Les bases du travail aux longues rênes (partie 2)

Généralement peu connu et peu pratiqué, le travail aux longues rênes offre de nombreux bénéfices. Il permet notamment d’améliorer le contact en bouche et la symétrie du cheval, tout en apportant de la variété au cavalier comme à son partenaire à quatre jambes. Envie de vous lancer ? Dans cette deuxième partie, le moniteur de dressage et d’équitation comportementale Alexandre Declercq détaille les différentes façons de placer les longues rênes et explique comment guider son cheval lors des premières séances.

Comme expliqué dans notre premier article, le travail aux longues rênes nécessite un peu d’équipement, mais surtout une préparation du cheval afin que celui-ci se familiarise avec le matériel et les aides. En fonction de l’expérience et de la personnalité de votre monture, vous aurez peut-être besoin de plusieurs séances pour mettre en place les bases.

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© Christophe Bortels

Une fois que votre cheval est prêt pour le travail aux longues rênes, il ne reste plus qu’à débuter les premières séances à proprement parler ! Lors de celles-ci, les aides du cavalier mais aussi le réglage du matériel peuvent s’avérer déterminants pour se faire comprendre de son cheval et obtenir ce qu’on recherche dans le travail aux longues rênes. Alexandre Declercq nous a livré quelques détails particulièrement utiles pour réussir ses premières séances et évoluer progressivement. 

Le positionnement des rênes

On choisira le positionnement des longues rênes en fonction du cheval et de l’effet recherché. Il existe en effet plusieurs solutions, dont notamment :

  • la rêne directe : le mousqueton de la rêne est attaché directement à l’anneau du mors, et la rêne coulisse dans un anneau du surfaix. Il s’agit de la position « classique » pour travailler aux longues rênes. Lorsqu’on débute le travail aux longues rênes, on peut se contenter d’attacher simplement la rêne intérieure au mors, sans passer par le surfaix, afin d’avoir un contact plus direct avec la bouche du cheval.
  • la rêne indirecte : le mousqueton est attaché à un anneau du surfaix et la rêne coulisse vers la main du cavalier en passant par l’anneau du mors. On pourra utiliser ce système avec un cheval débutant, car on bénéficiera d’un meilleur contrôle. Ce positionnement de rêne favorise aussi la flexion et est donc utile pour les chevaux raides et/ou résistants. La rêne indirecte sera toutefois seulement utilisée pour la rêne intérieure, la rêne extérieure restant attachée de façon directe.

Le choix de la hauteur des anneaux du surfaix a également une importance, et ce peu importe que la rêne coulisse dedans ou y soit attachée. En général, on sélectionnera plutôt un anneau bas pour obtenir une attitude basse, et vice versa. « Si l’on a affaire à un cheval en défense, on veillera cependant à ne pas placer les rênes trop bas d’emblée, au risque de le braquer. Mieux vaut y aller progressivement », souligne Alexandre Declercq. « Avec un cheval qui fuit le contact, on placera aussi les rênes dans des anneaux un peu plus hauts afin de le mettre en confiance avant de petit à petit les positionner dans des anneaux plus bas. »

Tenir ses longues rênes

Exactement comme à cheval, le cavalier va se servir de son corps et ses aides pour diriger et contrôler sa monture. La première chose est de prendre en main les longues rênes, qui peuvent être tenues de deux façons différentes :

  • Façon « meneur », avec la rêne qui entre dans la main entre le pouce et l’index et ressort au bas de la paume. Cette prise en main est notamment recommandée avec un cheval qui a besoin d’apprendre à suivre le contact.
  • Façon « cavalier », avec la rêne qui entre dans la main sous le petit doigt et ressort entre l’index et le pouce. Cette tenue de rêne permet au cavalier de travailler plus en détail, mais aussi d’incurver et assouplir plus facilement son cheval en jouant avec ses doigts.

Peu importe la façon de tenir les rênes, on pourra laisser trainer celles-ci au sol si l’on travaille dans toute la piste, mais on préférera les enrouler si l’on reste sur le cercle. Cela évitera au cavalier comme au cheval de se prendre les pieds dedans.

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Lorsqu’on reste sur le cercle, mieux vaut enrouler les rênes pour ne pas se prendre les pieds dedans (© Christophe Bortels)

Se déplacer

Une fois les longues rênes bien positionnées sur le cheval et dans les mains du cavalier, il est temps de se mettre en route ! A défaut de pouvoir donner des jambes comme en selle, le cavalier pourra s’aider de sa cravache (stick de meneur ou chambrière) et de sa voix pour faire avancer son cheval. Avec les chevaux fins et bien dressés, un simple changement d’énergie dans le corps du cavalier peut aussi susciter la mise en mouvement.

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Le cavalier doit veiller à rester dans le champ de vision du cheval, hors de portée des ruades (© Christophe Bortels)

Une fois en marche, le cavalier veillera à se placer dans un premier temps un peu sur le côté de son cheval (à l’intérieur de la piste), dans le champ de vision de celui-ci et hors de portée des éventuelles ruades en cas de réactions d’opposition du cheval.

En se déplaçant, « il faut avoir la sensation que le cheval nous emmène », souligne Alexandre Declercq. « Cela ne veut pas dire qu’il nous tire avec force, mais qu’il va en avant et prend contact de lui-même avec les rênes. »

Diriger

Pour garder son cheval en ligne droite, le cavalier maintiendra par défaut le même contact et la même tension sur les deux rênes. S’il veut par contre indiquer une autre direction, le principe est simple :  « En agissant sur la rêne extérieure, on incitera le cheval à aller de ce côté et vice versa », explique Alexandre Declercq. « Mais lorsqu’on reprend sur une rêne, il faut un peu relâcher l’autre. »

Pour effectuer un cercle à main gauche par exemple, le cavalier sollicitera son cheval avec la rêne gauche et cédera un peu dans la rêne droite afin de lui permettre de quitter la piste. Le cavalier doit cependant avoir suffisamment de tact pour trouver le bon équilibre entre ses deux rênes. L’objectif est de parvenir à conserver sa monture dans le couloir des rênes, peu importe le mouvement.

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© Christophe Bortels

Une fois que le cavalier a bien compris ce principe et les maitrise aux deux mains, il peut enchaîner plus facilement les mouvements et même changer de direction. Attention cependant : les changements de main peuvent seulement s’effectuer avec deux rênes placées de manière directe. « Pour changer de main, on ramènera un peu l’épaule intérieure du cheval vers soi avec la rêne intérieure avant de relâcher un peu et prendre le contact sur l’autre rêne pour changer de côté », explique Alexandre Declercq. « Une fois que le cheval initie le changement de direction, le cavalier l’accompagnera en faisant glisser les longues rênes par-dessus la croupe afin de se retrouver positionné du bon côté. »

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On peut travailler aux longues rênes aux 3 allures (© Christophe Bortels)

Lorsque la direction est bien gérée, le cavalier peut demander à son cheval des transitions dans l’allure ou entre les allures en jouant simplement avec la voix et la cravache pour avancer, et en retenant un peu avec les mains et le corps pour ralentir. Le cavalier peut aussi bien travailler au pas qu’au trot et au galop, mais il veillera toutefois à bien maitriser l’allure avant de passer à celle supérieure.

Vous l’aurez compris : le travail aux longues rênes permet de travailler énormément d’exercices et de mouvements, y compris les déplacements latéraux et les airs relevés. Si vous souhaitez aller plus loin, Alexandre Declercq propose des stages au sein de ses écuries et a établi un programme spécifique en ligne pour évoluer dans le travail aux longues rênes. Vous pouvez le retrouver ici.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !