Portrait : Ciprus, jeune cheval de police

Après vous avoir fait découvrir les coulisses de la police à cheval et ses écuries, Cheval-in vous propose cette fois d’aller à la rencontre d’un cheval de police : Ciprus. Cette jeune recrue élevée et achetée en Hongrie débute tout juste sa carrière dans la police à cheval. Après plusieurs mois de formation, Ciprus apprend désormais à faire connaissance avec sa nouvelle cavalière et va progressivement commencer les missions.

Situées à Bruxelles, les écuries de la police à cheval belge comptent une nonantaine de chevaux. Comme la capacité maximale de 110 équidés n’est pas atteinte et que certains arrivent à l’âge de la retraite, la police achète et forme régulièrement de nouvelles recrues. En moyenne, elle essaie d’acquérir 10 à 15 jeunes chevaux chaque année.

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Ciprus (© Christophe Bortels)

Parmi les dernières recrues équines de la police, on retrouve notamment Ciprus, un cheval nonius de 5 ans. Il provient de Hongrie, berceau de sa race, et plus précisément du Haras national de Mezőhegyes où sont notamment élevés des nonius comme lui, mais aussi des gidran – une autre race qu’on retrouve aujourd’hui au sein des écuries de la police belge. C’est Dirk Roofhooft, inspecteur, policier à cheval et chargé des achats équins pour la police qui a repéré Ciprus : « Je l’avais déjà vu à l’élevage lorsqu’il avait 2 et 3 ans, et il a retenu mon attention car il a de bons aplombs, n’est pas trop grand, présente un dos musclé et de bonne longueur. Il a aussi une tête et des yeux sympas. Bref, il donne une bonne impression et c’est important ! »

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Ciprus a quitté sa Hongrie natale pour rejoindre la caserne bruxelloise de la police durant l’été 2020. Il a été formé par différents cavaliers de la police et depuis quelques semaines, il fait connaissance avec Muriel Demaseneiren qui deviendra sa cavalière attitrée. Jusqu’à présent, la policière faisait équipe avec Arlequin, un grand BWP alezan. Mais celui-ci prend de l’âge et il est temps de penser à la relève… « On m’a proposé Ciprus donc je l’ai essayé et je l’ai tout de suite trouvé chouette à monter », confie Muriel Demaseneiren. « Il est amitieux, affectueux, vivant et respectueux. C’est un gabarit très différent d’Arlequin mais ils ont à peu près le même caractère ! »

Muriel a d’abord fait connaissance avec Ciprus en piste. (© Christophe Bortels)

Dans un premier temps, Muriel Demaseneiren a fait connaissance avec Ciprus en piste en le montant régulièrement. Il est aussi prévu qu’elle sorte progressivement en extérieur en compagnie d’un cheval plus expérimenté. « C’est une motivation et une joie de monter un jeune cheval, de découvrir de quoi il a peur, comment je dois l’aider, etc », confie Muriel Demaseneiren. « Et puis bien sûr, c’est une façon de préparer le futur. »

La transition entre Arlequin et Ciprus va en effet s’effectuer petit à petit. Agé de 21 ans, Arlequin est encore en pleine forme mais il sort déjà moins en mission et sa fréquence de travail diminuera progressivement jusqu’à sa retraite. Hélas, il ne pourra pas profiter de celle-ci chez sa cavalière, car Muriel Demaseneiren héberge déjà son précédent cheval de police âgé de 25 ans. La police à cheval a mis en place depuis de nombreuses années un système pour garantir une belle fin de vie à chacun de ses équidés, en permettant à ceux-ci d’être pris en charge par leur cavalier titulaire, des membres de la police, des institutions d’hippothérapie, des associations de protection animale ou encore des particuliers (dans cet ordre de priorité). Il faut bien évidemment respecter des conditions strictes, notamment au niveau de l’hébergement qui doit se faire au pré.

Des critères précis de sélection

Arlequin profitera donc prochainement d’une retraite en prairie, alors que Ciprus prendra sa relève une fois qu’il sera tout à fait prêt. La formation des chevaux est une étape très importante pour leur carrière, mais leur sélection en amont l’est presque tout autant. La recherche et l’achat de chevaux ont été confiés à Dirk Roofthooft et la tâche n’est pas simple, car il y a de nombreux critères à respecter. Les équidés doivent notamment toiser au minimum 1m64 au garrot (sans fers) et être âgés entre 3 et 6 ans. Seules les juments et hongres sont retenus, ainsi que les chevaux déjà débourrés. Les demi-sang sont privilégiés alors que les trotteurs, chevaux de traits et pur-sang ne sont pas admis. Les chevaux doivent aussi être assez robustes/porteurs, présenter un caractère curieux et calme ainsi qu’une bonne santé.   

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Ciprus est de race nonius, comme plusieurs chevaux au sein de la police. (© Christophe Bortels)

Ces critères ont bien sûr été établis pour s’assurer que les chevaux soient aptes aux missions qu’ils devront assurer pour la police à cheval. Celles-ci consistent principalement en des patrouilles de maintien de l’ordre et de surveillance, les qualités recherchées chez les équidés ne sont donc pas tout à fait les mêmes que pour le sport. « Les chevaux doivent avant tout être résistants, porteurs, et sociables avec tout le monde », souligne Dirk Roofhooft. « Il faut qu’ils soient suffisamment calmes pour rester tranquilles en mission, mais doivent quand même avoir assez d’énergie lorsqu’il faut intervenir. »

De par son orientation vers le sport de haut niveau, l’élevage belge ne correspond plus vraiment aux besoins et aux critères de la police : la plupart des chevaux élevés sur le territoire sont en effet souvent trop légers, trop chers et/ou trop dans le sang. Désormais, la police à cheval achète donc aussi des chevaux à l’étranger et s’intéresse à des races parfois moins connues.  Ces dernières années, elle a par exemple acheté une dizaine d’équidés en Hongrie – principalement des gidrans (que l’on reconnaît à leur robe alezane) ou des nonius comme Ciprus. Dirk Roofhooft confie qu’il s’intéresse aussi au Franches-Montagnes, qui présente des qualités intéressantes malgré sa petite taille.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !