Franchir les directionnels pas à pas

Bien qu’ils soient spécifiques au cross, les obstacles directionnels sont intéressants à travailler dans d’autres disciplines, notamment pour améliorer le contrôle du cheval et les tracés. Virginie Caulier, cavalière internationale et coach, nous explique comment progresser en toute confiance sur ces sauts étroits.

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© Christophe Bortels

On appelle généralement directionnels les obstacles étroits et ouverts qu’on retrouve en cross : pointe, triple brosse, haie de biais, cylindre… Ils sont particulièrement difficiles à franchir pour plusieurs raisons :

  • à l’approche de l’obstacle, celui-ci disparaît du champ de vision du cheval en raison de son étroitesse. Cela signifie que le cheval doit se fier à son cavalier et avoir confiance en lui. Par ailleurs, le cavalier devra être d’autant plus attentif à ses distances afin de ne pas mettre sa monture en difficulté.
  • l’étroitesse des directionnels ou leur franchissement en biais laissent peu de droit à l’erreur lors de l’abord et impliquent davantage de précision et de contrôle de la part du cavalier. C’est notamment pourquoi les chevaux ont plus souvent tendance à dérober sur ce genre de saut.

En général, la difficulté des directionnels est proportionnelle à celle de l’épreuve. Il ne faut toutefois pas attendre un concours pour montrer ce genre d’obstacle à son cheval ! Même sans terrain de cross, il est en effet possible de se préparer à la maison et cet exercice peut aussi être bénéfique pour améliorer le contrôle des chevaux d’obstacles.

Dispositif pour apprendre les directionnels

Il est important d’apprendre assez tôt aux chevaux à franchir les directionnels, mais pas dans n’importe quelles conditions. En général, on commencera le travail en piste pour profiter d’un terrain plat et encadré dans lequel on aura plus facile à maîtriser son cheval. Une fois cela acquis, on pourra ensuite passer sur le terrain de cross.

« Je conseille aussi de débuter avec des barres amovibles pour la sécurité et la confiance du cheval comme du cavalier », explique Virginie Caulier. « Au départ on choisira un obstacle moins large que d’habitude, mais pas trop étroit non plus. »

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Au départ, on encadrera l’obstacle par des barres au sol (© Christophe Bortels)

Le dispositif que la cavalière utilise pour apprendre à franchir les directionnels est simple :

  • un obstacle étroit monté à l’aide de petits chandeliers afin de reproduire l’aspect « ouvert » des directionnels. On peut faire varier la largeur de l’obstacle avec différentes barres, notamment en réutilisant et recyclant des morceaux cassés.
  • deux barres normales placées en « oreilles » autour de l’obstacle (au sol ou contre les chandeliers) afin de former une sorte d’entonnoir qui encadre et guide le cheval.

Progression dans l’apprentissage

Les premiers franchissements du dispositif se feront au trot, et sur un obstacle bas et pas trop étroit par rapport aux habitudes du cheval.

Ensuite, on pourra compliquer l’exercice en ajoutant une difficulté à la fois. Par exemple :

  • l’abord au galop
  • un obstacle plus étroit
  • une hauteur plus élevée
  • l’enlèvement des oreilles

Une fois que le cheval a bien compris le principe des directionnels sur un obstacle mobile non encadré, on peut ensuite passer sur des obstacles fixes en piste, puis sur le terrain de cross. En piste, on peut par exemple utiliser des tonneaux en commençant par un seul couché pour obtenir un obstacle bas et étroit. Ensuite, on pourra le relever pour augmenter la hauteur tout en réduisant le front de l’obstacle. On peut aussi mettre deux tonneaux côte à côte ou surmonter celui-ci d’une barre pour ne pas diminuer trop drastiquement la largeur en une fois.

Bien sûr, il est contre-productif de vouloir augmenter la complexité de l’exercice tant que le cheval n’a pas compris et n’est pas en confiance. « Le travail doit être constructif et se terminer sur une note positive », souligne Virginie Caulier. « Il ne faut pas vouloir tout acquérir en une séance, cela peut prendre du temps. Et même si le cheval apprend vite, il est nécessaire de retravailler pour s’assurer que l’exercice est bien acquis. »

Réagir face aux problèmes

Comme expliqué précédemment, les directionnels causent le plus souvent des dérobades. Pour les éviter, il faut être attentif à la rectitude à l’abord et éviter de laisser le cheval dévier de sa trajectoire.

« Si le cheval dérobe quand même, il faut l’arrêter le plus tôt possible et venir lui montrer calmement l’obstacle avant de le sauter à nouveau », recommande Virginie Caulier. « En fonction du côté où le cheval à tendance à dérober, on sortira du dispositif dans le côté opposé pour ne pas qu’il assimile sa dérobade à une issue possible. Dans un premier temps, on peut aussi envisager de revenir sur l’obstacle au trot afin de mieux garder le contrôle. »

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !