Portrait : César Denis, jeune espoir belge du para-dressage
En Belgique, le para-dressage se porte plutôt bien et fait des émules ! La preuve avec César Denis, un jeune athlète faisant partie des espoirs sportifs de la Ligue handisport francophone. Bientôt âgé de 19 ans, le cavalier a réalisé ses premières compétitions internationales en 2021 et il s’est donné pour objectif de participer aux Jeux paralympiques de Paris 2024. Rencontre avec ce jeune homme très déterminé et travailleur !
Michèle Georges, Barbara Minnecci, Manon Claeys,… Aux côtés de ces noms bien connus, on pourrait bien retrouver celui de César Denis pour les Jeux paralympiques 2024 de Paris ! C’est en effet l’objectif que s’est fixé le jeune cavalier lorsqu’il s’est orienté vers le para-dressage il y a environ trois ans. Le parcours équestre de César Denis a toutefois débuté bien avant et est étroitement lié à son handicap. « Lorsque j’avais 7 ans, on m’a diagnostiqué une tumeur au cerveau qui m’a valu deux opérations », raconte le jeune homme. « Lors de la seconde, certains tissus cérébraux ont été lésés et je me suis retrouvé hémiplégique du côté droit. Au départ, je savais à peine marcher ou même tenir assis sur une chaise. »
César Denis a petit à petit retrouvé une partie de ses facultés motrices, mais il conserve un manque de force et de mobilité du côté droit et a notamment dû apprendre à écrire de la main gauche. Malgré son handicap, ses parents l’ont toujours encouragé à vivre comme un enfant normal et à suivre une scolarité classique qui l’a mené à entamer une formation en sciences biomédicales à l’ULB en 2021. César Denis a par contre dû renoncer à la pratique du hockey, qui était difficilement compatible avec son handicap. Il s’est alors tourné vers l’équitation, un sport que pratiquait sa maman Florence Duchateau.
La famille n’avait pas vraiment entendu parler du para-dressage à l’époque, César Denis a donc commencé à monter à cheval dans une filière classique et a même pratiqué le saut d’obstacles en compétition. Il s’est classé dans des épreuves jusqu’à 95 cm avec une jument nommée Hiva OA Sept. « Elle s’est ensuite blessée et c’est ainsi que j’ai commencé à prendre cours avec Pierre De Backer, un professeur de dressage avec qui ma mère a longtemps monté », explique César Denis. C’est ce professeur en particulier qui a initié le jeune adolescent au para-dressage et lui a proposé de s’inscrire à la Ligue handisport il y a environ trois ans. Dans la foulée, César Denis a débuté les concours dans cette discipline avec Filou du Ry d’Amour, un cheval qu’il avait pris en demi-pension. Puis, en 2020, ses parents ont acheté un cheval davantage orienté vers le dressage : Hooverphonic van het Koekoek’s Hof. « Malheureusement les débuts ont été difficiles, Hoover était très anxieux et j’ai pris peur », confie César Denis. « Il s’est aussi blessé au pré et c’est comme ça que j’ai commencé à monter Destinity, une jument appartenant à une élève de mon prof Pierre De Backer. »
Destinity a permis au jeune cavalier de faire ses armes en compétitions de para-dressage, et notamment de terminer deuxième du championnat de Belgique 2020 de grade III juste derrière Barbara Minnecci. C’est aussi avec cette jument que César Denis a participé à son premier concours international en 2021 à Waregem, où il a terminé 9e du test individuel et 8e du Freestyle. Le couple avait véritablement noué une relation d’amitié mais l’aventure s’est terminée durant l’été 2021, lorsque la jument est retournée chez sa propriétaire. Depuis lors, César Denis a repris l’entrainement avec son propre cheval, Hooverphonic : « Pierre et maman l’ont beaucoup travaillé pendant que je montais Destinity », précise-t-il. « Au départ l’objectif était de le vendre, mais finalement nous avons décidé de lui donner une deuxième chance et ça se passe bien ! »
Le jeune cavalier est désormais installé au Haras de l’Aube et est bien entouré, notamment par sa maman Florence. En plus de partager sa passion, cette dernière aide son fils au quotidien en le groomant et en l’encadrant lorsqu’il monte, ou encore en sortant Hooverphonic. Depuis quelques mois, César Denis peut aussi compter sur Riikka Koljonen, qui prend très à cœur son rôle de coach : « J’aime beaucoup encadrer César, c’est très intéressant et gratifiant », confie-t-elle. « Je ne peux pas ressentir ce qu’il ressent dans son corps, mais j’essaye de le deviner et j’en tiens compte lorsque je monte son cheval. Je fais par exemple en sorte de rendre le cheval beaucoup plus réactif et réceptif aux aides à droite, étant donné que César a moins de force de ce côté. »
En parallèle de ce travail spécifique, César Denis a aussi réussi à trouver au fil des ans des équipements qui l’aident dans sa pratique de l’équitation. Le cavalier monte par exemple avec une selle classique mais, pour stabiliser son côté droit, il a recours à une attelle de poignet et à un étrier à clips. Il a également fait fabriquer un éperon courbé qui permet de compenser la faiblesse de sa jambe droite et des rênes à poignées sur lesquelles sont rassemblées les deux rênes de bride. « Au niveau du matériel, c’est un peu la débrouille », confie sa maman, Florence Duchateau. « On trouve des solutions en essayant, ou encore en répliquant ce qu’on a pu voir chez d’autres cavaliers de para-dressage. »
Depuis qu’il a retrouvé son cheval Hooverphonic et s’entraîne avec Riikka Koljonen, César Denis ne cesse de progresser. Les résultats en témoignent, puisque lors de leurs deux sorties fin 2021 à Gesves et Dentergem, le jeune cavalier et sa monture ont décroché trois victoires et une deuxième place. A présent, le duo s’apprête à s’envoler pour Doha, où il participera fin février au CPEDI 3* d’Al Shaqab. Ce long voyage sera une expérience complètement nouvelle pour le jeune homme, son cheval et son entourage, et César Denis attend ce moment avec impatience : « C’est évidemment un peu stressant de partir si loin, mais je suis très heureux d’avoir l’opportunité d’aller à Doha. Cette année, j’ai aussi prévu de participer aux internationaux à Deauville, Waregem, Grotebrogel et peut-être Stadl Paura. On limite un peu le nombre de concours et on évite d’aller trop loin car cela coûte cher. Je reçois heureusement un soutien financier de la part de la Ligue handisport francophone (ndlr : César Denis a le statut d’espoir sportif), mais je cherche aussi des sponsors supplémentaires. »
Cette année, César Denis souhaite également réaliser des résultats suffisants pour obtenir des sélections et être prêt pour les championnats du monde 2022 de para-dressage. « Il y a sans doute des gens plus connus et plus expérimentés que moi pour faire partie de l’équipe, mais je voudrais au moins être un bon réserviste », souligne-t-il. Le jeune cavalier vise ensuite les championnats d’Europe de 2023, puis les Jeux paralympiques de Paris en 2024 qui représentent son objectif principal. Ce rêve s’est construit petit à petit lorsque César Denis a débuté le para-dressage, et il entend bien se donner tous les moyens pour y parvenir. Sa maman confirme : « César est très travailleur et déterminé. Que ce soit pour ses études ou pour l’équitation, il ne fait pas les choses à moitié.» Le jeune homme ne se focalise en effet pas seulement sur les Jeux paralympiques, mais souhaite plus globalement performer dans son sport tout en réussissant ses études.
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