Comment reconnaître une selle mal adaptée à son cheval?
De plus en plus de cavaliers le savent : une selle mal adaptée peut avoir d’importantes répercussions sur la santé du cheval et ses performances. Il n’est cependant pas toujours facile de juger quand le passage d’un saddle fitter est nécessaire… Caroline Peterges, spécialiste en ergonomie de la selle, nous explique quels sont les principaux signes à surveiller, aussi bien au niveau du comportement du cheval que du matériel en lui-même.
Grâce au développement du « saddle fitting » ou « ergonomie de la selle », de plus en plus de cavaliers sont aujourd’hui conscients de l’importance d’avoir une selle non seulement adaptée à eux-mêmes et à leur pratique, mais aussi à leur cheval. Un matériel inadéquat aura en effet tendance à créer des points de pression et d’autres désagréments pouvant entraîner chez le cheval des plaies, des défenses à pied et sous la selle, des atrophies musculaires, des mauvaises postures et compensations qui peuvent mener à des problèmes locomoteurs, etc.
En tant que cavalier, il n’est cependant pas toujours évident de reconnaître si les problèmes sont directement liés à la selle ou si leurs origines se trouvent ailleurs. Caroline Peterges, conseillère en ergonomie de la selle, recommande donc toujours à ses clients « de d’abord vérifier avec les professionnels adéquats si le cheval ne souffre pas de problèmes ostéopathiques ou vétérinaires – comme par exemple des ulcères ».
Des symptômes plus ou moins visibles chez le cheval
Une fois cette possibilité écartée, certains symptômes peuvent mettre la puce à l’oreille des cavaliers qui doutent de la bonne adaptation de leur selle :
- une selle qui tourne, recule ou encore avance
- des poils blancs, gonfles ou plaies qui se développent sous la selle
- des atrophies musculaires à l’endroit où pose la selle
- des défenses montées, comme par exemple des refus à l’obstacle
- des défenses au moment de seller : cheval qui grimace, qui essaye de mordre,…
- des réactions de douleur lorsqu’on passe la main sur le dos ou sous la selle
Cette liste n’est toutefois pas exhaustive et, comme le souligne Caroline Peterges, « les symptômes d’une selle mal adaptée peuvent être plus ou moins visibles, notamment parce que certains chevaux sont plus introvertis et montrent peu de signes de gêne, voire pas du tout ». Même en cas de selle mal adaptée, le comportement du cheval n’est donc pas toujours révélateur. C’est pourquoi il est utile que le cavalier soit capable d’évaluer sommairement son matériel.
Bien sûr, faire appel à un spécialiste en ergonomie de la selle sera toujours bénéfique pour vous comme votre cheval. Mais si vous hésitez par exemple pour des raisons financières, voici quelques points-clés qui vous permettront de découvrir ou confirmer si vous disposez d’une selle mal adaptée.
Les astuces pour reconnaître une selle mal adaptée
Avant même de poser la selle sur le dos du cheval, Caroline Peterges effectue toujours quelques vérifications à pied pour s’assurer que celle-ci n’est pas endommagée, car cela peut aussi engendrer des problèmes. La spécialiste recommande notamment de regarder les éléments suivants :
- l’état des matelassures sous la selle et sur les côtés : en passant la main le long de celles-ci, la surface doit être lisse, homogène et souple. « Cette vérification est surtout nécessaire avec les matelassures en laine, car avec le temps cette matière peut se déplacer et/ou se tasser et il est alors nécessaire de faire entretenir ou remplacer le rembourrage par un professionnel », précise Caroline Peterges. Les matelassures faites de mousse ou d’air bougent quant à elle très peu dans le temps, mais les premières sont moins facilement adaptables si la morphologie du cheval évolue.
- l’état de l’arçon : véritable « squelette » de la selle, l’arçon peut malheureusement vriller voire se casser à cause de la vieillesse, d’un accident, d’un défaut de fabrication ou d’une dissymétrie importante du cheval ou du cavalier,… Pour vérifier qu’il n’y a pas de problème à ce niveau, Caroline Peterges a quelques astuces. Tout d’abord, elle serre l’avant de la selle entre ses deux genoux et observe si l’arçon fait du bruit ou se fléchit exagérément. Elle effectue aussi la même vérification en mettant son poids du corps via un genou sur le siège de la selle. Pour s’assurer que l’arçon n’est pas tordu, son conseil est de tenir la selle par l’arrière et de regarder si le centre du troussequin est bien aligné avec le milieu du pommeau. « Cette manipulation requiert d’avoir le coup d’œil et une vrille importante de l’arçon peut plus ou moins facilement se constater, mais une vrille plus légère requiert par contre un œil averti qui a déjà vu un certain nombre de selles », précise cependant Caroline Peterges.
Si la selle semble correcte lors de ces manipulations en main, l’idéal est de la placer sur le dos du cheval sans tapis ni amortisseur afin de voir et sentir directement comment elle repose. Voici les principaux éléments à analyser :
- la longueur de la selle : lorsque celle-ci est correctement placée, c’est-à-dire derrière l’omoplate du cheval, elle ne doit pas reposer sur le dos plus loin que la dernière côte du cheval. Si c’est le cas, la selle est simplement trop grande pour le cheval.
- la gouttière : elle doit être suffisamment large pour ne pas comprimer le processus épineux (colonne vertébrale) du cheval ni les ligaments qui se trouvent autour.
- le dégagement du garrot : il doit y avoir suffisamment d’espace latéral et en hauteur entre la selle et toute la longueur du garrot. « L’espace nécessaire peut varier car certains chevaux possèdent des processus épineux qui ressortent plus fort ou ont des mouvements de dos plus importants que d’autres lorsqu’ils se déplacent », souligne Caroline Peterges. « C’est notamment pourquoi je regarde toujours les chevaux en action lors de chaque séance d’ergonomie de la selle. »
- l’équilibre global : lorsqu’on l’observe sur le côté, le siège de la selle doit être équilibré par rapport au dos du cheval, et donc ne pas plonger vers l’avant ou l’arrière. Caroline Peterges précise toutefois qu’il « existe des différences selon les disciplines : sur une selle de dressage par exemple, le point d’équilibre sera généralement plus en avant que sur une selle d’obstacle, car la position recherchée est différente ».
- l’adaptation des matelassures : lorsqu’on passe la main le long des matelassures à l’avant et sous la selle, celles-ci doivent épouser la forme du dos et de la musculature à l’arrière des épaules du cheval afin que la selle repose de manière homogène. Des différences peuvent parfois être observées d’un côté à l’autre, notamment en raison d’une dissymétrie du cavalier et/ou du cheval.
Ces quelques vérifications vous permettront d’obtenir un bref aperçu du degré d’adaptation de votre selle. L’idéal est d’ensuite faire appel à un spécialiste en ergonomie de la selle qui pourra affiner le diagnostic et surtout apporter des solutions. Hormis dans certains cas, il n’est en effet pas toujours nécessaire de changer de selle : « Les matelassures en laine et les arcades interchangeables permettent certaines adaptations, et l’on peut aussi jouer avec des correcteurs en cas de selle légèrement trop large ou dont la surface n’est pas tout à fait bien répartie sur le dos du cheval », illustre Caroline Peterges. « Par contre, quand l’ouverture de l’arçon est trop étroite et n’est pas adaptable, il n’y a pas vraiment d’autre solution que de changer de selle… »
Pour éviter d’en arriver là, il est évidemment préférable de faire appel à un spécialiste en ergonomie dès l’achat de la selle, et puis bien sûr d’effectuer un suivi régulier car avec le travail, les éventuels problèmes de santé, etc, la morphologie du cheval peut évoluer et nécessiter des changements au niveau de la selle. Le saddle fitter travaillera aussi sur l’adaptation du matériel au cavalier, un élément très important étant donné l’impact énorme que le cavalier peut avoir sur son cheval.
Retrouvez ici la page Facebook et le site internet de Caroline Peterges, qui par ailleurs pratique aussi le shiatsu équin.