Quel matériau choisir pour son mors ?

Inox, caoutchouc, alliage de cuivre, synthétique, résine… Les mors se déclinent aujourd’hui en de très nombreux matériaux, si bien que le choix peut virer au casse-tête ! Il n’existe hélas pas de recette miracle, mais ces quelques conseils de Géraldine Vandevenne, spécialiste en adaptation de l’harnachement, vous permettront de vous orienter tout en prenant en compte le bien-être de votre cheval.

mors
© Christophe Bortels

En quelques années, les rayons mors des selleries se sont largement étoffés. Pas seulement à cause de l’apparition de nouveaux modèles, mais aussi parce qu’il existe désormais un éventail bien plus grand de matériaux dans lesquels ils se déclinent. Selon Géraldine Vandevenne, bitfitter, on peut se réjouir de cette évolution car « le marché permet de mieux couvrir les besoins de chaque cheval. Il est également intéressant d’avoir un choix plus large de matériaux, car d’un côté les chevaux ont tendance à être de plus en plus sensibles, et de l’autre les cavaliers font plus attention au bien-être. »

L’inconvénient de cette vaste offre est qu’elle donne l’embarras du choix aux cavaliers, voire crée une certaine confusion car plusieurs marques développent leurs propres alliages ou matériaux auxquels elles donnent des noms spécifiques. Mieux vaut donc se renseigner un peu avant d’investir, d’autant que certains mors peuvent être onéreux.

Quelle importance pour le matériau du mors ?

Avant de se demander quel matériau choisir pour son mors, il faut d’abord connaître quel est son impact. « Le choix de la matière viendra seulement après d’autres caractéristiques auxquelles le cheval va réagir davantage, comme la forme du mors, sa largeur, le type des anneaux, etc », précise Géraldine Vandevenne. « Bref, il faut d’abord trouver le bon modèle avant d’essayer différents matériaux. On pense parfois qu’une telle matière permet au cheval d’être décontracté et de saliver, mais cette attitude provient davantage d’un mors adapté que d’une matière en particulier. »

mors
Avant d’explorer les matériaux, il est important d’avoir trouvé le modèle de mors qui convient à son cheval (© Christophe Bortels)

Le matériau du mors a cependant toute son importance, notamment parce qu’il conditionne plusieurs caractéristiques auxquelles le cheval peut réagir :

  • L’oxydation : certaines matières comme le sweet iron et le blue steel ont la particularité de s’oxyder légèrement à l’utilisation, ce qui créée un « goût » auxquels certains chevaux sont sensibles, et d’autres pas. « C’est très variable d’un équidé à l’autre », observe Géraldine Vandevenne. « Certains réagissent de manière significative, aussi bien positivement que négativement, et d’autres y sont moins sensibles. » Pour les chevaux qui ne supportent pas ce goût, il existe des métaux qui ne s’oxydent pas comme l’inox, le titane,…  Par ailleurs, il faut savoir que le cuivre pur crée une oxydation qui est toxique. C’est pour cette raison que les fabricants utilisent plutôt ce matériau en combinaison avec d’autres afin de créer des alliages qui s’oxydent peu.
  • Le poids : comme pour le goût, certains chevaux seront plus ou moins réactifs au poids du mors. « Si l’on veut quelque chose de léger, on se tournera plutôt vers le titane ou des modèles creux », souligne Géraldine Vandevenne. « Les mors pleins seront quant à eux généralement plus lourds, surtout lorsqu’ils sont en métal. On évitera surtout de les utiliser pour les brides par exemple, car mettre deux mors plutôt pesants dans la bouche peut poser des problèmes, en particulier chez les chevaux fins et sensibles. »
  • L’aspect thermique : lors de températures basses, certains mors comme ceux en métal auront tendance à devenir particulièrement froids, alors que des matériaux synthétiques ou du titane se maintiendront à une température plus confortable. « Certains chevaux n’apprécient pas le contact d’un mors froid et peuvent aller jusqu’à le refuser », observe Géraldine Vandevenne. « Il n’est cependant pas toujours nécessaire de changer de matériau car plusieurs d’entre eux retrouvent une température agréable – même en hiver – après un peu de friction ou un passage sous l’eau tiède. »

Comment choisir ?

Comme on vient de le voir, les chevaux ont un rapport très variable aux divers matériaux de mors. Ils peuvent non seulement y être plus ou moins sensibles, mais ils peuvent également avoir des préférences très différentes. Par conséquent, il n’existe pas un matériau supérieur aux autres ou plus recommandable : le meilleur sera tout simplement celui qui plait le plus au cheval !

Pour trouver la matière qui convient à son cheval, le plus sûr est d’essayer différents matériaux. « L’idéal est évidemment de pouvoir tester exactement le même modèle dans différentes matières, mais ce n’est pas toujours possible car, même si le marché est vaste, tous les types de mors ne sont pas forcément déclinés dans plusieurs matériaux », explique Géraldine Vandevenne.

Il faut donc parfois composer avec ces contraintes mais, quoi qu’il en soit, la bitfitter recommande de faire des essais sous la selle. « Parfois les chevaux recrachent le mors dès qu’on le place dans la bouche, et ça ne vaut pas la peine d’aller plus loin. Sinon, les tests sous la selle sont souvent parlants, même si certains chevaux sont moins clairs que d’autres. En général le cavalier sentira quand même une différence : si le cheval ne se sent pas bien avec le mors, il aura tendance à chipoter, à tirer ou encore à avoir un mauvais contact. Il peut aussi arriver que tout se passe bien avec le nouveau mors pendant quelques semaines ou un mois, puis que les choses se dégradent. Dans ce cas, on peut remettre l’embouchure en question, mais il faut garder à l’esprit qu’un mors ne fait pas tout. Des difficultés ou gênes peuvent aussi survenir à cause du bridon, de la selle, du cavalier, du cheval,… »

mors
Le cheval peut déjà réagir lors de la mise en place du mors, mais il est préférable de l’essayer au travail (© Christophe Bortels)

Les recherches et essais pour trouver le bon matériau peuvent prendre un peu de temps, mais il n’est heureusement pas nécessaire d’acheter différents mors. Il existe en effet des solutions moins onéreuses comme une consultation avec un bitfitter, lequel pourra à la fois mettre des mors à disposition du cavalier et conseiller celui-ci.  Il faut également savoir que diverses selleries ou marques proposent des mors à l’essai ou à la location.

Si vous souhaitez essayer un mors en cuir, sachez toutefois qu’il est déconseillé d’utiliser une même embouchure pour différents chevaux. Cela s’explique par des raisons d’hygiène, mais aussi parce que le cuir a tendance à prendre la forme de la bouche dans laquelle il est utilisé.  

Quid de la durabilité des différents mors ? 

Le choix du matériau de mors sera avant tout dicté par les préférences du cheval, mais le cavalier doit garder à l’esprit que toutes les matières n’ont pas la même durabilité ou la même résistance.

Les matières synthétiques ont par exemple tendance à se dégrader plus vite, surtout si le cheval machouille son mors. Il en va de même pour la résine, sur laquelle les morsures peuvent créer des échardes, ou encore pour le caoutchouc, qui peut créer des frottements voire des brûlures dans la bouche s’il est abîmé et/ou si le cheval ne salive pas assez. Les mors en matières métalliques sont quant à eux plus durables, mais n’échappent pas à l’usure, à l’apparition d’aspérités ou encore à l’affinement des canons.

mors
Un rinçage après chaque utilisation aide à prolonger la durée de vie du mors (© Christophe Bortels)

En bref, tous les mors ont une durée de vie certes variable, mais limitée. Leur longévité dépend notamment du matériau, de la fréquence d’utilisation mais aussi de l’entretien. Un mors doit en effet être rincé à l’eau après chaque utilisation, voire nettoyé avec une brosse à dent pour éliminer les résidus collés ou l’oxydation excessive. « Il n’est pas nécessaire d’utiliser des produits, au risque de laisser un goût sur le mors qui pourrait provoquer une réaction chez le cheval », précise Géraldine Vandevenne.

Il est aussi recommandé de stocker son mors dans un endroit sec, l’humidité étant néfaste aussi bien pour l’embouchure que pour le bridon ou la bride. Ces précautions permettront de garder son matériel en bon état plus longtemps. Il reste cependant nécessaire de surveiller son mors régulièrement, et de remplacer celui-ci dès que sa surface commence à être abimée ou irrégulière. Un mors trop usé peut en effet créer de l’inconfort chez le cheval, voire des blessures.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !