Coliques : une échelle pour estimer les chances de survie

Malgré les progrès de la médecine vétérinaire, les coliques peuvent hélas encore s’avérer mortelles pour les chevaux. La rapidité de la prise en charge est souvent cruciale pour favoriser la survie, mais des chercheurs ont aussi choisi de se pencher sur les paramètres cliniques qui sont y associés. Leur objectif : établir une échelle de survie qui permet d’orienter les vétérinaires et propriétaires de chevaux quant à la pertinence des traitements.

Les coliques chez le cheval sont souvent difficiles à vivre pour les propriétaires. Non seulement ils voient leur animal souffrir, mais ils sont parfois confrontés à des choix difficiles, comme tenter ou non des opérations coûteuses sans garantie que le cheval y survive ou se rétablisse complètement. Cette incertitude est notamment due à la grande variété des causes à l’origine des coliques.

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© Pixabay

En général, les vétérinaires aiguillent les propriétaires du mieux qu’ils peuvent en fonction de l’impression clinique que leur donne le cheval. Ils tiennent notamment compte de son niveau de confort, ses antécédents, des résultats d’une éventuelle échographie abdominale, etc. Bref, la méthode comporte des données scientifiques mais elle reste liée à une appréciation humaine et n’est donc pas sans failles.

Des chercheurs américains1 ont eu l’idée d’objectiver davantage le processus de décision du traitement des coliques en cherchant à élaborer une « échelle de survie ». Des « scores de gravité » des coliques avaient déjà été établis par d’autres scientifiques dans les années 1990, mais leurs performances se sont avérées variables selon les populations de chevaux ou au fil du temps. Les chercheurs américains ont donc cherché des paramètres plus fiables.

Pour ce faire, ils ont dans un premier temps analysé les dossiers médicaux de 67 chevaux qui ont été traités pour des douleurs abdominales aiguës. Ils ont utilisé 28 variables pour comparer ceux qui ont survécu et ceux qui ont succombé à la maladie, et ils en ont retenu 6 pertinentes pour élaborer leur échelle de survie. Enfin, ils ont évalué leur outil de notation des coliques pendant un an sur les patients équins de deux hôpitaux.

Un outil d’aide à la décision

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Les paramètres pris en compte dans l’échelle de survie sont la fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire, le calcium total, le lactate sanguin, ainsi que les résultats de l’échographie et de l’examen rectal. Chaque variable est notée entre 0 et 2 en fonction de la gravité : on donnera par exemple zéro point pour une fréquence cardiaque normale entre 26 et 45 bpm, 1 point si elle se situe entre 46 et 60 bpm et 2 points si elle dépasse 61 bpm. Quant aux examens rectaux et échographiques, ils vaudront 0 point s’ils sont normaux et 2 points chacun s’ils présentent des problèmes.

Une fois les six paramètres analysés et notés, l’idée est que le vétérinaire additionne les points pour arriver à un score qui varie de 0 à 12. Le plus élevé indique la présence de nombreux paramètres graves et problématiques, et donc un risque plus élevé de décès. De manière globale, les chercheurs ont établi qu’un score au-delà de 7 était plutôt mauvais, alors qu’entre 0 et 7 on peut généralement prédire la survie du cheval s’il reçoit un traitement adéquat.

Cette échelle de survie ne remplace bien sûr pas le travail du vétérinaire et n’empêche pas les propriétaires de prendre les décisions qu’ils souhaitent quant au traitement de leur cheval atteint de coliques. Néanmoins, elle permet d’établir des critères objectifs qui peuvent aider à guider leurs choix, notamment lorsqu’il faut recourir à une chirurgie.
Les chercheurs américains à l’origine du projet souhaitent par ailleurs continuer à affiner et valider leur échelle en la testant sur une plus grande population d’équidés.

Retrouvez ici l’étude complète réalisée par les chercheurs américains.

1 Alanna Farrell et Kevin Kersh du Département des sciences cliniques vétérinaires de l’Iowa State University ; Rachel Liepman du Chaparral Veterinary Medical Center à Cave Creek, Arizona ; et Katarzyna Dembek du Département des sciences cliniques vétérinaires de la North Carolina State University.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !