotourisme, la sensibilisation et la protection de la nature. Des bâtiments sont en cours de construction afin d’accueillir à terme les visiteurs en Mongolie», complète Hélène Roche.

Apprendre à lire les chevaux

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© Takh

En France par contre, des stages de plusieurs jours permettant d’aller à la rencontre des chevaux de Przewalski et d’étudier leur comportement sont déjà organisés plusieurs fois par an. Ceux-ci ont lieu au hameau Villaret, aux côtés d’Hélène Roche. Durant ces stages, l’éthologue aide les cavaliers et/ou propriétaires à mieux comprendre et lire les chevaux. En effet, le comportement du cheval domestique est fort semblable à celui du cheval de Przewalski. Ceci peut affiner notre grille de lecture par rapport à notre cheval dans ses interactions avec d’autres congénères ou expliquer certaines tendances dans le milieu équestre comme le slow feeding.

Comme l’explique Hélène Roche : « Vous n’améliorerez pas votre équitation en faisant ce stage, mais en repartant vous serez un(e) meilleur(e) homme/femme de cheval.» Si ce type de stage vous intéresse, il reste encore des places dès la mi-mai de manière régulière (plus d’infos ici). Mais ce n’est pas tout : Takh propose de nombreuses activités autour du cheval de Przewalski, du patrimoine cévenol, de la protection des écosystèmes,… Nous vous invitons à consulter leur site ou leur page Facebook pour en savoir plus !

Gaëlle Colinet

Cavalière depuis plus de vingt ans, Gaëlle a pratiqué le dressage et l'obstacle en centre équestre jusqu'à se sentir capable d'expérimenter avec son propre cheval. Journaliste équestre depuis six ans, elle est heureuse de partager ses découvertes, en particulier dans les domaines du comportement, du bien-être, de l'alimentation et de la gestion quotidienne.