Quella Langonnaise s’en est allée

Retirée du sport à 10 ans, Quella Langonnaise n’a pas eu l’occasion de se construire une carrière à la hauteur de son potentiel. Elle a en revanche eu le temps de marquer celle de Lara de Liedekerke-Meier avec laquelle elle a participé aux concours 5 étoiles de Pau et de Luhmühlen. Retour sur le parcours d’une jument d’exception qui n’a pas été épargnée par la malchance et qui s’en est allée à 17 ans.

Quella Langonnaise
©Christophe Bortels

C’est en France, chez Robert Grasset, que Quella Langonnaise (Iolisco de Quinhon x Ouragan du Don) a vu le jour le 16 mars 2004. Montée par le cavalier français Mathieu Lemoine durant ses premières années, elle a séduit Lara de Liedekerke-Meier et sa maman en 2010 lors d’une épreuve internationale jeunes chevaux organisée à Arville. « Sa propriétaire espérait la voir courir le Lion d’Angers en fin de saison et ne souhaitait donc pas s’en séparer directement », se souvient Lara.

La relève de Nooney

Une faute à Pompadour et un statut de réserviste pour le Mondial du Lion ont toutefois changé la donne. Quella a alors emménagé chez notre compatriote où elle était destinée à prendre la relève de Nooney Blue qui arrivait en fin de carrière. « J’ai mis du temps à m’habituer à Quella et à sa taille », se souvient Lara. « Elle mesurait 1m76, alors que Nooney ne faisait qu’1m61. Ce n’était pas le même calibre. »

Quella Langonnaise
Quella Langonnaise et Lara de Liedekerke en 2012 (©Christophe Bortels)

En 2011, le couple se qualifiait pour le Lion d’Angers et poursuivait ensuite une progression quasiment linéaire qui l’amenait à disputer un premier concours 5 étoiles (ex-4 étoiles) à Pau en octobre 2013 et un deuxième à Luhmühlen en juin 2014 avec une dixième place à la clé. « Mark Phillips (Ndlr : alors entraîneur de l’équipe belge de concours complet) voulait que je la monte, elle, lors des Jeux mondiaux de Normandie mais j’ai opté pour Ducati que je connaissais mieux. »

Le drame à Blenheim

En lieu et place, Quella Langonnaise se rendait en septembre à Blenheim où la compétition virait au drame. La ligne d’arrivée du cross était en vue lorsque la jument fut victime d’une fracture du boulet. Devant la gravité de la blessure, l’issue semblait inéluctable. « En Angleterre, les vétérinaires voulaient l’endormir », se remémore Lara qui a décidé d’aller à l’encontre de l’avis général. « On m’avait dit que si Quella se couchait s’en était terminé. Mais elle s’est couchée et est parvenue à se relever toute seule. Il fallait que je fasse le maximum pour la sauver. Lui donner la possibilité de continuer à vivre. »

Quella Langonnaise
Quella Langonnaise en compagnie de Nooney Blue (©Christophe Bortels)

Opérée à Newmarket, la jument est restée deux mois et demi en Grande-Bretagne avant d’être rapatriée en Belgique et suivie à Ternat. « Quella était importante pour moi mais aussi pour Ducati. Le jour de son accident, il parait que Ducati a henni comme jamais à la maison. Et quatre-cinq mois plus tard quand il a revu Quella, lui le cheval calme et introverti était agité comme jamais. Il était tellement heureux ! »

La mère de deux mâles

Retraitée du sport à 10 ans, Quella Langonnaise entamait ensuite une nouvelle carrière à l’élevage au sein des vastes prairies du château d’Arville. La poisse était toutefois tenace. On lui diagnostiquait en effet la maladie de Cushing généralement associée aux vieux chevaux. « Après un premier poulain mort-né, Quella a ensuite donné naissance à deux mâles, Mistral Gagnant d’Arville (2018, Casallco) et Out of d’Arville (2020, Diaron). Elle était très possessive avec ses poulains. C’était une excellente mère », souligne Lara.

En fin de semaine dernière, l’histoire s’est arrêtée brutalement avec un poulinage très compliqué (plus d’un mois avant terme) qui nécessitait une césarienne en clinique. La pouliche lâchait prise. Quella suivait quelques heures plus tard.

Christian Simonart

Co-fondateur de Cheval-in, Christian est depuis toujours passionné par le cheval et son univers. Cavalier amateur depuis sa plus tendre enfance, fan de découvertes chevalines en tout genre et grand partisan de l'utilisation (respectueuse) du cheval dans nos villes comme dans nos campagnes, il est journaliste équestre depuis près de vingt ans.