Travail en cercle: quel impact sur les membres du cheval ?
On entend parfois dire que le travail répété en cercle, notamment à la longe, peut être dangereux pour les articulations du cheval. Il existe cependant peu d’informations scientifiques à ce sujet, c’est pourquoi des chercheurs de l’Université du Michigan ont choisi d’étudier l’impact des cercles sur les sabots antérieurs. D’après leurs recherches, il semblerait que l’allure ait plus d’influence sur la santé des membres que le diamètre du cercle. Explications :
Que ce soit lors du débourrage, des séances à pied ou sous la selle, le travail en cercle est très souvent utilisé avec les chevaux et offre de nombreux avantages. On entend cependant parfois qu’il ne faut pas en abuser, notamment car la répétition des (petits) cercles pourrait être à la fois difficile et néfaste pour le physique du cheval.
Des chercheurs de l’Université du Michigan ont cherché à objectiver cela en réalisant une étude sur l’impact des cercles sur les sabots antérieurs. Pour cela, ils ont rassemblé 9 chevaux adultes en bonne santé. Ceux-ci ont été parés par un maréchal-ferrant qualifié la semaine qui a précédé les tests. Lors de ceux-ci, des capteurs ont été placés sur les sabots des chevaux pour collecter des données.
Les chevaux participant à l’étude ont d’abord effectué plusieurs lignes droites en main au pas et au trot, mais pas au galop car cette allure était trop compliquée à contrôler et à reproduire en main. Ensuite, ils ont été emmenés dans un rond de longe où on les a fait tourner en liberté sur des cercles de 10m et 15m de diamètre, et ce aux 3 allures. L’objectif de l’étude était de déterminer comment l’allure et le diamètre du cercle influencent la zone de charge, la force verticale et la pression exercée sur les sabots avant.
Des contraintes plus élevées au galop
Les résultats des tests ont révélé qu’au final, l’allure avait plus d’influence sur ces paramètres que la modification de la taille du cercle. Les chercheurs ont en effet observé que la zone de charge moyenne et la force verticale moyenne étaient systématiquement plus élevées lors des cercles au galop. Ces contraintes se remarquent surtout au niveau de l’antérieur extérieur et s’expliquent par la vitesse, mais aussi par une inclinaison plus élevée du corps du cheval lors des cercles au galop. D’autres études ont en effet démontré que cet angle d’inclinaison à la longe sur un cercle de 10 m de diamètre passe de 12° au trot à 19° au galop. Ces contraintes ne sont pas sans conséquence, et une recherche a d’ailleurs révélé que chez les chevaux qui courent sur des hippodromes de petite taille, l’antérieur extérieur était le plus sujet aux fractures mortelles.
L’étude de l’Université du Michigan a aussi déterminé qu’au trot, la surface moyenne de charge sur le sabot reste assez similaire en ligne droite et sur le cercle. Cela en fait l’allure la plus stable, certainement parce que « les chevaux sont capables d’utiliser à la fois les membres antérieurs et postérieurs dans une foulée de trot d’une manière plus uniforme que dans le pas et le galop », expliquent les chercheurs.
Selon ces derniers, le trot serait donc l’allure idéale pour permettre aux chevaux de s’adapter au travail en cercle. « Les propriétaires qui veulent utiliser le travail en cercle tout en préservant la longévité de la carrière de leur cheval devraient donc envisager de le faire à des allures plus lentes, (…) ou limiter l’utilisation des exercices en cercle », conseillent les responsables de l’étude.
Comme les chevaux ont été testés en liberté, les résultats ne tiennent notamment pas compte de l’éventuelle influence de l’action du cavalier, par exemple lorsqu’il tient le cheval en longe ou est en selle. Des études supplémentaires seront nécessaires pour déterminer si les équidés s’habituent plus facilement aux changements de diamètre et d’allure en cercle lorsqu’ils sont en liberté. « L’utilisation d’un surfaix et d’un bridon (ndlr : en longe) peut souvent encourager le cheval à se déplacer de manière droite équilibrée », mentionnent toutefois les chercheurs de l’Université du Michigan. Cependant, lorsque la longe est directement attachée au licol, « cela donne au manieur moins de contrôle sur le cheval, ce qui entraîne souvent des séances de longe où le cheval se penche sur le cercle et n’engage pas systématiquement l’arrière-main et la musculature de la ligne du dessus pour se déplacer droit. » Dans ce cas, la longe pourrait alors être plus néfaste pour le cheval.
Cette étude devrait bien sûr être affinée mais elle souligne néanmoins l’importance d’être attentif à la qualité et l’intensité du travail réalisé en cercle, aussi bien en liberté qu’à la longe ou monté.
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