Les cavaliers belges en condition Tokyo

Une douzaine de cavaliers belges prendront bientôt la route de Tokyo pour y disputer les Jeux olympiques et paralympiques. Désireuse de voir ses différents athlètes performer au Japon, la Fédération Royale Belge des Sports Equestres (FRBSE) a investi les bâtiments de la Faculté des Sciences de l’Université Catholique de Louvain afin de proposer des tests à l’effort « en condition Tokyo » à tous ses cavaliers.

Michèle George a passé un test en condition Tokyo
Michèle George sous le regard de Nicolas Benoit (© Cheval-in)

Michèle George fut l’une des premières à découvrir la chambre néo-louvaniste, un local vitré et hermétique d’environ 16 m². « A l’intérieur, je m’attendais à rencontrer des conditions quasi similaires à celles de Rio en 2016 mais ce n’est en rien comparable. Il faisait également chaud à Rio, mais ici, l’humidité est beaucoup plus importante. C’est horrible ! », soulignait la cavalière paralympique. « Nous reproduisons dans cette chambre les pires conditions que les athlètes pourront rencontrer cet été à Tokyo, à savoir entre 30 et 35 degrés et 80 pour cent d’humidité », expliquait Nicolas Benoit, responsable du laboratoire d’effort de l’UCL et du centre d’aide à la performance sportive.

La réponse de l’organisme

Durant une heure, Michèle George s’est soumise à une série d’exercices (vélo et stabilité) adaptés en fonction de la discipline (ici le para-dressage) mais également du degré de handicap. « Les exercices sont ici relativement légers mais ils nous permettent de vérifier la réponse de l’organisme aux conditions chaudes et humides attendues dans le pire des cas à Tokyo. Nous contrôlons la quantité d’eau qui va être perdue sur une période d’une heure. Cela correspond à l’échauffement du cheval avant l’épreuve», poursuivait Nicolas Benoit.

« Nous prenons également la température du cavalier durant tout l’exercice pour observer l’accumulation de la chaleur dans le corps. Le cavalier doit être échauffé mais arriver le plus frais possible à l’entrée de la piste. Et enfin, nous plaçons aussi un patch pour calculer le taux d’électrolytes. Ceci afin de pouvoir adapter la qualité de la boisson sur place. »

Les cavaliers belges prêts pour Tokyo

Enfermée durant une heure dans ces conditions extraordinaires, la cavalières d’Amougies, dans le Hainaut, n’était pas mécontente de sortir de la chambre. « Tout est plus dur à l’intérieur. J’avais l’impression de ne pas avoir assez d’oxygène. L’humidité est étouffante ! J’ai toutefois senti une adaptation. Je me sentais mieux à la fin de la séance», confiait Michèle George.

Si elle a ouvert de grands yeux à Louvain-la-Neuve, la médaillée d’or et d’argent en individuel des Jeux paralympiques de Rio était par contre loin d’être déstabilisée. Que du contraire ! « Je suis une guerrière ! », souriait-elle. « J’ai envie de recommencer ce test car je suis persuadée que cela m’aidera sur place. Celui qui sera habitué à ces conditions aura incontestablement un avantage le jour de la compétition. »

Les cavaliers belges sont prêts à briller à Tokyo !

Les cavaliers belges, à l'image de Michèle George et Manon Claeys, sont prêts pour Tokyo
Manon Claeys (© Cheval-in)
« Pour éviter la panique à Tokyo »

En 2020, la FRBSE était la première fédération sportive du pays à proposer le test à l’effort « en condition Tokyo » à ses athlètes sélectionnables pour les Jeux olympiques et paralympiques. « Les conditions à Tokyo seront bien similaires à celles reproduites dans la chambre du test à l’effort », confirmait Wendy Laeremans, directrice sportive de la FRBSE, qui a assisté au test event à Tokyo en août 2019. « En fin de journée, on se sent beaucoup plus fatigué, on a mal de tête,… l’organisme en prend plein la figure. On s’en rend compte même en ne participant pas aux épreuves. »

En proposant ce test à l’effort, la Fédération souhaitait surtout apporter de l’information à ses athlètes et n’a en aucun cas utilisé les résultats pour opérer une première sélection entre les différents cavaliers. « Nous regardons à quel point ils transpirent, quelle est leur condition, mais si un cavalier réagit mal, nous pouvons lui prévoir des séances d’entraînement spécifique dans la chambre ici à Louvain-la-Neuve. Même chose pour les chevaux à Liège », poursuivait Wendy Laeremans. « Le but de cette initiative est que nos cavaliers se rendent compte de ce qu’ils vont découvrir cet été. Nous préférons que la panique se passe ici plutôt qu’à leur arrivée à Tokyo. Et puis, ils auront encore entre sept et neuf jours sur place pour s’adapter avant le début de la compétition. »

Christian Simonart

Co-fondateur de Cheval-in, Christian est depuis toujours passionné par le cheval et son univers. Cavalier amateur depuis sa plus tendre enfance, fan de découvertes chevalines en tout genre et grand partisan de l'utilisation (respectueuse) du cheval dans nos villes comme dans nos campagnes, il est journaliste équestre depuis près de vingt ans.