Xavier Anciaux, le maraîcher devenu meneur

Originaire de Loupoigne, dans le Brabant wallon, Xavier Anciaux (53 ans) s’épanouit aujourd’hui du côté de Fernelmont, dans le Namurois, à travers le maraîchage et la traction chevaline. Administrateur délégué de la COOF, une coopérative citoyenne de « mangeurs biopositifs », il s’est mis au service de la biodiversité avec le soutien du cheval. Rencontre avec un meneur engagé.

Les Jardins d'Oo
© Christian Simonart/Cheval-in

Bien que fils d’agriculteur, rien ne destinait Xavier Anciaux au maraîchage et à la traction chevaline. Délégué commercial dans l’industrie durant dix ans, il a ensuite créé l’asbl Plain-Pied, un bureau d’études spécialisé en accessibilité et mobilité des piétons dans lequel il s’est investi durant quinze ans. En 2013, il croise la route de Billy, un grand Brabançon d’1m70 pour 900 kg avec qui il découvre le débardage. Le déclic s’opère. C’est le début d’une nouvelle aventure !

« J’ai acheté Billy et j’ai ensuite commencé à cultiver un morceau de terrain loué par le CPAS de Fernelmont« , raconte Xavier. « Comme le terrain était assez petit (30 ares), cela me laissait le temps de réaliser d’autres travaux avec Billy, notamment dans les réserves naturelles. » En huit ans, le maraîchage individuel s’est transformé en une coopérative citoyenne (la COOF). Et la parcelle de 30 ares en terrain de 3,2 hectares à travailler avec le cheval. « A terme, nous voudrions développer des machines à associer au cheval et qui conviendraient au maraîchage bio intensif. Ces machines n’existent pas actuellement. »

Xavier Anciaux
© Christian Simonart/Cheval-in

La peur du cheval

Pour Xavier, cette réorientation professionnelle s’assimile à un changement de vie et d’engagement. « J’ai décidé d’être bio-positif », explique-t-il. « Je veux que tous mes actes soient positifs pour l’environnement. J’ai décidé de me mettre au service de la biodiversité. Je le fais avec le cheval. Et cela me procure de la joie. » Pourtant, la cohabitation avec le cheval était loin d’être une évidence pour le Namurois d’adoption: « Avant de rencontrer Billy, je ne serais jamais entré dans une prairie où se trouvaient des chevaux. Je n’étais pas du tout à l’aise avec eux. »

« C’est en consultant des vieux Larousse illustré du début des années 1900 que j’ai vu comment régler une charrue. »

Xavier Anciaux

Mais en utilisant la traction chevaline, Xavier ne fait finalement que perpétuer une vieille activité familiale… « Mon grand-père travaillait dans les champs avec des chevaux. Le travail, les concours d’élevage, les médailles,… il me racontait tout et cela me passionnait ! Cela faisait partie de mon imaginaire de gamin. » C’est aussi indirectement grâce à son grand-père que le maraîcher a perfectionné ses maigres connaissances de départ. « Quand j’ai débuté mon activité, je ne connaissais personne qui travaillait avec un cheval de trait. C’est finalement en consultant des vieux Larousse illustré du début des années 1900 qui m’avaient été offerts par mon grand-père que j’ai vu comment régler une charrue ! Il y a une énorme perte de savoir à ce niveau. »

De Billy à Gino

Pour ses travaux en maraîchage et d’entretien, Xavier Anciaux a pu compter sur Billy, le Brabançon, Léon, un croisé Haflinger-Ardennais, et sur Eva, une petite Brabançonne. Depuis 2020, c’est avec Gino qu’il poursuit ses activités. « Gino a 5 ans. C’est un Ardennais. Un petit modèle d’1m55 pour quand même 700 kg. Il est ici depuis deux ans et a commencé le boulot gentiment l’année dernière », poursuit le meneur.

« Gino est bien dans sa tête. C’est obligatoire pour supporter toutes les activités différentes qu’on lui présente. Le maraîchage, la tonte, l’entretien des réserves naturelles, le ramassage des sapins de Noël,… on lui demande parfois de rester à l’arrêt durant une à deux heures. Ce n’est pas évident. C’est aussi la raison pour laquelle nous ne prévoyons que deux ou trois jours de travail par semaine pour lui. Et durant la mauvaise saison, nous réduisons la charge de travail. Pour lui comme pour moi. »

Gino aux Jardins d'Oo
© Christian Simonart/Cheval-in

La promotion de la traction chevaline

Convaincu du rôle important que le cheval sera appelé à jouer à l’avenir dans notre société, Xavier Anciaux est l’un des membres fondateurs du groupe « Meneurs », qui rassemble une dizaine de membres et qui a pour objectif la promotion de la traction chevaline. « Le cheval représente une solution écologique. Il n’abîme pas les sols, ne fait pas de bruit, ne perd pas d’huile et passe partout. »

Le groupe « Meneurs » a notamment aidé au lancement de la coopérative Hyppy qui a pour but le développement de la traction chevaline sur Bruxelles. « Nous avons aussi pour mission de mettre en place une formation de maraîchage en traction chevaline à l’initiative de René Collin, l’ancien ministre wallon de l’agriculture. » Histoire d’assurer le développement de l’activité et préparer la relève mais aussi l’avenir qui est toujours au centre des préoccupations. « La traction chevaline, oui, mais pas de manière archaïque. Il faut au contraire adapter le cheval à la modernité pour lui apporter du confort et de l’efficacité. Comme c’est le cas en débardage, la combinaison du cheval et de la machine apporte de la productivité. »

© Christian Simonart/Cheval-in

Pour conclure ce reportage, nous vous invitons à une immersion en vidéo aux Jardins d’Oo, à Fernelmont, en compagnie de Xavier Anciaux et Gino :

Christian Simonart

Co-fondateur de Cheval-in, Christian est depuis toujours passionné par le cheval et son univers. Cavalier amateur depuis sa plus tendre enfance, fan de découvertes chevalines en tout genre et grand partisan de l'utilisation (respectueuse) du cheval dans nos villes comme dans nos campagnes, il est journaliste équestre depuis près de vingt ans.